Lekeux Martial

Culture, Littérature, Eglises

Arlon 19/06/1884, Liège 18/10/1962

« La littérature sur la guerre de 1914 en Belgique commence naturellement par les témoignages, les premiers récits, les croquis sur le vif ». Moine-soldat, Martial Lekeux en est un parfait représentant, dans les récits qu’il livre de son expérience sur le front.

Officier d’artillerie à Liège, après avoir effectué, à Bruxelles, une année de préparation à l’examen d’entrée de l’École royale militaire, Martial Lekeux quitte l’armée pour entrer dans les ordres, chez les Franciscains, en novembre 1911. Alors qu’il étudie la théologie à Turnhout, il reprend volontairement du service armé quand éclate la Grande Guerre. Il est envoyé en mission à la Citadelle de Liège, le 5 août 1914. « Toute l’ardeur de sa foi religieuse passe alors dans sa conviction patriotique » (THIRY).

Assistant à l’agonie de Liège, qu’il raconte dans ses souvenirs de guerre – Le soir tombe... et la bataille fait rage. Mélancolique, je m’installe sur l’escarpe et, accoudé à un canon, je regarde la nuit sanglante. C’est effrayant. Au-delà de la ville [...] tout un côté de l’horizon – un immense demi-cercle de vingt-cinq kilomètres – est embrasé. C’est le pays qui brûle, par villages entiers –, il conduit ses hommes à Anvers. Fait prisonnier en Hollande, il parvient à s’évader, rejoint le front et participe à la bataille de l’Yser, avant d’être placé comme observateur d’artillerie, de décembre 1914 à mai 1916, à Oud-Stuivekenskerke, en poste sur le clocher d’une église en ruine d’où il guettait les lignes ennemies.

La guerre terminée, malade, il rejoint son couvent et se fait ordonner prêtre, le 8 septembre 1920. 

Observateur et acteur, témoin de premier plan, Martial Lekeux consigne ses souvenirs et ses impressions de guerre dans plusieurs ouvrages. Publié en 1922, Mes cloîtres dans la tempête est l’un des plus forts tirages de la littérature de guerre, traduit en plusieurs langues. En 1931, son roman Passeurs d’hommes, le drame de la frontière 1914-1915 marque également les esprits de ses contemporains. Un film en fut tiré, en 1937. Outre ses récits de guerre, Martial Lekeux est l’auteur d’ouvrages à caractère religieux, de biographies et autres livres ascétiques.
Promu major, en 1940, quand il rejoint Londres pour se mettre à la disposition du gouvernement belge, rentré en mai 1945, il achève sa vie au couvent franciscain de Liège.

Une plaque en bronze, accolée à la tour qui lui servit de poste d’observation durant la guerre, à Oud-Stuivekenskerke, rappelle la mémoire de Martial Lekeux. 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, dont La Libre, 20 septembre 2004 (art. de Lily Portugaels)
Lily PORTUGAELS, dans Nouvelle Biographie nationale, t. XII, p. 179-181
Marcel THIRY, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. II, p. 434
Lionel JONKERS, Pour Dieu et la Patrie : R.P. Martial Lekeux (1884-1962), Université de Liège, mémoire inédit en histoire, 2010
http://www.1914-1918.be/soldat_martial_lekeux.php (s.v. mars 2016).

Œuvres principales

Mes cloîtres dans la tempête (1922) 
Maggy (1926)
Le patelin de Notre-Dame (1927) 
Passeurs d’hommes, le drame de la frontière 1914-1915 (1931) 
Sainteté et bonne volonté (1934)
Le bienheureux Luchesio, commerçant et infirmier (1936)
Sainte Françoise Romaine, maîtresse de maison (1936)
Avant le désastre (1936)
Litanies du XXe siècle au Petit Pauvre d’Assise. Bois de J. Hendrickx (1937) 
Matt Talbott, ouvrier (1937)
Sainte Zite, servante (1938)
Chez les franciscains (1943)
Les saints du mariage (1947)
La petite sœur Céline (1949)
Dans la lumière d’Assise (1950)
Le secret de l’apostolat dans la vie de l’abbé Édouard Poppe (1950)
L’Art de prier (1957)
Voie raccourcie de l'amour divin (1959) 
J'ai crié vers Assise (1959)
François, qui es-tu ? L'homme, son message, sa permanence (1962)
La dure montée. Vie héroïque de l’abbé Édouard Poppe (1964)
La Thérèse du Nord : Mère Marie-Dominique, clarisse (1964)
Une apôtre de la contemplation, une contemplative entreprenante : Mère Jeanne Neerinck, fondatrice des pénitentes récollectines, 1576-1648 (1965, éd. posthume)