© Portrait de Pierre Joseph Lemille by Nisen, Félix - Royal Institute for Cultural Heritage

Lemille Pierre-Joseph

Socio-économique, Entreprise

Liège 1811, Liège 21/11/1882

Fabricant d’armes de la ville de Liège, Pierre-Joseph Lemille est l’initiateur de la fondation du musée d’armes à Liège, dans sa propriété, l’ancien hôtel de Hayme de Bomal.

Au XVIIe siècle, Liège se spécialise dans une industrie qui assure sa renommée pendant plusieurs siècles : la fabrication des armes à feu portatives. Dans le courant de la première moitié du XIXe siècle, le nombre de fabricants d’armes ne cesse d’augmenter et les armes liégeoises s’exportent dans le monde entier, faisant de l’armurerie l’une des industries les plus caractéristiques de la cité.

Parmi ces nombreux fabricants d’armes, Pierre-Joseph Lemille a particulièrement bien réussi dans les affaires et était considéré comme l’un des plus grands armuriers de Liège au milieu du XIXe siècle. Attentif à faire progresser sans cesse tant les principes de fabrication que la qualité de ses produits, Lemille s’était surtout préoccupé d’ouvrir de nouveaux débouchés à l’étranger. En cela, il avait parfaitement réussi. Les prix obtenus lors des Expositions universelles contribuèrent aussi à asseoir sa réputation sur le plan international et, dans la foulée, celle des armes wallonnes.

Par testament (en août 1882), il cède à la ville de Liège sa collection d’armes personnelle et l’une de ses propriétés, l’hôtel de Hayme de Bomal (l’ancienne préfecture du département de l’Ourthe, située sur le quai de la Batte, en Féronstrée, à Liège), pour y abriter un musée. Celui-ci ouvre ses portes, le 19 juillet 1885, trois ans après la disparition de Lemille. Parmi les conditions du legs, figure une aide financière à apporter aux hospices, Lemille ayant créé de ses deniers six semi-orphelinats de son vivant, tant à Liège qu’à Chaudfontaine où l’industriel se consacra aussi à l’aide des enfants pauvres. Jusqu’en 1874, Lemille fut administrateur de la Société de secours mutuels des ouvriers armuriers, organisme qu’il avait contribué à créer vers 1850. Membre de l’Association libérale de Liège, il était aussi administrateur d’une SA pour la construction de logements ouvriers.

L’idée d’un Musée d’Armes émane d’une douzaine de fabricants liégeois qui projettent une exposition sur leur production dès 1881, puis la création d’un espace muséal permanent. Dans leur esprit, il s’agit de rassembler présenter les armes à feu portatives du monde entier, à des fins didactiques et commerciales, tant à l’attention des professionnels du métier que du grand public. Joseph Lemille préside la Commission qui mène les discussions avec les autorités locales : celles-ci souhaitaient la création dans un même endroit – la propriété Lemille – d’un « Musée scolaire », d’un Musée d’armes et d’un autre consacré à l’Art industriel. Constitutive du fonds principal du musée, la « collection Lemille » s’enrichit de divers achats et autres donations, et s’élargit progressivement, permettant au musée d’abriter l’une des plus importantes collections d’armes du monde. Le département des armes du Grand Curtius de Liège en est l’héritier.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
La Meuse, 22 novembre 1882, L’Indépendance belge, 21 juillet 1885
https://www.grandcurtius.be/fr/les-collections/armes 
WAW Magazine, Supplément du trimestriel n° 4, Luc Pire, 2009