Lempereur Emile
Culture, Littérature, Militantisme wallon
Châtelet 16/10/1909, Châtelet 10/08/2009
Touche-à-tout-culturel-wallon, le presque centenaire Émile Lempereur a multiplié articles, chroniques, causeries, conférences, débats, concerts, expositions, récitals, cours d’initiation, etc. : la défense de la langue wallonne, de la culture et du folklore était sa passion. Il a été à la fois poète, essayiste (sur la littérature dialectale), écrivain et animateur de la vie artistique et littéraire au pays de Charleroi et au-delà. Créateur des Journées des Écrivains de Wallonie, celui qu’Olympe Gilbart qualifiait, en 1950, de Wallon inoxydable est l’auteur ou l’éditeur d’une soixantaine de livres, tous inspirés par la Wallonie.
Ancré à Châtelet, il a commencé à rayonner à travers toute la Wallonie dès le milieu des années 1930. En effet, lors du 11e congrès de langue et de littérature wallonnes qui se tient à Charleroi en 1933, Émile Lempereur dépose un rapport révolutionnaire sur les sources d’inspiration de la poésie dialectale : il insiste sur le renouvellement des thèmes et la fidélité à la langue. À la suite de ce congrès, il crée l’Action littéraire interprovinciale wallonne, dont les premières manifestations sont des adaptations réciproques de textes wallons et des expositions de livres et de revues. Il est alors considéré comme la tête de file du mouvement pour le renouveau de la littérature wallonne.
Diplômé de l’École normale de l’État à Mons, Émile Lempereur accomplit toute sa carrière d’instituteur communal à Châtelet (1928-1950), puis à l’Athénée de Châtelet (1950-1963). Bibliothécaire diplômé de l’Institut provincial d’Éducation et des Loisirs, il est encore chargé de cours à l’École provinciale de Service social à Châtelineau (1948-1952) et à l’École industrielle de Châtelet (1952-1954). En dehors de son activité professionnelle, il est surtout féru de littérature wallonne et française, d’histoire régionale, de toponymie, d’onomastique, de dialectologie, de folklore, de beaux-arts. Enumérer les revues et journaux, même des quotidiens, auxquels il apporte sa collaboration reviendrait à dresser un inventaire des principaux « titres » de son époque. Le même exercice est impraticable si l’on veut énumérer tous les cercles dont il était membre ou responsable.
Néanmoins, il faut relever qu’il était président de l’Association littéraire wallonne de Charleroi (1950-1987), membre titulaire de la Société de Langue et de Littérature wallonnes (1955) et membre de l’Union wallonne des Écrivains et des Artistes. Conseiller d’art dramatique auprès de l’Institut provincial de l’éducation et des loisirs puis du Centre culturel du Hainaut à partir de 1936, celui qui donne aussi des cours de wallon est encore membre de la Commission ministérielle pour la promotion des dialectes de Wallonie (1976-1986), puis du Conseil des Langues régionales endogènes (1986-1996), membre de comité directeur de l’Union wallonne des associations culturelles à partir de 1968. De 1960 à 1985, il visionne des spectacles dialectaux pour la télévision, et programme des émissions dialectales carolorégiennes pour la RTB-Hainaut.
Proche des mouvements wallons à vocation politique, Émile Lempereur avait été mobilisé en 1939, avait participé à la Campagne des Dix-huit Jours, fait prisonnier sur la Lys et envoyé au Stalag IIC, en Poméranie. Là, il organise un cercle clandestin de conférences auquel il associe des prisonniers français en vue d’une connaissance réciproque. Libéré pour raison de santé en juin 1941, il rentre à Châtelet, où il est recruté par la Wallonie libre clandestine. Refusant les invitations de l’occupant, il sera reconnu résistant par la Presse clandestine du 1er février 1943 au 3 septembre 1944.
En 1976, il est l’un des 143 signataires de la Nouvelle Lettre au roi (29 juin), destinée à dénoncer l’extrême lenteur mise dans l’application de l’article 107 quater de la Constitution ; il plaide ainsi en faveur d’un fédéralisme fondé sur trois Régions : Bruxelles, Flandre et Wallonie.
Sources
Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 974-975
Jean-Luc FAUCONNIER dans Wallonnes, 3/2009, p. 23
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 196-197, 217
La Wallonie à l’aube du XXIe siècle, Namur, Institut Destrée, Institut pour un développement durable, 2005
Distinctions
- Prix du Hainaut de la littérature dialectale 1963 et 1980
- Prix Bouviez-Parvillez de l’Académie de langue et de littérature françaises 2000
Paul Delforge