Libotte Marcel

Culture, Poésie

Liège 24/12/1895, Bayeux (France) 24/03/1916

Assurément, la Wallonie a payé un lourd tribut à la Première Guerre mondiale ; les pertes humaines et les dégâts matériels ont été considérables. Le domaine des arts n’a pas échappé à ce funeste bilan. Des écrivains, des musiciens, des plasticiens, souvent jeunes, ont payé de leur vie leur intrépide volonté de lutter contre l’envahisseur. Aux côtés de Louis Boumal, Georges Antoine, Oscar Thiry, Paul Magnette au destin prometteur, on peut ajouter Marcel Libotte.

Étudiant de l’Athénée de Liège, il vient de réussir son examen d’entrée à l’École des mines (1913) et suit les cours de la faculté des Sciences de l’Université de Liège quand éclate la Première Guerre mondiale. Se portant volontaire, il passe la frontière, le 4 février 1915, et rejoint les rangs de l’armée belge. Incorporé au 2e régiment des chasseurs à pied, il suit une préparation aux centres d’instruction d’Octeville et de Carteret, dans le peloton spécial des candidats officiers. Nommé caporal en décembre 1915, il est envoyé, en février 1916, à l’école de sous-lieutenance de Bayeux. Il n’y reste que peu de temps, emporté par une pleuro-pneumonie, alors qu’il n’a encore que vingt ans.

Auteur de poèmes, le jeune homme avait séduit ses premiers lecteurs par des « écrits de jeunesse [révélant] une précocité étonnante ». Son seul recueil, publié en 1923 à titre posthume, rassemble toutes ses compositions, entre 1911 et 1916. Dans le Bulletin de juillet 1923, de l’Académie de Belgique, Fernand Séverin s’y arrête cependant, observant que « pour son âge, [Libotte était] remarquablement maître de son instrument. (…) Ce livre nous montre en lui un rêveur, un méditatif, un tendre, qui affectionne le crépuscule, l'ombre, le clair de lune, comme répondant le mieux à son état d'âme. (…) S'il eût vécu, peut-être eût-il médité les grands problèmes... ». Mais ce qui frappe le plus le critique, c’est « du peu de place qu'occupe l'amour dans ces vers d'un poète de vingt ans. On s'étonne aussi que la Grande Guerre, à laquelle il prit part, soit mentionnée une seule fois dans la longue série de poèmes qu'il écrivit d'août 1914 à février 1916. C'était, semble-t-il, une âme recueillie, repliée sur elle-même, sachant se suffire parce qu'elle était douée d'une forte vie intérieure... Le cas est singulier. Mais tant d'autres rimeurs, qui parfois étaient de simples « embusqués », nous ont inondés de leur médiocre poésie de guerre, que la discrétion de ce poète-soldat en devient sympathique ».

Sources

Évelyne DE QUATREBARBES, « Marcel Libotte, poète liégeois », dans Si Liège m’était conté, 19e année, n° 71, 1979
http://www.bel-memorial.org/photos/LIBOTTE_Marcel_20376.htm (s.v. avril 2016). 
Fernand SÉVERIN, Bulletin de l’Académie de Langue et de Littérature françaises, Bruxelles, juillet 1923, t. II, n°2, p. 179-180