Logé Jean-Claude

Socio-économique, Entreprise

Bruxelles 30/03/1941

À la tête de la société pendant plus d’un quart de siècle (1984-2011), Jean-Claude Logé a fait de Systemat une société de prestations de services informatiques, qui, au début des années 2000, faisait partie du top 10 européen, et était numéro 1 des services micro-informatiques en Belgique, au grand-duché de Luxembourg et au Portugal. 

Cofondateur de Systemat SA en 1984, avec Pierre Herpain et Bernard Lescot, Jean-Claude Logé a été élu, en 1996, manager de l’année, par les lecteurs de Trends Tendance, reconnaissant ainsi le parcours singulier de cet entrepreneur, davantage commercial qu’organisateur, dont le feeling a permis la success story de Systemat.

Après le collège Saint-Michel de Bruxelles, et des humanités gréco-latines achevées au collège Saint-Servais à Liège, Jean-Claude Logé entreprend des études en Sciences commerciales et financières à l’Université catholique de Louvain (1959-1963). Entré comme cadre commercial dans une entreprise d’import-export (1967), il crée une première société, en 1968, active dans le secteur du courtage d’assurances (Sogeca) ; il la revend au groupe Cobepa (1973) et en lance deux autres (United Brokers, France Secours International Belgium), avant de donner son impulsion à Systemat et de s’orienter dans le secteur de l’informatique.

Déjà attiré par l’informatisation des services, alors phénomène entièrement neuf, il s’était passionné pour ce processus au sein de son cabinet de courtage. Quand IBM décide de commercialiser le révolutionnaire PC, en 1983, Logé pressent la révolution que va provoquer la micro-informatique et entend anticiper l’engouement des petites et moyennes entreprises. Même si, en réalité, ce sont les grosses entreprises qui feront d’abord le succès de la micro-informatique, et non les PME, Jean-Claude Logé obtient le soutien privilégié d’IBM pour la Belgique, revend son portefeuille d’assurances et rachète un petit agent IBM – Systemat – spécialisé dans le software de gestion pour PME. Dès 1984, Logé est ainsi l’un des tout premiers agents officiels de la grosse société américaine. Il en vend les produits, mais, surtout, il organise un service payant de maintenance et d’assistance software qui permet à Systemat de devenir rentable, d’étoffer ses activités, d’étendre sa sphère d’influence, et de s’imposer comme le partenaire informatique privilégié de grosses entreprises en Belgique, au Luxembourg et en Alsace-Lorraine, ainsi que de la Commission européenne.

Dans les années 1980 et 1990, le paysage informatique est en pleine mutation et en pleine croissance. En 1986, le logiciel Popsy voit le jour et est promis à une belle carrière, mais l’ERP Dimasys, destiné aux grosses PME, donne à Systemat une nouvelle dimension. Avec la vente de hardware, Systemat ne cesse de croître, créant des filiales à Anvers (1990), Charleroi (1993), en France et au Portugal (1999). Témoin symbolique du succès de Systemat et surtout de ses besoins croissants de capitaux, la société wallonne entre en bourse en 1997. En 2002, Systemat SA est devenu un groupe comptant plus 1.400 employés ; avec son quartier général à Lasnes et ses ateliers à Jumet, elle travaille à l’exportation dans une trentaine de pays.

Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Charleroi (1998-2002), Jean-Claude Logé contribue à sa fusion avec la CCI du Centre (2002). Président de la Chambre wallonne de Commerce et d’Industrie (1999-2002), J-Cl. Logé regrette les blocages qui freinent la dynamique de près de plusieurs centaines d’entreprises-membres, pointant du doigt les baronnies (qu’elles soient politiques ou industrielles) et le manque de dialogue social, phénomènes qui paralysent l’ensemble de l’économie wallonne. Membre de l’Association des entreprises de Wavre, Jean-Claude Logé s’intéresse de près au « Paysage économique wallon » et, à l’heure du Contrat d’Avenir pour la Wallonie, invite tous les Wallons à partager un véritable projet politique wallon, à lutter contre le sous-régionalisme et à entreprendre une révolution culturelle en matière de formation et d’enseignement. Par ailleurs, au moment où le journal Le Matin se retrouve en liquidation (début 2000), Logé propose un nouveau projet éditorial, celui d’un journal dirigé vers l’économie et qui comblerait l’absence d’un média fort à l’échelle de la Wallonie. Pressenti comme actionnaire (à raison de 6% du capital total) d’une nouvelle société d’édition (avec Presse-Alliance, la SPE, la Société d'industrialisation du bassin liégeois, la Sodie (filiale d'Usinor), la Société d'impression et d'édition des métallos FGTB de Liège, ainsi que Radio-Contact et la Région wallonne), Logé renonce finalement à se lancer dans une aventure dont il ne partage pas toutes les finalités. Par ailleurs, il poursuit le projet E-Capital, un « networking » lancé en septembre 1999, avec d’autres patrons wallons (Pierre Lhoest, Pierre Mottet, etc.), et destiné à créer un fonds de capital à risque investissant dans des sociétés de croissance, de préférence en Wallonie.

Alors que Systemat a réussi une série d’importantes acquisitions (1998 et 1999) et rêve d’acquérir une dimension européenne, les effets de la bulle informatique (surtout en 2000 et en 2002-2003) ont des conséquences majeures sur ses activités ; en dépit d’importants contrats (par ex. l’informatisation de toute la gendarmerie française), la société est contrainte de se restructurer, en se séparant de nombreux collaborateurs et en spécialisant davantage ses activités : Systemat Business Services fonctionne avec des spécialistes pointus pour les grands comptes et Systemat Global Solution avec des généralistes pour les PME (juillet 2003). Privée de la vente du matériel informatique par les grands groupes qui recourent à la vente en ligne (principalement HP), Systemat doit encore revoir profondément sa stratégie : en 2005, elle réduit sa voilure, se sépare de ses filiales européennes et se recentre sur ses activités belgo-luxembourgeoises, ainsi que sur les PME. En 2007, le groupe informatique de Jean-Claude Logé retrouve des couleurs, notamment grâce à un important contrat avec la Commission européenne et la Région wallonne (projet Cyberclasse). En 2010, Softimat SA reprend les activités infrastructures et Systemat SA réoriente résolument sa stratégie vers les activités software au moment où Jean-Claude Logé, figure emblématique du groupe, cède la majeure partie de ses parts (il détenait un peu plus de 10%) dans Systemat à ses cadres et à un groupe d’investisseurs luxembourgeois. Le duo managérial Pierre Focant-Vincent Schaller, soutenu ensuite par Pascal Leurquin, prend alors le relais de cette société qui compte encore plus de 400 collaborateurs.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, dont Le Soir, 11 janvier 1996, 8 mai 1998, 11 août 1999, 4 décembre 1998, L’Écho, 25 avril 2002, Le Soir 23 septembre 2006, 4 mars 2011
Christine DE BRAY, Envie d’entreprendre ? Déclics : inspirez-vous de l’expérience de 15 créateurs d’entreprises belges, Liège, Edi.Pro, 2007, p. 66-74