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Mahutte Franz

Culture, Journalisme, Littérature

Mons 04/04/1862, Ixelles 13/12/1927

L’œuvre et le parcours de Franz Mahutte s’inscrivent dans le mouvement littéraire que connaissent la Wallonie et Bruxelles dans le courant du dernier tiers du XIXe siècle. Dans la capitale, « le renouveau se prépare progressivement de 1870 à 1880, dans d’actives revues littéraires où l’on retrouve la présence agissante de Camille Lemonnier et la volonté de s’inscrire dans la "modernité" ». Parmi ces revues, La Jeune Belgique joue un rôle prépondérant, à laquelle collabore dès les premières années Franz Mahutte. Conteur et romancier, Franz Mahutte adhère au réalisme puis au naturalisme. Son œuvre, largement méconnue, mériterait de retrouver une audience. Le lecteur commencerait par les contes et autres histoires courtes réalistes, publiés entre 1886 et  1893, avant de se saisir de son œuvre majeure, le roman naturaliste Sans horizon, beaucoup plus noir.

Promu docteur en Philosophie et Lettres de l’Université libre de Bruxelles (1881), ce brillant philosophe entame sa carrière dans l’enseignement secondaire, une expérience qu’il relate dans Intérim et L’après-midi d’un pion, deux pièces publiées dans Gens de province, en 1893, et écrite dans la région d’Ath. Avec son ami des bancs de l’université Henri Nizet, aux côtés des frères Destrée, de Célestin Demblon, Francis Nautet et autre Auguste Vierset, Franz Mahutte est l’un des collaborateurs de la revue La Jeune Belgique. Ses Contes microscopiques paraissent en 1886. Derrière des textes en apparence simples, Franz Mahutte renvoie à Zola et Lemonnier, inscrivant ainsi « un réalisme apparemment mièvre et sirupeux sous le signe de la noirceur de Germinal et de Happe-chair » (DE PALACIO). Du réalisme teinté d’humour, il vire au naturalisme dans Sans horizon (1896), et privilégie le laid, le sordide, dans une volonté de « montrer la désespérance des destinées ‘sans horizon’, vouées à l’ennui et à l’échec » (DELSEMME, TROUSSON). Sans horizon restera sa meilleure œuvre.

En 1911, Auguste Vierset consacre un essai à cet écrivain montois qui avait cessé d’écrire des romans pour se consacrer exclusivement au métier de journaliste, et distiller son ironie mordante et son humour – parfois facile – dans les pages des quotidiens de tendance libérale. C’est principalement à Bruxelles qu’il fait carrière et livre ses traits les plus tonitruants. Se plaisant à concocter des néologismes, il décrit volontiers et avec finesse la vie bruxelloise. Chroniqueur au journal L’Indépendance (années 1880-1890), au Petit Bleu, à La Meuse (1901), puis au Patriote (1902) notamment, Mahutte alimente aussi La Belgique artistique et littéraire, d’articles, mais surtout de croquis, voire de caricatures où il observe ses contemporains avec humour et ironie. S’il décrit ce qu’il aime, Mahutte aime surtout parler de ce qu’il hait... À diverses reprises, cette bonne plume wallonne de Bruxelles rassemble plusieurs de ses bonnes pages et les publie sous forme de livres : Caprice des heures (1898), Feuilles au vent (1905), Pages versicolores (1910), Quelques histoires (1912).

Par ailleurs, celui qui est membre de la section bruxelloise de l’Association générale de la presse belge et membre de la Société des Gens de Lettres de Paris (1896), étudie aussi la littérature et donne des conférences sur le sujet, en Wallonie, à Bruxelles comme à l’étranger. Ainsi par exemple, observe-t-il comment le thème de la femme est abordé en littérature (« La femme belge dans nos lettres »), non sans se priver d’émettre des considérations sur ce qui distingue, à ses yeux, les femmes wallonnes des femmes flamandes (1911).

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Journal de Bruxelles, 20 juillet 1905 ; 13 mars 1911 ; Le Vingtième Siècle, 6 août 1898 ; La Nation belge, 18 décembre 1927
Joseph HANSE, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres. Arts. Culture, t. II, p. 393
Paul GORCEIX (éd.), La Belgique fin de siècle : Eeckhoud, Lemonnier, Materlinck, Rodenbach, Van Lerberghe et Verhaeren, Éditions Complexe, 1997, p. 139 ; 209 ; 213
Jean DE PALACIO, Le silence du texte : poétique de la décadence, Peeters, Louvain-Paris-Dudley, 2003, p. 114-115
Hervé PAUWELS, Franz Mahutte, Bruxelles, 1963, coll. Mémoire
Paul DELSEMME et Raymond TROUSSON, Le naturalisme et les lettres françaises de Belgique, Revue de l’Université libre de Bruxelles, 1984/4-5, Bruxelles, Université libre de Bruxelles, 1984, p. 18-19, en ligne sur http://digistore.bib.ulb.ac.be/2011/DL2503255_1984_4_5_000.pdf 
Robert FRICKX, Raymond TROUSSON, Lettres françaises de Belgique. Dictionnaire des œuvres, t. 1 : Le roman, Paris-Gembloux, Duculot, 1988, p. 453
Bulletin de l’Académie de Langue et de Littérature françaises de Belgique, t. XVII, juillet 1938, p. 6, en ligne sur http://www.arllfb.be/bulletin/bulletinsnumerises/bulletin_1938_xvii_01.pdf
https://maisondelapoesie.be/poetes-list/mahutte-franz/ 

Œuvres principales

Contes microscopiques, contes (1886)
Bruxelles vivant, contes (1891)
Gens de province, contes (1893)
Sans horizon, roman (1896)
Caprice des heures (1898)
Feuilles au vent (1905)
Pages versicolores (1910)
Quelques histoires (1912)