Malinconi Nicole

Culture, Littérature

Neffe 20/03/1946

Expression de la sensibilité, affirmation du moi, exploitation de la mémoire, ces thèmes sont autant de signes révélateurs d’un nouveau mouvement, perceptible dans les lettres wallonnes et dans d’autres formes d’art, à partir des années 1960, dans lequel « l’apport italien […] est loin d’être négligeable ». En témoigne Nicole Malinconi, qui puise dans le quotidien et l’ordinaire les sujets de ses ouvrages. Textes brefs et courts récits inspirés de sa vie et de ses propres expériences forment l’essentiel de son œuvre qu’elle veut « écriture du réel ». 

Nicole Malinconi a passé une partie de son enfance en Toscane où son père, Italien d’origine, tenta de lancer une petite fabrique de chaussures. L’absence de résultats signa le retour de la famille Malinconi en Wallonie (1958), où la jeune fille accomplit ses études secondaires. Assistante sociale itinérante (1967), elle circule dans les villages ardennais, avant de travailler à la Maison de la Culture de Namur, puis d’intégrer, en 1979, le service de Willy Peers, à la Maternité provinciale de Namur. Ce gynécologue fut projeté bien malgré lui sur le devant de la scène médiatique et judiciaire pour avoir pratiqué des centaines d’avortements, à une époque où l’interruption volontaire de grossesse est encore illégale. Accueillant des femmes désirant avorter, Nicole Malinconi puise dans cette expérience la matière de son premier ouvrage, Hôpital silence, publié en 1985 : elle a alors perdu son travail ; son livre est salué par l’auteure Marguerite Duras, qui lui a donné le goût de l’écriture.

C’est la première d’une longue série de publications, d’inspiration autobiographique – notamment une trilogie familiale – Nous deux (1993), Da Solo (1997) et À l’étranger (2003) –, des « histoires ordinaires de gens ordinaires », ainsi que des textes courts – Rien ou presque (1997), Jardin public (2001), etc. –, qu’elle accompagne parfois de dessins, lithographies, illustrations… Adaptée au théâtre, son œuvre trouve également matière dans les faits divers et autres tragédies contemporaines ou historiques.

Collaboratrice de la maison de la Poésie puis du Musée Félicien Rops de Namur, auteure discrète, Nicole Malinconi est l’une des septante signataires de la tribune, publiée dans La Libre Belgique, en avril 2015, pour protester contre la pratique de la tabelle.

Lauréate du Prix Rossel pour Hôpital silence (1985) puis pour Nous deux (1993), Nicole Malinconi reçut également le Prix Lucien Malpertuis de l’Académie de Langue et de Littérature françaises et le Prix triennal de Tournai pour Rien ou presque (1997). 

Sources

Nicole MALINCONI, Hôpital silence, Bruxelles, Luc Pire, 2008, p. 221-223 (Espace Nord, n° 110)
Michel ZUMKIR, Nicole Malinconi. L’écriture au risque de la perte, Avin, Luce Wilquin, 2005
Jean-Marie KLINKENBERG, dans Bruno DEMOULIN (dir.), Histoire culturelle de la Wallonie, Bruxelles, Fonds Mercator, 2012, p. 170
Guillaume BELLON et Michel ZUMKIR, « Écrire, quelque chose d’une faille, d’un non-dit, d’un non-vouloir dire, entretien avec Nicole Malinconi », dans Recto Verso, n° 3, juin 2008
Jean-Pol HIERNAUX, « Une grande écrivaine de Wallonie : Nicole Malinconi », dans Toudi, avril-mai 1995, en ligne sur 
http://www.rtbf.be/tv/emission/detail_noms-de-dieux/actualites/article_noms-de-dieux-nicole-malinconi-bonus?id=7878651&emissionId=89
https://le-carnet-et-les-instants.net/2015/03/27/malinconi-un-grand-amour/
https://le-carnet-et-les-instants.net/2015/06/24/lebrun-zumkir-alterite-dans-la-langue/
https://le-carnet-et-les-instants.net/2015/04/14/70-auteurs-contre-la-tabelle/ (s.v. avril 2016)

Œuvres principales

Hôpital silence, roman (1985)
L’attente, roman (1989) 
Traces, sur des dessins de Christine Nicaise, plaquette (1990)
Nous deux, roman (1993)
Da solo, roman (1997)
Rien ou presque, recueil de textes courts (1997)
Sottovoce, sur des lithographies de Gabriel Belgeonne, plaquette (2001)
Jardin public, recueil de textes courts (2001)
Portraits, recueil de textes courts (2002)
Détours à Grignan, recueil de textes courts (2002)
À l’étranger, roman (2003)
Les oiseaux de Messiaen, sur dessins de Mélanie Berger, plaquette (2005)
Petit abécédaire de mots détournés, réflexion(2006)
La porte de Cézanne, avec le peintre Jean-Gilles Badaire, plaquette (2006)
Les intérieurs, sur des lithographies de Patrick Devreux, plaquette (2006)
Au bureau, roman (2007)
Vous vous appelez Michelle Martin (2008)
Sous le piano, illustrations de Patrick Devreux, plaquette (2009)
Si ce n’est plus un homme, roman (2010)
Ce que l’œil ne voit pas, catalogue (2011)
Elles quatre. Une adoption, illustrations d’Evelyn Gerbaud, plaquette (2012)
Séparation, recueil de textes courts (2012)
L’altérité est dans la langue. Psychanalyse et écriture, dialogues avec Jean-Pierre Lebrun (2015)
Un grand amour, roman (2015)