Martin Nicolas

Politique, Député wallon

Mons 08/10/1976

Député wallon : 2014-2019

De 1830 à 1952, la ville de Mons n’a connu que des bourgmestres libéraux. En succédant à Victor Maistriau, Léo Collard inaugure une nouvelle série de bourgmestres qui seront désormais tous issus du parti socialiste. Après les années Collard (1953-1974) et les années Abel Dubois (1974-1988), Maurice Lafosse dirige la cité du Doudou (1989-2000), avant de laisser les clés de l’hôtel de ville à son rival Elio Di Rupo (2001-2018), conformément à un accord interne et aux statuts du parti sur la limite d’âge. C’est précisément en 2000 que Nicolas Martin croise la route du PS montois. 

Jeune diplômé en Sciences politiques aux Facultés universitaires catholiques de Mons (FUCaM, 1999), Nicolas Martin consacre son mémoire de fin d’études à L’identité wallonne après un siècle de Mouvement wallon ; durant ses études, il fait partie des fondateurs, avec une dizaine de jeunes étudiants et travailleurs de la région montoise, du CAPS, Club d’Action et de Promotion socio-économique, dont il est le porte-parole : l’objectif du CAPS est de former « une structure fédératrice pour relancer l’économie de la région », qui s’inscrive dans la dynamique du Contrat d’Avenir pour la Wallonie, ainsi que dans le phasing out de l’Objectif 1. à cette époque, Nicolas Martin milite au sein du FDF : en 1994, à peine âgé de 18 ans, il a été candidat aux élections communales à Mons sur une liste « Jeunes » qu’il a constituée et qui rassemble près de 1.700 voix ; il devient ensuite le secrétaire général puis le président « national » des Jeunes FDF. En 2000, ce jeune Hyonnais accepte d’être candidat d’ouverture sur la liste du PS montois emmené par Elio Di Rupo ; il y occupe la 19e place, non sans susciter quelques réactions critiques dans les rangs des Jeunes Socialistes montois. Pourtant, depuis novembre 1999, Nicolas Martin peut se prévaloir d’autres références, puisqu’il travaille sur le dossier Objectif I – Hainaut, au sein du Cabinet du ministre-président du Gouvernement wallon. Et quand Elio Di Rupo abandonne la présidence du gouvernement Arc-en-Ciel à Jean-Claude Van Cauwenberghe (avril 2000), Nicolas Martin reste en charge des dossiers européens, devient chef de Cabinet adjoint (2003), puis chef de Cabinet du ministre-président, après le scrutin régional du 13 juin 2004, en charge des questions économiques et européennes. De décembre 2006 à août 2007, il est à nouveau expert auprès du ministre-président wallon Elio Di Rupo. Parallèlement, il est secrétaire du Conseil d’administration de l’asbl Centre de Promotion de la Recherche & Développement et de Valorisation des Technologies en Hainaut (CeRDT – 2000-2004).

En octobre 2000, donc, avec 61,35% des voix et 30 conseillers communaux sur 45, le PS montois réalise un véritable raz-de-marée et pourrait se passer d’élargir sa majorité. Après plusieurs années de coalition avec le partenaire catholique, le PS d’Elio Di Rupo se tourne néanmoins vers les libéraux conduits par Richard Miller et débarrassés de J-P. Moerman. Candidat d’ouverture à ces élections communales, Nicolas Martin n’a pas laissé passer sa chance. Avec 900 vp, il a obtenu le droit de siéger au Conseil communal, non sans avoir, au préalable, prêté serment en français et en wallon, quand il jure fidélité au roi, à la constitution et aux lois du peuple belge. Très vite, il est chargé de présider le Conseil d’administration du Centre hospitalier universitaire Ambroise Paré (2002-2014) : il s’agit de conduire la modernisation, la transformation et la réorganisation du seul hôpital public de Mons-Borinage à partir d’une nouvelle stratégie. Président du CA du Centre hospitalier Le Chêne aux Haies (2001-2006), puis administrateur (2006-2009), il siège aussi au sein des asbl Sirius et Chambor (qu’il préside avant et après fusion). À côté des fonds structurels européens pour l’ensemble de la Wallonie et singulièrement pour le Hainaut, l’avenir des soins hospitaliers montois est entre les mains de Nicolas Martin.

Membre de la zone de police Mons-Quévy (2002-2006), administrateur (2005-2007) puis vice-président (2006-2007) de l’Idea, Nicolas Martin se forge une forte popularité, ainsi qu’en témoignent les résultats du scrutin communal d’octobre 2006 : 15e candidat effectif, il réalise le 5e résultat de la liste PS (2.358 vp) et, à 150 voix près, Richard Miller est le seul candidat non socialiste à faire mieux que lui. Même si, globalement, les électeurs montois se sont montrés moins enthousiastes à l’égard du PS (en net recul, mais avec encore 51,55% des voix et 27 sièges sur 45), le pacte de majorité entre le PS d’Elio Di Rupo et le MR de Richard Miller est confirmé. Dans le nouveau Collège, Nicolas Martin est choisi comme échevin, en charge de l’Urbanisme, du Développement économique, du Logement, de l’Agriculture et du Tourisme. Administrateur de la société immobilière sociale Toit&Moi (2007-2012), qui s’est substituée à Sorelobo en 2005, il reste responsable du CHU Ambroise Paré, tout en devenant administrateur du Centre régional de Soins psychiatriques Les Marronniers (2009-2014). Se consacrant à la gestion de la ville de Mons dans le domaine de ses compétences, l’échevin multiplie les initiatives de court et de long terme. En 2008, son ambitieux plan stratégique de développement touristique vise à placer Mons au rang des cités culturelles incontournables, à l’horizon 2015… : en revalorisant la Grand-Place, le beffroi, l’hôtel de ville et la collégiale, et en se plaçant au cœur des sites voisins du Grand-Hornu, du Pass, du château de Seneffe et de Paradisio (Pairi Daiza), Mons prend conscience de son potentiel touristique, s’équipe en conséquence et affirme ainsi son statut de capitale culturelle de la Wallonie, reconnu depuis 1978 (accord des bourgmestres des grandes villes wallonne), mais guère appliqué. Les compétences économiques et urbanistiques de l’échevin s’avèrent complémentaires (projet des Grands Prés, de la gare, du centre de Congrès, développement d’un nouveau quartier, création de nouveaux parkings, etc.).

Limitant jusque-là sa participation électorale au seul échelon communal, Nicolas Martin se présente, le 7 juin 2009, comme 5e suppléant sur la liste du PS dans le collège français lors des élections européennes (28.104 vp), puis, le 23 juin 2010, comme 4e suppléant dans la circonscription du Hainaut, lors des élections fédérales anticipées (10.200 vp), sans prétendre au moindre mandat. Ces expériences électorales renforcent sa notoriété, comme en attestent ses 6.024 vp lors des communales de 2012, 2e meilleur résultat personnel derrière un Elio Di Rupo (14.378 vp), dont il semble devenir le possible successeur sur la place de Mons. Le PS progresse de 3,6%, renforçant sa majorité absolue (55,2%) et sa représentation au conseil communal (29 sièges sur 45, +2). Dès octobre, le Pacte de majorité associant PS et MR est renouvelé, et Nicolas Martin est choisi comme Premier échevin, en charge de l’Économie, de l’Agriculture, des Nouvelles technologies et du projet « Mons 2015 ».

Alors que la ville se prépare à devenir « capitale européenne de la culture » et organise tout d’abord les commémorations du centième anniversaire de la Grande Guerre et de la bataille de Mons, Nicolas Martin fait fonction de bourgmestre de décembre 2012 à octobre 2014, quand Elio Di Rupo exerce en tant que Premier Ministre fédéral, étant bourgmestre empêché. Par ailleurs, pour se consacrer exclusivement à cette fonction, Nicolas Martin renonce à siéger comme député fédéral, mandat qui lui revenait de droit, le cumul n’étant pas interdit au fédéral. En effet, après Olga Zrihen qui avait choisi de siéger au Parlement wallon, Rudy Demotte Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles et Elio Di Rupo Premier Ministre, c’est Anthony Dufrane qui renonce à siéger au fédéral pour se consacrer exclusivement à son échevinat, à Charleroi. Il sera alors fait appel à la 6e suppléante PS (Laurence Meire). Dans ses fonctions communales, Nicolas Martin poursuit une série d’importants dossiers destinés à contribuer au développement touristique, de commerces, de logements et à l’amélioration de la sécurité à Mons.

Au lendemain de la 6e réforme de l’État qui apporte à la Wallonie de nouvelles et importantes compétences, le PS montois présente une équipe rajeunie au scrutin régional du 25 mai 2014. En l’absence d’Elio Di Rupo (candidat à la Chambre), le défi est de taille pour la tête de liste, Nicolas Martin, dans cette circonscription qui envoie un représentant de moins qu’en 2009. Malgré un recul de 6%, le PS se maintient au-dessus de la barre des 40% et conserve 3 mandats. Avec 19.302 vp, Nicolas Martin dame le pion à la MR Jacqueline Galant comme au ministre wallon sortant cdH Carlo di Antonio. Et en raison de son excellent taux de pénétration, il ne doit pas choisir entre ses mandats communal et régional. Le décret spécial wallon du 9 décembre 2010 l’autorise à rester au Collège montois, tout en siégeant au Parlement de Wallonie. Abandonnant la présidence du CHU Ambroise Paré (dont il reste administrateur, 2014-2018) et la présidence de l’Office de promotion du Tourisme Wallonie-Bruxelles (2010-2014), tout en prenant la présidence de l’Office du tourisme de Mons (2014-2019), il redevient Premier échevin quand Elio Di Rupo reprend l’écharpe maïorale (octobre 2014) et quand s’ouvre l’année Mons 2015 capitale européenne de la culture. 

Membre de la Commission Travaux publics-Action sociale-Santé (2014-juillet 2017) et vice-président de la Commission Affaires générales-Relations internationales (2024-juillet 2017), le nouveau député wallon privilégie le travail en commissions et les questions écrites, s’investissant particulièrement dans le dossier de la lutte contre le cyber-harcèlement (projet pilote CyberHelp). Porteur d’une proposition de résolution en faveur de l’organisation d’un salon international des technologies en Wallonie et d’une autre en faveur du redéploiement économique des centres urbains des villes de Wallonie, il avance l’idée d’un Plan wallon en faveur de la diversité et du vivre-ensemble, dépose un décret pour l’aménagement d’un lieu public par les communes pour les cérémonies non confessionnelles, un autre pour venir en aide aux victimes de violences conjugales et intrafamiliales. Défenseur du maintien d’une liaison Thalys sur la dorsale wallonne, il réclame une stratégie ferroviaire wallonne.

Dans le dossier du CETA, le membre suppléant de la commission des Questions européennes vote en faveur de la résolution du 14 octobre 2016 par laquelle le Parlement de Wallonie refuse l’accord entre l’UE et le Canada ; après la mini-crise internationale qui s’en est suivi, il figure parmi les 58 députés wallons qui votent en faveur du projet de motion qui valide le compromis par lequel l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016).

Attentif à l’amélioration du fonctionnement des institutions, il ne cache pas que sa préférence va aux régions et qu’une simplification passe par la montée en puissance de la Wallonie et de Bruxelles-Capitale. En octobre 2015, avec Christophe Collignon et Pierre-Yves Dermagne, Nicolas Martin, signe une carte blanche remarquée (La Wallonie est une évidence) en faveur du renforcement de l’autonomie wallonne, plaidant pour la dissolution de la Communauté, la régionalisation de l’enseignement et la convocation d’un Congrès des socialistes wallons. 

Compétence nouvellement transférée aux régions suite à la 6e réforme de l’état, le bien-être animal retient l’attention de Nicolas Martin. Au-delà d’une résolution visant à améliorer le système d’identification des animaux domestiques et d’une autre visant à encadrer la profession d’éleveur de chiens, il vote le Code wallon du bien-être animal (3 octobre 2018) qui intègre l’interdiction de tout abattage d’animaux sans étourdissement préalable, y compris dans les abattoirs (décret voté dès le 17 mai 2017). Si cette question du bien-être animal rencontre la quasi-unanimité des parlementaires wallons, il n’en va pas de même dans d’autres domaines et, à l’été 2017, la majorité PS-cdH vole en éclats quand Benoît Lutgen invite à ne plus gouverner avec les socialistes et se tourne vers le MR. Découvrant l’opposition à Namur sous le gouvernement MR-cdH présidé par Willy Borsus, Nicolas Martin est désormais membre de la Commission Action sociale-Santé-Fonction publique (2017-2019). Au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, il est vice-président de la Commission Relations internationales-Affaires européennes.

Élu à la présidence de la Fédération PS de Mons-Borinage (juin 2015-), Nicolas Martin se fait le porte-parole de sa fédération en préconisant un décumul « light » des mandataires publics (été 2017) et est en charge de la préparation des élections communales de 2018 dans les entités de Mons-Borinage. Dans la cité du Doudou, le paysage s’est transformé en avril 2016, quand l’alliance PS-MR a volé en éclats, le PS écartant les libéraux de Georges-Louis Bouchez pour faire alliance avec le cdH. Alors que G-L. Bouchez fait campagne pour devenir bourgmestre sur une liste « Mons en Mieux », Elio Di Rupo annonce son retrait de la vie communale dès la constitution des listes socialistes, souhaitant occuper la dernière place des candidats socialistes emmenés par Nicolas Martin. Le soir des élections communales d’octobre 2018, les voix de préférence départagent clairement Nicolas Martin (10.681), Elio Di Rupo (7.664) et G-L. Bouchez (4.976). Conservant in extremis sa majorité absolue (44,25%, 23 sièges) malgré un net recul (-11%, - 6 sièges), le PS se tourne vers écolo qui a doublé le nombre de ses sièges (12,8% et 6 sièges) pour signer le nouveau pacte de majorité. Désormais officiellement investi de la fonction de bourgmestre, Nicolas Martin achève son mandat au Parlement de Wallonie, mais ne se présente pas lors du triple scrutin électoral de 2019, démontrant ainsi que Mons est alors sa préoccupation principale.

En première ligne lors des années Covid-19, le bourgmestre montois n’en reste pas moins un défenseur proclamé de la régionalisation des compétences de la FWB, choix qu’il réaffirme lors du Congrès des socialistes wallons (juin 2022). Membre du comité de direction et administrateur d’Idea (2019-), président de la Société wallonne du crédit social (SWCS, 2020-), administrateur de l’asbl Mons Arts de la Scène (MARS, 2019-2022), Nicolas Martin emmène la liste PS au scrutin wallon du 9 juin 2024 et aux communales d’octobre 2024.

 

Mandats politiques

Conseiller communal à Mons (2001-)
Échevin (2006-2012)
Bourgmestre f.f. (12/2012-10/2014)
Député wallon (2014-2019)
Premier Échevin (10/2014-2018)
Bourgmestre de Mons (2018-)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024), dont Le Soir, 14 octobre 2014 ; Sud Presse, 8 mars 2017 ; Le Soir, 19 juillet 2017 ; Le Soir, 19 juin 2022
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2023)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2014 à 2018, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
http://www.mons.be/ma-ville/vie-politique/college-communal/nicolas-martin (s.v. décembre 2017)

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)