Moinnet-Joiret Isabelle

Politique, Député wallon

Namur 06/11/1969

Députée wallonne : 2014-2019

À l’entame du XXIe siècle, la transformation du PSC en cdH s’accomplit lentement et dans la douleur. En 1999, pour la première fois depuis 1958, le parti catholique est absent du gouvernement belge et pour la première fois depuis qu’existent les institutions wallonnes (régionalisation provisoire ou définitive), le PSC n’est plus au pouvoir à Namur. Durant cette phase de reconstruction, Isabelle Joiret et son mari Olivier Moinnet proposent leurs services à Benoît Lutgen, alors en charge de la coordination des « humanistes ». Militant traditionnellement en faveur du PSC, la famille Joiret ne s’est jamais présentée sur des listes électorales, à la différence des Moinnet qui (avec un seul n) comptent deux bourgmestres, l’un, Bernard, à Bertogne, l’autre, Joseph, à Bastogne, receveur communal faisant fonction de bourgmestre quand Guy Lutgen était ministre wallon, et une échevine MR (Ingrid) à Bastogne.

En 2005, Isabelle Moinnet-Joiret devient la secrétaire de la section cdH d’Eghezée et, en octobre 2006, elle occupe la 2e place aux provinciales (1.183 vp) derrière Jean-Claude Nihoul, seul élu d’un cdH qui devient le premier parti dans le district avec 32%. Par ailleurs, poussant la liste « Intérêts communaux » (22%, 5 sièges), son mari est élu conseiller communal et deviendra échevin en 2009 dans le collège présidé par Dominique Van Roy, leader d’« Ensemble pour vous » (37%, 9 sièges). Après 30 ans d’opposition, l’entrée du cdH dans la majorité locale apparaît comme un signe du redéploiement du « nouveau » parti. Dès lors, quand Joëlle Milquet propose à Isabelle Moinnet-Joiret de figurer sur les listes du Sénat, en 2007, cette diplômée en journalisme de l’Ihecs relève le défi.

Certes, la cinquième place ne lui vaudra pas d’être élue, mais c’est l’occasion de faire campagne sur des sujets de société aux côtés des deux leaders, Francis Delpérée et Anne Delvaux. Pour cette première campagne à l’échelon du Collège français, celle qui a décidé d’adopter le nom d’Isabelle Moinnet récolte 21.021 vp. En cinquième place encore aux européennes du 7 juin 2009, elle rassemble 20.628 voix en Wallonie et à Bruxelles, tandis que le 23 juin 2010, 2e suppléante dans la circonscription provinciale de Namur aux élections fédérales anticipées, elle réunit 4.900 voix sur son nom. Dans le même temps, son mari, en 10e place sur la liste cdH au Sénat, rassemble 13.720 vp. 

Quand arrivent les élections communales d’octobre 2012, Olivier Moinnet défend son bilan devant les électeurs d’éghezée, tandis qu’Isabelle Moinnet sollicite les suffrages du district d’Andenne, aux élections provinciales (4e place, 1.622 vp). Confirmant le pacte de majorité de 2006, EPV et IC conservent la majorité à éghezée et, dans le nouveau Collège communal, Olivier Moinnet devient échevin des Finances. Isabelle Moinnet, quant à elle, n’obtient aucun mandat à la province.

A côté de cet investissement politique important du couple Moinnet, la mère de famille exerce des activités professionnelles : après trois années à l’Union internationale du transport public (1992-1995), elle démissionne et devient gestionnaire des ressources humaines chez Saint-Gobain Distribution (1997-2014). Par ailleurs, formée au piano classique pendant dix ans, elle s’est tournée vers l’orgue et est devenue une organiste reconnue, appréciée notamment au clavier de la paroisse Saint-Martin de Taviers. Soucieuse de faire partager sa passion, elle dirige un groupe destiné à inciter la pratique de l’orgue dans l’évêché de Namur (« orgue de cœur ») et est membre du bureau de « Paroisses chantantes », association visant à encourager le chant et les chorales.

Dans le même esprit de soutenir la liste cdH et d’y assurer la présence féminine indispensable, Isabelle Moinnet accompagne Maxime Prévot dans la campagne électorale régionale de mai 2014. Le résultat personnel du chef de file namurois (21.912 vp) rappelle celui de Claude Eerdekens en 2004, même s’il reste loin des 29.429 voix de Bernard Anselme en 1995. Il pèse surtout dans la balance car il fait tomber un deuxième siège dans l’escarcelle du cdH de Namur, via un système de l’apparentement qui prive Christophe Bastin (aussi cdH) d’un mandat dans la circonscription de Dinant-Philippeville. C’est Isabelle Moinnet (4.674 vp, 10e score tous partis confondus) qui en bénéficie et est élue au Parlement de Wallonie.

Vice-présidente de la Commission Agriculture-Tourisme (2014-juillet 2017) à Namur, la députée wallonne qui exerce ainsi son premier mandat politique succède, en octobre 2015, à André Antoine à la présidence de la Commission Enseignement supérieur et Médias du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Parmi les objectifs de cette commission, la réforme du financement de l’enseignement supérieur, l’adaptation de la formation des soins infirmiers, la mise en œuvre du filtre aux études de médecine, les problèmes de surpopulation dans la filière vétérinaire, l’allongement de la formation initiale des enseignants, ou encore la réforme du Conseil supérieur de l’audiovisuel.

Outre plusieurs propositions de résolution (notamment pour lutter contre le gaspillage alimentaire, ou contre la pénurie de médecins en zone rurale), la députée wallonne est très interpellée par les dossiers liés aux accords économiques et commerciaux internationaux. Ainsi, dans le dossier CETA, elle vote en faveur de la résolution du 14 octobre 2016 par laquelle le Parlement de Wallonie refuse l’accord entre l’UE et le Canada ; après la crise internationale qui s’en est suivi, elle figure parmi les 58 députés wallons qui votent en faveur du projet de motion qui valide le compromis par lequel l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016). Attentive à l’amélioration de la démocratie locale, elle suggère notamment la création d’un conseil communal obligatoire des enfants. En matière agricole, elle fait adopter une proposition de résolution donnant à la Wallonie le droit d’interdire les OGM sur son territoire et une autre visant l’interdiction des perturbateurs endocriniens.

Soutenant l’appel du 19 juin 2017 de Benoit Lutgen qui invite à mettre un terme à toute gouvernance avec les socialistes, elle vote le 28 juillet la motion de défiance constructive qui scelle le sort du gouvernement wallon de Paul Magnette. C’est une première dans l’histoire politique wallonne. Suite à la formation du gouvernement de Willy Borsus et à l’organisation de la majorité MR-cdH, la députée cdH est désignée à la présidence de la Commission Environnement-Aménagement du Territoire-Travaux publics (septembre 2017-2019). Parmi les matières de cette Commission figure le bien-être animal, compétence nouvellement transférée aux régions à la suite de la 6e réforme de l’État. En mai 2017, Isabelle Moinnet avait déjà voté le décret interdisant tout abattage animal sans étourdissement préalable avec presque tous les députés wallons (66 sur 69 présents). L’assemblée wallonne aura l’occasion de renouveler son unanimisme autour du Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018), faisant de la Wallonie une région pionnière. En 2019, avec le libéral Philippe Dodrimont, elle dépose un rapport sur l’élevage canin en Wallonie ; parmi la vingtaine de recommandations avancées pour améliorer ce secteur, quelques-unes seront progressivement mises en place. Représentante de la Wallonie depuis le printemps 2017, elle siège aussi à l’Assemblée interparlementaire Benelux (2017-2019).

Membre du bureau politique du cdH (2015-), Isabelle Moinnet accepte de figurer à l’antépénultième place de la liste IC, aux communales de 2018, à éghezée. Avec 389 vp, elle signe le 5e score d’une liste où son mari figurait en deuxième position (525 vp, 2e score). C’est lui qui siégera au Conseil communal du moins jusqu’en décembre 2019, moment où il remet sa démission et laisse son mandat à son épouse. Ayant renoncé à se présenter à la province (en 2018), elle est candidate le 26 mai 2019 pour défendre son bilan au Parlement de Wallonie, comme première suppléante (2.974 vp) de Benoît Dispa, dans la circonscription de Namur. Avec 15,67% des voix, le cdH réalise son plus mauvais score depuis les premières élections directes du Parlement de Wallonie, le 21 mai 1995, ne parvenant pas à atteindre la barre des 30.000 électeurs. Tirant les conclusions d’un scrutin qui s’avère globalement alarmant pour le cdH, son nouveau président annonce très vite que son parti ne participera à aucune coalition gouvernementale (été 2019). Quelques semaines plus tard, il lance un ambitieux exercice participatif – Il fera beau demain – qui aboutit à l’émergence du mouvement Les Engagés (congrès de mars et mai 2022). Isabelle Moinnet-Joiret participe activement à ce processus. En octobre 2024, elle est deuxième sur la liste IC conduite par Adelin François.

 

Mandats politiques

Députée wallonne (2014-2019)
Conseillère communale d’Eghezée (12/2019-) 

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024), dont La Libre, 15 mai 2007
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2023)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2014 à 2019, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
http://www.isabellemoinnet.be/parcourspolitique.html (s.v. décembre 2017)
https://www.lesengages.be/visage/joiret-isabelle/

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)