Mottard Maurice

Politique, Député wallon

Ougrée 02/08/1951

Député wallon : *2010-2011* *2012-2014 ; 2014-2019

Fils de Gilbert Mottard dernier bourgmestre de Hollogne-aux-Pierres (1953-1970) et gouverneur de la province de Liège de 1971 à 1990, Maurice est issu d’une famille impliquée de très longue date dans le mouvement socialiste. Il n’est donc pas étonnant qu’en octobre 1982, il devienne conseiller communal de Grâce-Hollogne. S’il n’est pas élu au décompte des bulletins de vote, cela est dû uniquement au fait que le PS et l’opposition ont convenu préalablement d’une répartition des sièges sans exiger le déplacement des électeurs. Dès janvier 1983, Maurice Mottard est investi d’un échevinat, celui de l’Aménagement et de l’Entretien du territoire. C’est l’époque où le collège échevinal est présidé par Alain Van der Biest. Six ans plus tard, après une élection cette fois, Maurice Mottard est chargé des Finances et du Budget de 1989 à 1994, compétences qui rejoignent son activité professionnelle principale. Employé de banque, il est devenu le gérant d’une agence du Crédit communal.

Rangé dans le camp des « coolsiens » au moment des conflits internes de la Fédération liégeoise du PS, candidat aux législatives de 1991 (2.777 vp), Maurice Mottard symbolise la fin de la période Van der Biest lorsqu’il accède au maïorat de Grâce-Hollogne, en janvier 1995 (1.563 vp), date à laquelle il met un terme à son activité professionnelle. Sa localité va, bien malgré lui, être au centre des actualités pendant quelques années dans la mesure où elle est le lieu de deux affaires majeures : le dossier de l’assassinat d’André Cools avec la piste Van der Biest, d’une part, l’enlèvement de Julie et Mélissa, d’autre part. De surcroît, le maïeur doit aussi assumer les conséquences multiples de l’expansion de l’aéroport de Bierset, situé en bordure interne de sa commune, et dont il est administrateur. Pendant de longues années, il tente de trouver un équilibre entre l’intérêt du développement économique de Liège et la quiétude des habitants du voisinage, victimes des nuisances sonores (définition des zones expropriées, modification des plans de secteur, gestion des immeubles rachetés et à démolir, allongement de la piste, etc.).

Président de la SLF (2000-2006), de la Socolié (2000-2006) et du Holding Communal énergétique (HCE, 2000-2006), administrateur de la Société du Logement de Grâce-Hollogne (2001-2019, 2021-), de la SPE (2000-2005), administrateur et membre du Comité direction de la SAB puis de Liège Airport S.A. (2000-2020), de Publipart S.A. (2005-2013), de la SOCOFE S.A. (2000-2013) dont il a été président, de la SORASI S.A. (2000-2013) et d’Inter-Régies (2000-2005, 2007-2014), administrateur principal de la sprl Alsoma Management (2007-2014), administrateur de la CILE (2014-2018), le bourgmestre qui tente aussi de forcer Umicore à assainir le site de Vieille-Montagne conserve, de scrutin en scrutin, la majorité absolue dont le PS dispose au Conseil communal depuis des générations. Certes, le PS ne possède plus les 21 sièges sur 27 de 1988, mais la majorité est relativement stable (18 sièges en 1994, 14 en 2000, 17 en 2006 et 16 en 2012). En léger recul (de 54,85% en 2006 à 52,25% en 2012), le PS de Maurice Mottard (1.942 vp) maintient Grâce-Hollogne parmi les derniers bastions rouges de la périphérie liégeoise. En octobre 2018, il laisse Manuel Dony emmener la liste PS, se plaçant quant à lui à la dernière place. Les électeurs lui accordent cependant 1.777 vp, contre 1.326 vp à la tête de liste. Conservant la majorité absolue (15 sièges sur 27, -1) malgré un net recul (42%, -10%), le PS va se diviser et se saborder tout seul au cours de la législature.

Malgré sa popularité locale et l’importance des dossiers qu’il traite depuis des années, Maurice Mottard n’accède à un mandat parlementaire qu’en 2010. Troisième suppléant au scrutin régional de 2009 (3.288 vp), il reste dans l’ombre de Michel Daerden jusqu’au moment où celui-ci est désigné ministre fédéral des Pensions (juillet 2010). Maurice Mottard entre alors au Parlement wallon au moment du débat sur les dispositions du décret spécial « décumul », finalement adopté majorité contre opposition en décembre. Au moment de la formation du gouvernement fédéral d’Elio Di Rupo, Michel Daerden qui était resté ministre en affaires courantes durant la plus longue crise politique de l’histoire de Belgique, retrouve son mandat au Parlement wallon et Maurice Mottard redevient suppléant. Le décès soudain de M. Daerden conduit cependant M. Mottard à siéger à nouveau au Parlement wallon à partir de septembre 2012. Membre suppléant de la Commission conjointe sur les Signes convictionnels, il est membre effectif de la Commission de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et de la Mobilité au moment où les débats sur les transformations du Cwatupe en CoDT se font les plus vifs.

Quatrième candidat PS au scrutin régional du 25 mai 2014 (4.921 vp), Maurice Mottard retrouve son siège à Namur. En vertu du décret spécial wallon du 9 décembre 2010 limitant le cumul de mandats des députés wallons, il opte pour le Parlement wallon et se considère comme bourgmestre empêché, tout en prenant la présidence du Conseil communal. Première Échevine, Angela Quaranta devient « déléguée aux fonctions de bourgmestre ». Membre de la Commission Agriculture–Tourisme (2014-2018) et de la Commission de Coopération avec la Communauté germanophone (2015-2017), le député wallon est l’un des signataires d’une proposition de résolution visant à condamner l’utilisation de tous les pesticides contenant des néo-nicotinoïdes, tueurs d’abeilles, en Wallonie.

Dans le dossier CETA, il soutient la résolution du 14 octobre 2016 par laquelle le Parlement de Wallonie refuse l’accord entre l’UE et le Canada ; après la mini-crise internationale qui s’en est suivi, il figure parmi les 58 députés wallons qui votent en faveur du projet de motion qui valide le compromis par lequel l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016). Durant cette législature, il adopte notamment une série de dispositions en matière de bien-être animal, compétences nouvellement transférées aux régions à la suite de la 6e réforme de l’État : avec le décret interdisant tout abattage animal sans étourdissement préalable (18 mai 2017) et le Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018), le législateur quasi unanime (67 sur 69) fait de la Wallonie une région pionnière. 

Au lendemain des élections communales d’octobre 2018, Maurice Mottard aurait dû quitter le Parlement de Wallonie, conformément au décret spécial wallon de 2010, puisqu’il choisit d’exercer la fonction de bourgmestre en appliquant à la lettre le Code wallon de la Démocratie locale et de la Décentralisation. Cependant, la rivalité entre Maurice Mottard et Manuel Dony éclate au grand jour. Fort du plus grand nombre de voix de préférence sur son nom, Maurice Mottard postule au renouvellement de son mandat de bourgmestre, écarte Manuel Dony et ses soutiens, afin de former, avec 8 élus PS, un pacte de majorité avec Ecolo, MR et RCGH. Envoyé dans l’opposition, le courant de Manuel Dony (7) réagit. Ce dernier porte plainte contre Maurice Mottard pour dépassement de dépenses électorales et empêche ainsi la nouvelle majorité de se mettre en place en décembre 2018, d’autant que l’élu du PTB refusant de siéger et n’ayant pas de suppléant, c’est à un socialiste que revient ce siège de conseiller. Or, comme ce nouvel élu est proche de M. Dony, cela complique encore la situation. L’ancien Collège est alors amené à exercer les affaires courantes pendant plusieurs mois. Finalement, quand une majorité PS-Ecolo se met en place début juillet 2019, la législature wallonne est achevée ; Maurice Mottard a par conséquent eu le temps d’achever son mandat de député wallon sans devoir se plier au décret wallon sur le cumul. Quant à la reconduction de ce mandat (scrutin régional de mai 2019), il n’en est pas question, le candidat n’étant pas demandeur, d’autant que l’atmosphère au sein de la Fédération liégeoise du PS en raison de la crise communale ne lui en aurait pas donné l’occasion.

En effet, l’USC de Grâce-Hollogne a été placée sous la tutelle de la Fédération liégeoise du PS qui ne parviendra pas à garantir l’équilibre difficilement trouvé. En mars 2021, le « clan Mottard » s’accorde avec Ecolo, le MR et RCGH et éjecte le « clan Dony » du Collège. Face à une situation qui a connu d’autres péripéties, la Fédération liégeoise du PS en appelle à la Commission de vigilance du parti, réclame et obtient finalement l’exclusion de Maurice Mottard et de l’échevin Geoffrey Cimino (été 2021). Pour la première fois depuis un siècle, ce n’est plus un représentant officiel du Parti socialiste qui dirige la commune de Grâce-Hollogne.

Prévenant une inéluctable exclusion, les membres du « groupe Mottard » ont préalablement signifié au président Paul Magnette leur décision de quitter le parti. Depuis mai 2021, Maurice Mottard, bourgmestre indépendant, ne fait plus partie de la Fédération PS de Liège dont il était administrateur. Il n’est plus non plus le président de l’USC de Grâce-Hollogne. Annoncée officiellement en octobre 2023, la candidature de Maurice Mottard sur une Liste du Bourgmestre au scrutin de 2024 continue d’animer la vie politique locale, alors que Manuel Dony a renoncé à la politique.

 

Mandats politiques

Conseiller communal de Grâce-Hollogne (1983-)
Echevin (1983-1994)
Bourgmestre (1995-2014)
Député wallon (2010-2011, 2012-2019)
Bourgmestre empêché (2014-2019)
Président du conseil communal (2014-2018)
Bourgmestre (2021-)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-11/2023)Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2021)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2010 à 2018, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)