no picture

Nicaise Marie-Françoise

Politique, Député wallon

Charleroi 20/06/1958

Députée wallonne : *2014-2019

Aux élections régionales wallonnes du 25 mai 2014, Yves Binon reçoit des électeurs de Thudinie un mandat clair pour poursuivre ses activités au Parlement wallon, mais le décret spécial wallon du 9 décembre 2010 l’oblige à choisir entre Namur et Ham-sur-Heure dans la mesure où son taux de pénétration est insuffisant pour exercer à la fois comme bourgmestre et comme député wallon. En donnant la priorité au Collège communal de Ham-sur-Heure, Yves Binon ouvre les portes de l’assemblée wallonne à sa suppléante, Marie-Françoise Nicaise (1.823 vp), qui avait déjà été première suppléante en 2009 (1.561 vp) et possède une déjà longue expérience politique à Thuin.

Depuis la fusion des communes, la ville de Thuin a régulièrement changé de maïeur : au PSC Pierre Trogh (1976-1982) succéda le socialiste Julien Brochard (1983-1988) qui avait déjà été bourgmestre avant la fusion (1970-1976) ; en 1988, un cartel PSC-PRL permet à Daniel Ducarme de ravir la majorité aux socialistes ; pour la première fois, un bourgmestre parvient à renouveler son mandat, mais à la fin des années 1990, le cartel se déchire quand Daniel Ducarme déménage à Bruxelles. Béatrice Monseu le remplace pour achever le mandat et, en octobre 2000, une liste COM-UNE réunissant PS, PRL et MCC, emmenée par Paul Furlan donne le maïorat à ce dernier. Désormais, le PS s’installe solidement au pouvoir, et c’est sur des listes séparées que chacun se présente en octobre 2006.

Entre 1989 et 1994, Marie-Françoise Nicaise a siégé comme conseillère au CPAS de Thuin. Licenciée en Droit de l’Université catholique de Louvain (1981), après des candidatures à Namur, elle se préparait à entrer dans la fonction publique quand un stage chez Me Bouchard la convainc d’embrasser la carrière d’avocat. Inscrite au barreau de Charleroi, elle se fait un nom en plaidant dans plusieurs procès marquants, notamment aux assises, dont celui de la « filière boraine » qui défraya la chronique en 1988, moment où l’on établissait des liens avec les Tueries du Brabant. Avocate de Marc Dutroux au tournant des années 1980 et 1990, l’avocate plaide dans de nombreux dossiers criminels dont, notamment, dans les années 2000, aux assises du Hainaut dans le procès Taflan bis, un dossier de grand banditisme.

Attirée très tôt par la politique, séduite par la vision politique de Jean Gol, celle qui est devenue la seconde épouse de Daniel Ducarme, alors qu’il était bourgmestre de Thuin, met ses ambitions politiques entre parenthèses pendant plusieurs années. En 2006, divorcée de D. Ducarme, elle se présente comme cinquième candidate sur la liste du MR à Thuin et signe le 3e score des libéraux (272 vp), emmenés par Béatrice Monseu (572 vp). Avec 4 sièges, le MR reste le partenaire privilégié du PS de Paul Furlan qui détient la majorité absolue (53,9%, 15 sièges). Conformément à l’accord de majorité, Béatrice Monseu prend place au Collège, tout en annonçant qu’elle n’achèvera pas son mandat, souhaitant laisser la place aux plus jeunes. Et en septembre 2011, c’est la conseillère communale Marie-Françoise Nicaise qui la remplace, en tant qu’échevine des Finances, de l’État civil et des Cimetières.

Tête de liste MR aux communales de 2012, Marie-Françoise Nicaise (538 vp) propulse le MR à 24,6%, soit une progression de 6% qui correspond à la perte du PS (47,4%) de Paul Furlan (2.881 vp). Conservant sa majorité absolue (13), le PS invite le MR (6 s., +2), partenaire depuis 2000, mais aussi le groupe IC proche du cdH (3) à signer un nouveau Pacte de majorité. Avec un élu sur 23, Écolo est le seul à siéger dans l’opposition… Quant à M-Fr. Nicaise, elle conserve son échevinat et les mêmes compétences auxquelles s’ajoutent la mobilité et les pensions. En juin 2014, son élection à Namur la contraint à se déclarer échevine empêchée (remplacée par Delphine Mairy). 

à Namur, la nouvelle députée wallonne siège alors dans l’opposition. Membre de la Commission Emploi-Formation (2014-juillet 2017), elle se distingue rapidement par ses prises de parole en plénière, ainsi que par le grand nombre de ses questions écrites. Outre les dossiers de mobilité liés à la Thudinie (travaux de la RN54), la réforme des aides à l’emploi et la réforme du permis de conduire retiennent particulièrement son attention, ainsi que la remise à l’emploi. Au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, où elle est présidente de la Commission Aide à la jeunesse-Maisons de Justice-Sports, elle prend part au débat sur le Pacte d’Excellence et se préoccupe de sa matière de prédilection, l’Aide à la Jeunesse. Dans le dossier du traité CETA, la députée wallonne s’oppose, avec son groupe politique MR, à la résolution du 14 octobre 2016 par laquelle le Parlement de Wallonie marque son refus de déléguer ses pleins pouvoirs au Gouvernement fédéral pour la signature de l’accord CETA entre l’UE et le Canada. Et elle est absente le jour où est adopté le compromis par lequel l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016).

À la suite de l’appel du 19 juin 2017 de Benoit Lutgen qui invite à mettre un terme à toute gouvernance avec les socialistes, Marie-Françoise Nicaise vote, le 28 juillet, la motion de défiance constructive déposée par les députés MR et cdH ; le gouvernement de Paul Magnette tombe en plein milieu de la législature, ce qui constitue une première dans l’histoire politique wallonne. Avec la constitution du gouvernement Borsus, elle fait désormais partie de la majorité MR-cdH et, de juillet 2017 à 2019, la députée devient membre de la Commission Action sociale-Santé-Fonction publique (dont elle devient vice-présidente en décembre 2018), ainsi que de la Commission des questions européennes. Elle a ainsi l’occasion de revenir sur les dispositions « CETA », en votant une résolution fixant une série de nouvelles balises pour les futurs traités de libre-échange négociés par l’Union européenne. 

Disposant d’une très courte majorité (38 députés sur 75), MR et cdH s’empressent en effet de voter une série de mesures destinées à montrer le changement de cap imprimé à la politique wallonne : suppression de la « Redevance Télévision », modification de grille des loyers, réduction de la fiscalité immobilière, transfert de compétences vers l’Ostbelgien, abandon du Plan Marshall, réduction de l’intervention publique et incitation à l’initiative privée ou associative, application de recommandations de la Commission Publifin en matière de transparence et de gouvernance, réforme de la gouvernance des GRD du gaz et de l’électricité, etc. Durant cette législature, Marie-Françoise Nicaise adopte aussi une série de dispositions en matière de bien-être animal, compétence nouvellement transférée aux régions à la suite de la 6e réforme de l’État : avec le décret interdisant tout abattage animal sans étourdissement préalable (18 mai 2017) et le Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018), le législateur quasi unanime (67 sur 69) fait de la Wallonie une région pionnière. 

Par ailleurs, la vie communale de Thuin est aussi très mouvementée : on assiste à des va-et-vient continus, aussi bien dans l’opposition, que dans la majorité où après la démission de la MR Delphine Mairy (octobre 2015) remplacée par Philippe Lannoo, c’est le bourgmestre empêché qui retrouve sa place, Paul Furlan ayant été contraint de démissionner du gouvernement wallon en janvier 2017. Deux mois plus tard, expliquant que les différends se sont accumulés dans plusieurs dossiers, Paul Furlan annonce l’éviction du MR du pacte de majorité communal, le PS décidant d’achever la législature avec la seule liste IC comme partenaire, après l’adoption d’une motion de défiance constructive et la signature d’un nouveau pacte de majorité (23 mars 2017). Entre Marie-Françoise Nicaise et Paul Furlan, la bataille d’octobre 2018 s’engage dès lors très tôt : considérant l’éviction du MR comme un règlement de comptes politiques, la cheffe de file de l’opposition au Conseil communal multiplie en effet les interventions contre la nouvelle majorité. 

Tête de liste MR aux communales d’octobre 2018, Marie-Françoise Nicaise (495 vp) signe le 2e score de sa liste, son dauphin, Philippe Lannoo réalisant 614 vp. Néanmoins, la liste MR est en recul de plus de 3% (21,3%) et perd un siège (5), tandis que le PS de Paul Furlan, lui aussi en recul, sauve sa majorité absolue in extremis (12 s.). Sans tarder, M-F. Nicaise annonce son retrait de la vie politique locale, laissant son siège au Conseil communal à la première suppléante, sa fille, Louise Ducarme (205 vp). Ce retrait politique devient définitif en fin de législature wallonne, puisque M-Fr. Nicaise n’est candidate à aucune des trois élections du 26 mai 2019. Achevant ainsi aussi ses mandats d’administratrice à Intersud et à l’Ipalle, elle retrouve à temps plein son métier d’avocate.

 

Mandats politiques

Conseillère CPAS à Thuin (04/1989-1994)
Conseillère communale à Thuin (2006-2018)
Échevine (09/2011-06/2014)
Députée wallonne (2014-2019)
Echevine empêchée (06/2014-03/2017)

 

Sources

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-04/2024), dont Le Soir, 25 février 2004 ; Le Soir, 14 mars 2017 ; La DH, 17 octobre 2018
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2023)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2014 à 2019, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
https://www.telesambre.be/16-09-11-portrait-de-m-f-nicaise_d_6304.html (s.v. décembre 2017)
https://www.telesambre.be/info/marie-francoise-nicaise-quitte-la-politique/29604 (s.v. avril 2024)

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)