Ransy Jean
Culture, Peinture
Baulers 11/03/1910, Jumet 06/12/1991
Pratiquant la peinture, la peinture murale, la confection de tapisseries elles aussi murales, de mosaïques et de vitraux, Jean Ransy est un artiste polyvalent dont le style se situe difficilement entre le symbolisme, le surréalisme et le réalisme magique. Peintre onirique selon certains critiques, poète démontant les frontières entre symbolisme et surréalisme, il est encore présenté comme un fantastique figuratif surréaliste… Par son souci du décor et sa maîtrise du trompe-l’œil, Jean Ransy invite au voyage, au rêve, aux fantasmes à travers des thèmes puisés dans l’antiquité ou le moyen âge.
Formé à l’Académie de Bruxelles après avoir suivi les cours de décoration industrielle de l’école industrielle de Gosselies, influencé par Delville et Montald, fugitivement par les plus latins des artistes de l’école de Laethem Saint Martin, Jean Ransy est sensible à toutes les écoles dans les années trente. Sa captivité durant cinq années dans les stalags oriente sa sensibilité artistique. De retour d’un voyage de découvertes artistiques en Italie, il est précipité dans la Drôle de Guerre (1939). Combattant de ’40, fait prisonnier de guerre, il connaît le stalag IX C où il croise notamment la route de Léon Norgez et Paul Biron, autres compagnons d’infortune. Peut-être faut-il voir dans le Jean Vieular que décrit Léon Norgez dans Brioche et Cie encagés le Jean Ransy, artiste-peintre prisonnier de guerre du kommando 546, à Weida, usine textile dépendant du IX C. Pour occuper le temps, il crayonne et rêvasse. Toute sa production est détruite lors de la libération du camp.
Ayant grandi dans un « pays noir et sauvage », captif durant cinq ans, Jean Ransy inscrit son œuvre dans une quête passionnée du Paradis Perdu, un paradis rempli d’anges, de grands dragons, d’ombres armurières, voire de cadavres gémissants, un paradis aux Églises chassées par les guerres atomiques, mais construites pour épouser la main et le cœur de Dieu. Wauthier qualifie Ransy de « classique contemporain allant puiser dans le passé mythologique ou architectural des lumières destinées à éclairer violemment le présent et le futur (...) c’est là apport uniquement réservé sans doute aux fantastiques wallons ».
Professeur aux Académies de Bruxelles et de Charleroi, l’artiste vit difficilement la confrontation de son monde intérieur avec la réalité du quotidien. Épris de la liberté, orgueilleux, Jean Ransy ne se fera pas que des amis auprès des critiques d’art et des marchands de tableaux. Prix du Hainaut 1955, membre du groupe Hainaut cinq, créé par Gustave Camus (1955), membre de l’Académie en 1970, Jean Ransy succède à Constant Montald et à Anto Carte à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, où il donne un cours d’art monumental.
En 1976, Jean Ransy qui participa à l’action de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie est l’un des 143 signataires de la Nouvelle Lettre au roi (29 juin), destinée à dénoncer l’extrême lenteur mise dans l’application de l’article 107 quater de la Constitution ; il plaide ainsi en faveur d’un fédéralisme fondé sur trois Régions : Bruxelles, Flandre et Wallonie.
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Jean-Luc WAUTHIER, Jean Ransy : ou la réalité transfigurée, Charleroi, Institut Destrée, 1977, coll. « Figures de Wallonie »
Alain VIRAY, Jean Ransy, Bruxelles, De Rache, 1982
Une certaine idée de la Wallonie. 75 ans de Vie wallonne, Liège, 1995, numéro spécial de La Vie wallonne, t. LXIX, p. 156
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 256, 288, 298 ; t. IV, p. 224
Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
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