Remouchamps Edouard
Culture, Lettres wallonnes
Liège 14/05/1836, Grivegnée 11/11/1900
Riche bourgeois disposant d’une relative aisance du fait des activités de meunerie développées par sa famille en Hesbaye, Édouard Remouchamps reprend la société familiale. Libéral et philanthrope, cet homme cultivé s’adonne à la poésie, française d’abord, wallonne ensuite, avant de se lancer dans le théâtre wallon. Œuvre de jeunesse écrite en 1859, Li Saveti est une œuvre dramatique qui tente de renouveler le théâtre wallon au creux de la vague. Membre de la Société liégeoise de Littérature wallonne, Édouard Remouchamps écrit peu (Les amours da Djeråd en 1878), mais connaît la consécration avec sa troisième pièce de théâtre. En 1884, la Société couronne en effet Tâti l’pèriquî et à la récompense s’ajoute la reconnaissance populaire.
Créée à Liège, sur la scène du Casino Grétry, le 10 octobre 1885, la pièce de théâtre Tâti l’pèriquî (Gauthier le perruquier) va rencontrer un succès s’inscrivant dans la durée. Progressivement, tout le monde en pays wallon va parler de cette comédie-vaudeville en trois actes et en vers due à la plume de ce bourgeois cultivé, venu au wallon en amateur. Après une dizaine de représentations en 1885 et 1886, la pièce est jouée plus de 75 fois en 1887. Interpellant le public sur des sujets politiques d’actualité, cette comédie bien ancrée dans son temps apparaît comme une sorte de Muette de Portici qui attend son heure pour enflammer une révolution wallonne… qui ne viendra pas.
Salué plus tard par Maurice Piron comme « le Molière du Bourgeois gentilhomme dont le wallon retrouvait la veine à travers la peinture d’un type de tous les temps : le richard imaginaire », Tâti l’pèriquî va contribuer à la renaissance du théâtre wallon (entre 1885 et 1910, deux mille pièces environ voient le jour), tout en alimentant la prise de conscience politique wallonne. Auteur peu abondant, Édouard Remouchamps n’écrit plus pour la scène après son Tâti qui devient à la fin du XIXe et au début du XXe siècle un personnage utilisé de manière fréquente dans la publicité.
Sources
Maurice PIRON, Anthologie de la littérature dialectale de Wallonie, poètes et prosateurs, Liège (Mardaga), 1979, p. 214-218
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 481-486 ; t. IV, p. 481-482
Musée des Beaux-Arts, Exposition Le romantisme au pays de Liège, Liège, 10 septembre-31 octobre 1955, Liège (G. Thone), s.d., p. 76
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 404
© Institut Destrée, Paul Delforge