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Ruth d'Ans Paul-Ernest

Eglises

Verviers 23/02/1653, Bruxelles 24/02/1728

Théologien janséniste, Paul-Ernest Ruth d’Ans a été en relation avec bon nombre de princes, cardinaux, savants et autres éminences de son époque. S’il ne compte certes pas parmi les figures marquantes du mouvement janséniste, sa vie apporte toutefois un éclairage sur celui-ci, sur les usages et procédés des tenants de cette doctrine et sur sa réception en pays wallon.

Issu d’une famille aisée de Verviers, faite « Bonne Ville » de la principauté de Liège peu de temps avant sa naissance, Paul-Ernest Ruth d’Ans était destiné à une vie ecclésiastique ; dès lors, il accomplit ses humanités au collège Saint-Bonaventure de Verviers avant de se former à la Philosophie et à la Théologie à l’Université de Louvain, alors berceau du jansénisme. Étudiant brillant, il gagne Paris à l’âge de vingt-deux ans, et y est accueilli par le théologien Antoine Arnauld, chef de file des jansénistes, dans l’entourage duquel il reste jusqu’à sa mort, en 1694. Sur son conseil, il se retire, durant plusieurs années, à Port-Royal des Champs, où il parfait ses connaissances théologiques et s’imprègne de la forme de pensée janséniste ; il reçoit les ordres mineurs à Beauvais, en 1677.
Sous la direction de l’historien prêtre Le Nain de Tillemont, Ruth d’Ans étudie l’histoire ecclésiastique et reçoit le sous-diaconat à Rotterdam, en 1682, le diaconat à Amsterdam, en 1684. Ordonné prêtre en 1689, il se fixe, l’année suivante, à Bruxelles – où Arnauld s’était réfugié suite aux mesures prises à son encontre par l’archevêque de Paris, en accord avec Louis XIV – et devient son secrétaire et confident.

Apprécié du duc de Bavière, gouverneur général des Pays-Bas espagnols, Paul-Ernest Ruth d’Ans est nommé aumônier de la duchesse de Bavière et chanoine de Sainte-Gudule, à Bruxelles. Accusé d’hérésie dans les années 1690, il est exilé une première fois et part pour l’Italie, Florence puis Rome, où il est accueilli favorablement par le pape Innocent XII, et devient, sur recommandation de ce dernier, docteur de la Sapience de Rome. Fort du soutien papal, il revient dans les Pays-Bas ; très vite, il est à nouveau frappé d’une nouvelle mesure d’exil (1698). Il regagne l’Italie, où le pape intervient en sa faveur. Réfugié à Liège, où il se place sous la protection du prince-évêque Joseph Clément de Bavière, qu’il avait contribué à asseoir sur le trône, il est rétabli en 1706, les Pays-Bas étant passés sous domination autrichienne. Il est encore nommé chanoine et doyen de l’église-cathédrale de Tournai, en 1711, fonctions que ses adversaires veillèrent à ce qu’il ne les exerce jamais.

Sources

Michel VAN MEERBEECK, Ernest Ruth d’Ans « Patriarche des Jansénistes » (1653-1728). Une biographie, Louvain-la-Neuve, Collège Erasme / Bruxelles, Nauwelaerts, 2006 (Bibliothèque de la revue d’histoire ecclésiastique, fasc. 87)
Henri HELBIG, dans Biographie nationale, t. 1, col. 319-323