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Santocono Girolamo

Culture, Littérature

Enna (Sicile) 08/05/1950

Redécouverte du local, expression de la sensibilité, affirmation du moi, exploitation de la mémoire, ces thèmes sont autant de signes révélateurs d’un nouveau mouvement, perceptible dans les lettres wallonnes et dans d’autres formes d’art, à partir des années 1960, dans lequel « l’apport italien […] est loin d’être négligeable ». En témoigne l’écrivain et animateur culturel Girolamo Santocono, installé dans le Borinage depuis son plus jeune âge.

Originaire d’un petit village sicilien, « qui a exporté les trois quarts de sa population en Belgique et aux États-Unis », Girolamo Santocono et sa mère débarquent dans le Hainaut, à Morlanwelz, en 1953. Venus rejoindre le père de « Toni », qui, depuis 1951, travaille dans les mines de la région du centre, en vertu de l’accord belgo-italien de 1946 « Des hommes contre du charbon », ils vivent à L’Étoile, un quartier de Morlanwelz composé d’anciens camps de prisonniers de guerre, initialement destinés aux allemands, et recyclés en logements pour les immigrés italiens. Ils emménagent ensuite dans la rue de l’église, dans laquelle résident exclusivement des familles  italiennes. Étudiant à l’athénée de Morlanwelz où l’un de ses professeurs se nomme Jean Louvet, Girolamo Santocono étudie ensuite la Sociologie à l’Université libre de Bruxelles. Son diplôme en poche, il s’essaie dans divers registres, notamment ceux de la chanson et de la musique, avant de travailler dans le secteur socio-culturel.

Arrivé tardivement à l’écriture, c’est la préparation d’une émission de radio au cours de laquelle il raconte ses souvenirs d’enfance, qui lui inspire son premier roman, Rue des Italiens (1986), qui sera récompensé du Prix Charles Plisnier 1987. Girolamo Santocono relate sa propre enfance – l’installation des Italiens dans les régions minières de Wallonie, dans les années 1950 –, témoignage des conditions de vie de ces populations et de leur accueil et de leur intégration plus ou moins difficile. Ses origines, le milieu italien immigré, la région des charbonnages, sont également traités dans son deuxième roman, Dinddra, publié en 1998.

Directeur-animateur du centre culturel de Chapelle-lez-Herlaimont, Girolamo Santocono met un point d’honneur à proposer une programmation éclectique visant à « montrer des artistes qui font évoluer le monde ». Engagé, il aime aller à la rencontre des jeunes dans les écoles, leur expliquer son travail d’écrivain, les amener à s’exprimer sur le monde. À la fin de l’année 2015, Girolamo Santocono a laissé sa place à la direction du centre culturel de Chapelle-lez-Herlaimont.

Sources

Annamaria LASERRA (dir.), Album Belgique, Bruxelles [etc.], PIE-Peter Lang, 2010, p. 205 ; 208
Jean-Marie KLINKENBERG, dans Bruno DEMOULIN (dir.), Histoire culturelle de la Wallonie, Bruxelles, Fonds Mercator, 2012, p. 170
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, dont Le Soir 16 juin 1996, 27 février 2002, 7 décembre 2002
Flavia CUMOLI, « Perdus dans le paysage : la prolongation de la culture rurale italienne dans les bassins miniers de Wallonie », dans Revue belge d’Histoire contemporaine, 2007, n° 3-4, en ligne sur http://www.journalbelgianhistory.be/fr/system/files/article_pdf/BTNG-RBHC,%2037,%202007,%203-4,%20pp%20419-443.pdf (s.v. janvier 2016)

Œuvres principales

Rue des Italiens, roman (1986)
Dinddra, roman (1998)
Ça va d'aller...Y a pas d'avance, nouvelles (2018)