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Steinbach Henri-Joseph

Socio-économique, Entreprise

Malmedy 11/03/1758, Malmedy 01/07/1829

À la fin de l’Ancien Régime, quand Malmedy et Stavelot formaient encore une principauté abbatiale, les moines bénédictins de Malmedy étaient à la tête d’une petite entreprise de production de papier et surtout de carton. Certes vouées essentiellement à la vie religieuse, les abbayes – nombreuses en pays wallon – jouent en effet un rôle déterminant dans la vie économique. Au bord de la Warche, la papeterie abbatiale de Malmedy existe depuis 1753. Elle reste la propriété des moines jusqu’en 1795 et l’annexion de la principauté à la France.

Au moment des événements révolutionnaires et surtout de la confiscation, puis de la vente des biens du clergé, un duo de trafiquants liégeois se porte acquéreur des biens des Bénédictins (1797), avant de les revendre, en mai 1801, à trois Malmédiens, dont Henri-Joseph Steinbach. Celui-ci est le fondateur de la dynastie familiale des industriels du papier qui se succèdent à Malmedy tout au long du XIXe siècle.

Les Steinbach sont de longue date installés à Malmedy ; la tannerie est leur activité principale. Le désordre provoqué par les événements révolutionnaires des années 1789-1790 et les passages de troupes qui en résultent conduisent une branche des Steinbach à installer ses activités de fabrication de cuir à Andenne, dans le comté de Namur (1793). L’autre branche, dite Steinbach de la Saulx, reste en bordure de la Warche. Fils d’un ancien bourgmestre de Malmedy, Henri-Joseph Steinbach s’adapte rapidement au régime nouveau et devient d’ailleurs commissaire dès le début du régime français (1795). Spécialisé dans la tannerie, l’entrepreneur a fort à faire avec la concurrence locale. Il élargit par conséquent ses activités avec l’acquisition de la papeterie fondée au XVIIIe siècle par dom André Vecqueray. En 1806, quand il parvient à racheter les parts de ses deux associés, J-F. Darimont et Fr-H. Neuray, il devient le seul propriétaire de la Papeterie Steinbach, ainsi que de l’église abbatiale, des terres et biens dépendant du monastère. Déjà à ce moment, il ne parvient à rencontrer la demande émanant des manufactures verviétoises du textile tant la demande est forte.

Fabriquant des papiers de qualité variée (pour l’écriture, l’emballage des denrées alimentaires, du tabac…) et de carton à lustrer les étoffes de laine et de soie pour l’industrie textile, Henri-Joseph donne l’impulsion aux activités de l’industrie papetière, dont héritera son fils (Nicolas-Henri-Ignace). Son mariage avec Albertine Monique Josèphe de la Saulx lui a permis de sceller une alliance avec une autre importante famille de Malmedy, les Cavens, dont faisait partie le dernier directeur de la papeterie des Bénédictins, dom Henri Cavens.

Sources

Philippe KRINGS, Fritz Maiter et les cent ans de notre hôtel de ville, dans Malmedy Folklore, Malmedy, 2001-2002, t. 59, p. 27-28
Robert CHRISTOPHE, Malmedy, ses rues, ses lieux-dits, dans Folklore. Stavelot - Malmedy - Saint-Vith, Malmedy, 1979, t. 43, p. 32
Wallonia, t. 12, n°1, janvier 1904, p. 267 ; L’Écho du Parlement, 17 septembre 1865 ; La Meuse, 25 mars 1869
Joseph BASTIN, Les origines de la papeterie-cartonnerie de Malmedy, dans Armonac Walon d’Mâm’dî, 1937, p. 97-98
Maurice LANG, Dom André Vecqueray, fondateur de la papeterie abbatiale de Malmedy, et sa famille, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1952, t. XVI, p. 51-91
Maurice LANG, Généalogies, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1965, t. XXIX, p. 59-70
Walter KAEFER, Propos d’archéologie industrielle, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1981, t. XLV, p. 5-21
Walter KAEFER, La papeterie Steinbach en 1812, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1995-96, t. 56, p. 33-37
Anne RENARD, L'industrie de la tannerie à Stavelot et Malmédy sous le régime français, Université de Liège, mémoire inédit en histoire, 1984
Denise NOËL, Contribution à l'histoire religieuse des cantons de Stavelot et de Malmédy sous le régime français, Université de Liège, mémoire inédit en histoire, 1951