Trasenster (Jean-)Louis

Socio-économique, Entreprise

Beaufays 10/01/1816, Liège 01/01/1887

Professeur de l’Université de Liège (1846), fondateur et président (de 1847 à 1885) de l’Association des anciens Ingénieurs de l’Université de Liège (AILg), recteur de 1879 à 1886, Jean-Louis Trasenster oriente durablement son institution vers le domaine des sciences, favorise l’École des Mines, tout en s’intéressant à une série de questions qui dépassent les seules préoccupations des ingénieurs.

Diplômé de l’École des Mines de Liège (1838), il est nommé « sous-ingénieur de l’État au district de Liège » (1842), mais fait surtout carrière dans son Université, où il réorganise profondément l’enseignement des Écoles spéciales et favorise la création d’Instituts de recherche. Professeur extraordinaire (1846), professeur ordinaire (1855), il donne le cours « d’exploitation des mines ». Inspecteur des études à l’École spéciale des Mines, le recteur ouvre les portes de son institution aux jeunes filles à partir de 1881, faisant ainsi œuvre de pionnier. Par ses différentes initiatives, il contribue surtout à placer le savoir au-dessus de la pratique et à ranger l’artisan au second rang, derrière l’ingénieur omnipotent. À partir de 1858, il dirige le Musée d'Exploitation des mines de Liège, réunissant des collections diverses relatives aux domaines minier et métallurgique.

Par son mariage avec Marie Desoer, Louis Trasenster devient le gendre de l’éditeur du quotidien libéral Le Journal de Liège et renforce aussi la présence de sa famille (qui doit sa fortune à ses activités dans le secteur de l’agriculture) dans les réseaux industriels liégeois. Administrateur de la SA des Charbonnages et Hauts fourneaux d’Ougrée (1852), il emmène en 1853 un consortium qui obtient la concession de gisements près de Duisbourg. Depuis 1851, il est encore ingénieur-consultant auprès des Établissements Cockerill. Sur le plan politique, son beau-père l’invite à manifester publiquement ses opinions libérales. Au-delà de quelques papiers dans le quotidien doctrinaire, Trasenster qui s’est lié d’amitié avec Walthère Frère-Orban se hasarde sur le terrain électoral, mais ne parvient pas à émerger lors des élections internes à sa propre formation politique.

Auteur de nombreuses publications, scientifiques comme politiques, Trasenster a notamment publié, en 1848, la première partie d’un ouvrage qui n’aura pas de second volume et intitulé : De la nationalité belge ou des idées politiques et religieuses en Belgique, avec en exergue « Dieu, Patrie, Liberté ». Par réaction à la puissance de la France, l’auteur était profondément convaincu que la Belgique avait un rôle à jouer dans le concert des nations, en étant un petit État libéral, attentif à la protection de ses minorités. Chrétien, anticlérical et franc-maçon, opposé à l’instruction obligatoire, philanthrope, membre de la Société Franklin et de la Société libre d’Émulation, Transenster a été un homme de pouvoir, doté d’une personnalité qui a marqué profondément son époque.

 

Sources

Michel ORIS, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
Bruno MAGERMAN, Louis Transenster, l’ingénieur et l’universitaire, (s.v. novembre 2013)
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 585
Musée des Beaux-Arts, Exposition Le romantisme au pays de Liège, Liège, 10 septembre-31 octobre 1955, Liège (G. Thone), s.d., p. 219, 227
L. DENOËL, dans L’Université de Liège de 1867 à 1935. Liber Memorialis, Liège, 1936, t. II, p. 413-417
Alphonse LE ROY, dans L’Université de Liège depuis sa fondation. Liber Memorialis, Liège, 1869, col. 957-963