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Vieillevoye Barthélemy

Culture, Peinture

Verviers 04/02/1798, Liège 30/07/1855

L’art du portrait est fort prisé dans le pays wallon de la première moitié du XIXe siècle. Une grande quantité d’artistes s’y adonne, mais rares sont ceux qui se distinguent. Dans les exceptions figure le peintre verviétois Barthélemy Vieillevoye dont l’inspiration s’exprimera aussi dans la peinture de genre et la peinture historique. De 1836 à 1855, il a été le premier directeur de l’Académie de Liège.

Fils d’un tisserand verviétois, Vieillevoye révèle très jeune des prédispositions pour le dessin ; ayant abandonné les études, occupé à des tâches de bureau, il apprend la peinture et le dessin auprès d’un vieux maître nommé Gyselin ; au décès de ce dernier, il le remplace au Collège de Verviers (1814-1816). Sur le conseil de Rutten, bourgmestre de Verviers, le père Vieillevoye consent au sacrifice d’envoyer son fils à Anvers, à l’Académie, auprès du professeur Van Brée, pour travailler son talent. Les débuts sont laborieux, mais il est encore aux études quand il réalise un autoportrait (1819) annonciateur de son genre préféré, mais surtout de sa technique. Dans un premier temps, Vieillevoye dessine en effet avec la plus grande des précisions les traits du visage ; ensuite, il recouvre la face d’un aplat rehaussé de glacis plus ou moins intense chargé d’accentuer la saillie du dessin. Enfin, par des touches claires et épaisses qui contrastent avec le modelé lisse et fin de l’ensemble, il apporte des lumières sur une toile qui fourmille de détails et dont les couleurs restent froides, voire glacées.

Alternant personnes âgées ou jeunes enfants anonymes, Vieillevoye répond aussi à des commandes de riches bourgeois ; en 1826, il a la chance de peindre un jeune virtuose verviétois, Henri Vieuxtemps, appelé à un bel avenir. Jusqu’en 1855, Viellevoye réalisera quant à lui près de 200 portraits, souvent de bourgeois, industriels, professeurs d’université, docteurs ou notaires, de Verviers ou de Liège.

Après avoir exercé comme professeur intérimaire à Anvers et exposé à Amsterdam et à Gand, Vieillevoye est revenu en pays wallon au lendemain des Journées de Septembre 1830 ; il est bardé de prix, de bourses et de récompenses du gouvernement, sans toutefois avoir décroché le Prix de Rome ; à Verviers, les commandes de portraits affluent, tandis qu’il expose ses propres compositions. En 1837, Vieillevoye quitte sa ville natale pour s’établir à Liège quand il est nommé à la direction de la toute nouvelle Académie et quand il devient le conservateur, responsable du Musée des Beaux-Arts. Il occupera ces fonctions jusqu’à son décès, en 1855, et attirera nombre d’élèves vers la peinture de genre, le tableau historique ou le portrait, sans s’intéresser au paysage.
Durant cette période, Vieillevoye fait fi du romantisme ambiant, pour donner une dimension plus personnelle à ses portraits. À l’instar de François-Joseph Navez, son style ne cherche pas nécessairement à idéaliser son modèle ; parfois, il en force les traits et se montre féroce à l’égard de ses contemporains, voire de lui-même, comme dans un second autoportrait réalisé à la fin de sa vie.

Néanmoins, comme ses contemporains, Vieillevoye s’est laissé tenter par la « peinture d’histoire » et par la représentation de scènes populaires (par ex. ses Boteresses), ou religieuses. Très tôt (vers 1818), un membre de la famille Simonis lui avait passé commande de dix tableaux représentant l’histoire de l’amour et de psyché pour sa maison de campagne. Après 1830, naviguant entre romantisme et réalisme, il trouve ses sujets d’inspiration notamment dans des événements majeurs de l’histoire de la principauté de Liège. Le portraitiste signe un étonnant Notger (accroché au Palais provincial de Liège), avant de concéder au romantisme Un épisode du sac de Liège par Charles le Téméraire en 1468 ; quant à sa représentation de l’Assassinat de La Ruelle (1853), dans un grand format (près de 25m²), elle fera l’objet de critiques… assassines lors de sa présentation à Bruxelles en 1854. Cette mesquinerie de la dernière heure aura raison de la santé du « peintre de province » mouché par « les critiques de la capitale ».

Sources

Jules BOSMANT, La peinture et la sculpture au pays de Liège, de 1793 à 1930, Liège, Mawet, 1930
Musée des Beaux-Arts, Exposition Le romantisme au pays de Liège, Liège, 10 septembre-31 octobre 1955, Liège (G. Thone), s.d., p. 131
Mémoires de Barthélemy Vieillevoye [datées du 17 décembre 1848], dans Bulletin de la Société scientifique et littéraire du Limbourg, juin 1858, t. III, 2, 84 p.
La Meuse, 9, 10 et 11 juillet 1858 ; La Meuse, 22 octobre 1862
Maurice PIRENNE, Les anciens peintres verviétois, dans La Vie wallonne, n°17, 15 janvier 1922, p. 204-211
Jules BOSMANT, J-B. Vieillevoye, dans La Vie wallonne, n°124, 15 décembre 1930, p. 177-182
Michel BEDEUR (préf.), Remember, Nos Anciens. Biographies verviétoises 1800-1900, parues dans le journal verviétois L’Information de 1901 à 1905, Verviers, éd. Vieux Temps, 2009, coll. Renaissance, p. 111-112
Jean BROSE, Dictionnaire des rues de Liège, Liège, Vaillant-Carmanne, 1977, p. 33
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), t. II, p. 507, 534, 556