Villette François Laurent

Science, Physique

Liège 01/01/1729, Flémalle-Grande 22/10/1809

Au XVIIIe siècle, la principauté de Liège est prise d’une effervescence certaine pour les arts, les sciences et les idées nouvelles, plus ou moins importante selon la personnalité du prince-évêque en place. C’est dans cette atmosphère qu’évolue un physicien important dont la famille est originaire de Lyon. Son grand-père, François Villette (Lyon 1621, Lyon 1698), à la fois artificier et opticien, était devenu « l’ingénieur du Roy » Louis XIV ; son père, Nicolas-François (Lyon ?, Liège 1736), avait conforté la solide réputation familiale dans le domaine de la fabrication d’instruments d’optique, miroirs mais aussi microscopes. En 1698, il s’était installé à Liège où il avait ouvert un atelier, avant de devenir « l’ingénieur et l’opticien du prince-évêque ».

Ainsi est-ce à Liège que naît François Laurent Villette ; après s’être formé à Paris auprès de l’abbé Mollet (1752) avec lequel il restera en liaison épistolaire dans les années 1760, il poursuit les activités familiales de constructeurs d’instruments, tout en s’intéressant à toutes les nouveautés de la physique, surtout à l’électricité. Comme son père, il devient « l’opticien du prince », à l’époque Charles-Nicolas d’Oultremont. Les cours de physique qu’il donne à l’hôtel de ville de Liège de 1769 à 1771 n’attirent pas la foule, mais ils frappent fortement certains esprits, comme l’ont montré Robert Halleux et Pascal Lefèvre : autour de Villette se forme un cercle d’érudits dont les noms évoquent une avancée dans un domaine particulier de la science ou de l’industrie. J-J-D. Dony inventera le procédé liégeois de fabrication du zinc ; Jean Démeste est un chimiste qui fera carrière à Paris ; Louis-François Desaive trouvera du sel de Glauber dans le charbon des mines des environs de Liège et mettra au point un procédé pour extraire l'ammoniaque de la suie du charbon ; quant à Etienne-Gaspard Robert, dit Robertson, il se rendra célèbre tant par ses  fantasmagories que par ses ascensions en ballon.

Sous le règne de François-Charles Velbrück, le physicien liégeois eut davantage d’écoute. Son microscope est acheté par le prince-évêque qui donne à Villette le titre de « conseiller honoraire ». Par ailleurs, Villette est l’un des membres fondateurs de la Société d’Émulation, cette académie qui bénéficie de la bienveillante protection (notamment matérielle) du prince-évêque Velbrück, avant que son successeur (François de Hoensbroeck) n’interdise à ses membres de se rassembler (25 février 1792). Trésorier de la Société depuis 1778, Villette contribue à la reprise de ses activités, en mai 1796, et à sa véritable renaissance à partir de février 1809. Les premiers concours organisés dans les années 1780 par la Société d’Emulation donnèrent à Villette l’occasion de présenter des innovations importantes en matières hydrauliques et surtout d’électricité. Si d’autres inventeurs passèrent à la postérité avec les idées de Villette, ses contemporains reconnurent cependant ses mérites et, sous l’administration française, il lui fut proposé d’occuper la chaire de physique et de chimie expérimentales de l'École centrale de  Liège. À défaut d’accepter le poste d’enseignant, Villette livra les machines nécessaires au cabinet de physique de l’établissement.

 

Sources

Robert HALLEUX, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 370
Pascal LEFÈBVRE, dans Nouvelle Biographie nationale, t. 3, p. 342-345