Warocqué Isidore
Socio-économique, Entreprise
Mons 17/09/1771, Dunkerque 07/05/1848
C’est à Mons avec Isidore et son frère Nicolas que commence la saga des Warocqué, famille fortunée du Hainaut, qui s’éteindra au cours de la Grande Guerre avec Raoul, dernier de la lignée.
Fils d’un boutiquier, Isidore Warocqué est déjà fort actif dans le commerce du charbon quand surviennent les événements révolutionnaires de 1789 et leurs suites. Quel que soit le régime, chacun a besoin de charbon et le commerçant est en situation, dès 1795, d’ajouter à son négoce une activité de banquier. Spéculant sur les biens nationaux, prêtant de l’argent à l’administration de Jemappes, il s’impose comme un interlocuteur nécessaire pour nombre d’industriels du charbon, du verre ou de la sidérurgie. Il est aussi actif dans le secteur de l’agriculture, en particulier dans la culture de la betterave. Avec son frère Nicolas, Isidore développe un réseau croisé de relations dans le monde des affaires et de l’administration. Lui-même est membre du Conseil général du département de Jemappes (1803), il représente l’Ordre des villes au sein des États-Généraux du Hainaut en 1816, il siège au Conseil de Régence de 1817 à 1834, il préside le tribunal de Commerce de Mons de 1812 à 1832 et se trouve encore au sein de l’active Chambre de Commerce de Mons (jusqu’en 1834).
Quatrième fortune de la place de Mons à la fin du régime français, Isidore Warocqué ne va pas pouvoir résister au brusque changement de régime de 1830. En plus de placements hasardeux, la faillite du projet Hannonet-Gendarme emporte ses derniers espoirs. C’est la déconfiture pour la banque Warocqué qui n’a pas fait preuve de suffisamment de rigueur. La Société générale se retourne contre le Montois dont la faillite est prononcée le 1er juillet 1834. Ruiné, il se réfugie à Dunkerque pour échapper à la condamnation que prononce contre lui le tribunal de commerce de Mons. Ayant davantage investi dans le charbon, son frère Nicolas lui sauvera quelque peu la mise ; néanmoins, Isidore Warocqué peut être considéré comme l’un des fondateurs de la Société minière de Mariemont.
Sources
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 654-655
Jacqueline RASSEL-LEBRUN, La faillite d’Isidore Warocqué, banquier montois du début du XIXe siècle, dans RBHC, 1973, IV, 3-4, p. 429-471
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 375, 376
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. II, p. 28
Paul Delforge