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Wilmes Philippe

Fonction publique

Etterbeek 04/03/1938, Grez-Doiceau 24/05/2010

Né juste avant la Seconde Guerre mondiale, Philippe Wilmes perd ses parents, en mai 1940, dans un bombardement qui touche le village de Limal. Orphelin, il est recueilli par ses grands-parents et il grandit en province de Luxembourg, où il rêve d’évasion et de montagne, sans doute de Maurice Herzog plantant le drapeau français au sommet de l’Annapurna. 

Échafaudant son avenir pour disposer de temps pour s’adonner à l’alpinisme, il s’engage dans la marine marchande une fois terminées ses humanités gréco-latines à l’Athénée de Virton : matelot, officier, il revient sur terre après sept années en mer pour entreprendre des études de Droit à l’Université libre de Bruxelles. Alpiniste professionnel, Philippe Wilmes fait valoir son doctorat universitaire (décroché en 1967) pour s’ouvrir les portes de la Compagnie maritime belge. Se passionnant pour la finance, il entreprend une licence en Sciences économiques appliquées à l’Université catholique de Louvain et est assistant pendant son doctorat (défendu en 1973), avant de s’occuper de l’Institut d’administration et de Gestion de l’UCL. Pendant une année, il séjourne ensuite aux États-Unis où il est engagé par le département d’ingénierie de l’océan du Massachusetts Institute of Technology de Boston. Chargé de cours en Grande-Bretagne et au Canada, il entre en politique, en 1975, quand il est recruté comme technicien au sein du Cabinet de Jean Gol, ministre régional en charge de l’Économie wallonne, et membre du Comité ministériel des Affaires wallonnes durant la période de la régionalisation provisoire (1974-1977).

Poursuivant son expérience entre politique, monde académique et industrie, Philippe Wilmes ne suit pas Jean Gol dans son parcours qui le conduit du Rassemblement wallon vers le PRL, mais s’oriente plutôt vers le PSC. Commissaire du gouvernement dans le dossier de la Société de Développement régional de Wallonie (1978-1979), il siège au sein du comité de direction de la toute nouvelle Société régionale d’investissement de Wallonie et, au début des années 1980, en devient le vice-président, avec le soutien appuyé de la démocratie chrétienne. À ce titre, il se spécialise dans la création de sociétés chargées de coordonner les initiatives en matière de haute technologie, en particulier de biotechnologie. Espérant succéder à Antoine Humblet à la présidence de la SRIW, Philippe Wilmes conserve une vice-présidence quand Bernard Marchand est désigné à la tête de la SRIW réformée (1984), mais il l’abandonne quand Fernand Herman renonce à la présidence de la SNI : cette circonstance lui ouvre de nouveaux horizons. À la même époque, Wilmes avait été pressenti pour présider une société de promotion des industries culturelles (SPIC), projet qui ne fut finalement pas réalisé.

Administrateur puis président « francophone » de la Société nationale d’investissement, désigné en 1985, il siège à ce titre dans une vingtaine d’autres conseils d’administration et agit de concert avec les Régions pour soutenir leur politique industrielle ; néanmoins, celui qui s’est fermement opposé à la régionalisation de « sa » SNI en 1988 oriente le holding public national davantage vers des investissements porteurs, que dans des opérations de sauvetage d’outils anciens. Initiateur de la Sofinim (août 1989), Philippe Wilmes cherche à introduire la SNI en bourse et la conduit à investir dans les secteurs de l’énergie, de la finance et des transports. En quelques années, la SNI noue de nombreuses conventions avec des partenaires privés et met en place un écheveau de participations entremêlées. Plus de trois quarts de ses investissements sont en Flandre.

Le bilan de la SNI est positif, mais son président est contraint de se plier à la politique imposée par le gouvernement fédéral à partir de 1993 : la privatisation de l’équipe Dehaene s’apparente alors à une vente par appartements au secteur privé des secteurs les plus porteurs de la SNI. Durant l’été 1994, quand est constituée la Société fédérale d’investissement (SFI), chargée de gérer les actifs non vendus par l’État, Philippe Wilmes en prend la présidence. En 1995, il refuse un mandat au FMI. En 1997, il représente le PSC au sein de la SA Société de développement de l’ouest du Brabant wallon (SDO), chargée de la reconversion d’une région particulièrement touchée par la faillite des forges de Clabeq. Président de la Société belge d’investissement international (SBI), il est en charge d’une société à capitaux publics, chargée de prendre des participations dans des secteurs en devenir ou stratégiques pour l’économie belge (1995-2010).

Actif au sein de l’association des économistes belges de langue française, Philippe Wilmes contribue notamment à la réflexion sur la place des régions dans le grand marché européen qui s’ouvre en 1993. Professeur de gestion à l’Université catholique de Louvain, administrateur général de la dite université, il y contribue à l’ouverture de la chaire Hoover (1992).

Professeur extraordinaire émérite de la Louvain School of Managment (2003), administrateur de Tractebel dans les années 1990, membre du Conseil de régence de la Banque nationale de Belgique (1993-2005), membre du Conseil supérieur des finances, de la Banque des règlements internationaux, administrateur d’Investsud, membre du comité de rédaction de Trends-Tendances, il préside et est membre également des conseils d’administration de Bio SA, de Fluxys, de la CNP d’Albert Frère ou de la Sonaca. Administrateur et membre du comité de gestion de la Sabena, quand il était président de la SNI, il avait quitté ces deux fonctions en juin 1990, non sans avoir apporté le soutien financier de la SNI à la société aérienne. Son expertise dans le domaine aérien le désignera plus tard comme administrateur de la Sobelair ; et en avril 2001, propulsé dans le conseil d’administration de la Sabena pour la sauver de la faillite, il est parmi les administrateurs qui tentent de relancer une nouvelle activité aérienne à partir de la DAT, ancienne filiale régionale de la Sabena. En vain.

Sophie, une des deux filles de Philippe Wilmes, est devenue la première femme à assumer la direction du gouvernement belge en 2019 et 2020.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, dont Le Soir, 3 août 1991 et presse quotidienne, 26 mai 2010, dont Trends Tendance
Antoine HUMBLET, Un entrepreneur en politique, Bruxelles, Racine, 1994, p. 168-169, 175-176, 180, 184