Wilmet Marc

Académique, Philologie

Charleroi 28/08/1938, Bruxelles 10/11/2018

Linguiste amoureux de la langue française, Marc Wilmet est l’un des plus grands spécialistes du moyen français, auteur d’une grammaire « résolument iconoclaste », plusieurs fois rééditée, à contre-courant du sacro-saint ouvrage de Grevisse, un autre Wallon, modèle de base de la grammaire française. Dans son œuvre majeure, Grammaire critique du français, éditée pour la première fois en 1997, Marc Wilmet récuse la grammaire dite scolaire, qui est, selon lui, « un tissu d’âneries, un château de cartes branlant, une casuistique dont le prototype le plus connu du public est Grevisse, [dont l]a grammaire entasse les monstruosités de toutes les autres, au point de vue théorique », et entend dénoncer « les raisonnements faux qui [la] traversent ».

Hennuyer, Marc Wilmet grandit à Erquelinnes, dans la région de Thuin. Dès l’âge de sept ou huit ans, il s’intéresse à la langue française et en analyse les mots et les phrases. Diplômé de l’Athénée de Koekelberg (1956), il s’inscrit en Philologie romane à l’Université libre de Bruxelles. Licencié et agrégé de l’enseignement moyen supérieur (1960), il devient professeur à l’Athénée de Woluwé-Saint-Lambert, où il restera jusqu’en 1966, année de sa nomination comme aspirant du Fonds national de la Recherche scientifique. Pour obtenir son doctorat (1968), il fait œuvre de pionnier en soutenant une thèse sur Le système de l’indicatif en moyen français, période « coincée entre les deux époques de haute culture que sont le XIIIe siècle et la Renaissance, […] restée jusque-là le parent pauvre des études médiévales ». En 1980, il publiera une Syntaxe du moyen français, fort remarquée.

Chargé de conférence à l’Université Lovanium de Kinshasa (1968), professeur adjoint à l’Université de Sherbrooke, l’année suivante, il est nommé, à son retour en Belgique, chargé de cours à la Vrije Universiteit Brussel, puis professeur ordinaire, charges qu’il assumera quelques années plus tard à l’Université libre de Bruxelles. À côté de la recherche, l’enseignement occupe une place importante parmi les nombreuses activités de Marc Wilmet : il dispense des cours comme professeur invité aux universités de Jérusalem, Nice, Cologne, Saint-Jacques de Compostelle, Milan, Bologne et Tsuhuba, et sera fait docteur honoris causa de l’Université d’Uppsala (Suède).

Auteur de quelque trois-cents articles et nombreuses publications de linguistique générale et française, de grammaire historique du français et de stylistique, Marc Wilmet s’intéresse également à Georges Brassens à qui il consacre un ouvrage, en 1991, à Marcel Proust, et s’essaie avec succès au conte linguistique, en 1994, avec Antepost, fiction poétique récompensée du Prix Gilles Nélod du conte.

Codirecteur de la revue Travaux de linguistique et de la collection Champs linguistiques éditées chez De Bœck-Duculot, l’auteur de la Grammaire critique du français a également été président et membre d’honneur à vie de la Société internationale de Linguistique romane. Membre de l’Académie de Langue et de Littérature françaises de Belgique, il a reçu le Prix Francqui (1986) pour ses recherches « dans le domaine de la linguistique française et en particulier des études sur le moyen français dont il a été un des rénovateurs ».

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, dont La Libre, 15 octobre 2003
http://www.arllfb.be/composition/membres/wilmet.html
José FONTAINE, « La grammaire critique du français (de Marc Wilmet) », dans Toudi, n° 7-8, décembre 1997

Œuvres principales

Le système de l’indicatif en moyen français (1970)
Gustave Guillaume et son école linguistique (1972)
Études de morphosyntaxe verbale (1976)
Syntaxe du moyen français (1980)
La détermination nominale (1986)
Georges Brassens libertaire : la chanterelle et le bourdon (1991)
Antepost. Conte linguistique (1994)
Grammaire critique du français (1997)
Le participe passé autrement : protocole d’accord, exercices et corrigés (1999)
Grammaire critique du français (2007)