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Wouters Ariste

Humanisme-Egalité

Jeneffe 03/03/1949, Liège 10/11/2007

Amorcée au tournant des années 1970 et 1980, la croisade utopiste d’Ariste Wouters a donné naissance à la Teignouse, un service d’aide en milieu ouvert, actif en Ourthe-Amblève-Condroz, qui fait figure de modèle en matière de prévention sociale, en Wallonie comme à l’étranger.

Dernier enfant d’une famille nombreuse ouvrière, peu enclin aux études, Ariste Wouters est principalement passionné par ses activités dans les mouvements de jeunesse. Apprenti-peintre en bâtiment (1966), il entre comme novice chez les Franciscains et se forme au métier d’éducateur. Son sacerdoce est davantage social que religieux ; il quitte l’ordre franciscain, est employé dans des institutions d’aide à la jeunesse (Chênée, Filot, etc.) et se fait syndicaliste FGTB, tant les conditions de travail des éducateurs lui paraissent précaires. Installé à Florzé, il est actif dans la gestion d’une coopérative, tout en travaillant au home Les Myosotis (future La Tramontane). Animateur social, il cherche à s’éloigner du travail en milieu fermé, et acquiert une propriété à Rouvreux : il la transforme en centre de vacances et de formation pour jeunes en sérieuses difficultés, encadrés par de tout aussi jeunes bénévoles ; Ariste Wouters se charge de la formation des animateurs et, en 1981, il crée l’asbl « Animateurs sans frontières » (ASF). Parallèlement, il devient éducateur au collège Saint-Roch à Ferrières et dirige brièvement son internat.

Quand ASF est reconnue par la Communauté française en 1984, cette asbl déploie des activités de « vacances », d’animations service sur demande, un groupe d’éducation sexuelle qui deviendra le centre de planning familial d’Aywaille, et un groupe d’accueil et d’écoute (Centre de jeunes d’Aywaille). Convaincre les jeunes de se rendre dans son centre, établir un dialogue, les occuper en créant des ateliers ou des activités (mécanique, théâtre, marche d’orientation, camp de vacances, etc.), tel est le défi social que rencontre Ariste Wouters à Aywaille, quand il parvient à convaincre le centre paroissial d’ouvrir ses locaux à ces jeunes en marge de la société. Lors de la visite du pape, en mai 1985, un événement est créé pour attirer l’attention de l’opinion publique sur la détresse vécue par certains jeunes issus des milieux ruraux. Mais, à côté du spectaculaire, il y a le quotidien qu’il faut gérer et Wouters entend que l’écoute et l’accueil puissent se faire 24 heures sur 24 ; ce sera le réseau « Parents-Secours » Ourthe-Amblève créé au début des années 1990. Les initiatives de Wouters se multiplient ; certains édiles locaux le soutiennent. Et, en 1989, une nouvelle asbl, active sur le très large territoire de l’Ourthe-Amblève, voit le jour : La Teignouse, du nom d’un phare breton.

Rassemblant toutes les activités développées à l’initiative de Wouters dont aussi des écoles de devoir, une maison de la prévention, des espaces jeunes, etc., cette structure professionnalise l’action sociale, tant dans l’aide en milieu ouvert (AMO) que dans la prévention (SRP) où elle établit des collaborations avec les communes (Contrats prévention notamment). Initiateur d’une cellule sociale au sein du Groupement régional économique d’Ourthe-Amblève (GREOA), Ariste Wouters, soutenu par les pouvoirs publics locaux, fait œuvre de pionnier en matière de prévention en Wallonie : l’exemple est d’ailleurs mis en évidence dans une série de colloques internationaux. S’adaptant aux différents plans de lutte contre l’exclusion sociale lancés par le fédéral et la Région wallonne, ainsi qu’à de réelles difficultés de gestion, le « Service régional de Prévention La Teignouse » s’impose néanmoins comme un instrument modèle, s’intégrant autour du noyau central de l’Action régionale de prévention intégrée (ARPI), créé au début des années 2000.

Invité par les services universitaires du CHU de Liège à enseigner aux futurs médecins généralistes les réactions appropriées par rapport aux assuétudes, Ariste Wouters ne manque pas de projets et sait communiquer. Ainsi, en 2002, paraît une bande dessinée, À la recherche de Nicolas, réalisée par des professionnels et destinée à sensibiliser les jeunes aux assuétudes. Aqua-Fiesta, le bar à soupe, la charte « cafés-futés », le bar à salades, l’A.I.R. Bus, Spirale sont quelques-uns des autres projets inspirés par cet animateur social qui s’intéressa aux personnes victimes de l’exclusion sous toutes ses formes (personnes isolées ou précarisées, victimes de l’alcool ou de la drogue, etc.). Depuis 2007, un fonds Ariste Wouters décerne un prix pour soutenir un projet en faveur des jeunes et des familles fragilisés en région Ourthe-Amblève-Condroz.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse dont Le Vif l’Express, août 1989, Le Soir, La Libre, Vers l’Avenir, 13 et 14 novembre 2007
Jean-Claude BALTHASART, Ariste, un phare pour la Teignouse, s.l., s.d.
Pascale HENSGENS, La Teignouse en Ourthe-Amblève, Luc Pire, édition électronique, 2002