Biron Paul

Culture, Littérature

Seraing 18/12/1920, Liège 06/06/1998


Le sort des 65.000 prisonniers de guerre wallons gardés en captivité durant les cinq années de la Seconde Guerre mondiale est un épisode marquant de l’histoire de la Wallonie au XXe siècle. Cette période a rarement été racontée par les protagonistes eux-mêmes, mais si elle les marque durablement. Aussi n’est-il pas habituel que le parcours d’un écrivain soit à ce point influencé par la Seconde Guerre mondiale et notamment cet aspect-là. C’est pourtant le cas de Paul Biron que l’on peut ranger parmi les écrivains régionalistes wallons.

Il n’a pas vingt ans quand éclate la guerre. Il a vécu dans un quartier populaire, à Seraing, a suivi avec attention des humanités gréco-latines, se passionne déjà pour l’écriture (il fonde en 1939 la revue Feuillets), quand les événements internationaux orientent son avenir. En 1939, contre l’avis familial, il s’engage dans l’armée belge et c’est en tant que jeune sergent qu’il fait la campagne des 18 jours et qu’il est fait prisonnier de guerre lors de la Bataille de la Lys (24 mai). Enfermé au stalag IX C, il y fait notamment la rencontre de l’écrivain Léon Norgez et du peintre Jean Ransy.

Vraisemblablement pour des raisons de santé, Biron est rapatrié en 1943. Se sentant redevable des marques d’aide et de solidarité dont il a bénéficié durant ses trois ans de captivité, il s’engage d’abord dans la Résistance pendant les derniers mois de la guerre, puis, surtout, fonde au début des années 1960, avec d’autres anciens prisonniers de guerre, une asbl destinée à venir en aide au Tiers Monde. À côté de son métier d’employé dans un charbonnage liégeois, il se consacre à cette asbl SOS/PG - ONG d’aide directe au Tiers-Monde (1964). 

Au début des années 1970, il se lance dans l’écriture d’un livre dont les bénéfices de la vente doivent alimenter l’ONG. Ni vous sans moi, ni moi sans vous (1972) rencontre un vrai succès et ses amis incitent Paul Biron à persévérer dans la voie littéraire ; c’est ainsi que vont naître les aventures de Mon Mononke qui ont la Seconde Guerre mondiale comme cadre (tous publiés chez Dricot). Contrairement à Arthur Masson qui utilise le français et le wallon dans ses écrits et qui établit toujours une soigneuse distinction entre les deux, Paul Biron de son côté mélange les deux langues et écrit « l’authentique façon de parler en Wallonie ». Dans les années 1990, Christiane Eppe adapte l’œuvre de Paul Biron au théâtre, tandis que Guy Fontaine s’est empressé de traduire en wallon liégeois le premier récit de 1972.
 

Sources

http://www.dricot.be/42-vos-mi-come-has-et-roy.html 
http://www.servicedulivre.be/sll/fiches_auteurs/b/biron-paul.html (s.v. novembre 2014)
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 51
Jacques STIENNON, Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
Emmanuelle LABEAU, The paradox of Linguistic specificity and Dependence on Central Norms in the Belgian Regionalist Novels of Arthur Masson, citée dans Toudi, 2009



Œuvres principales

Ni vous sans moi, ni moi sans vous, 1972
L'an 40 de mon Mononke, 1973
Mon Mononke derrière la ligne six frites, 1974
Le retour de mon Mononke, 1975
Mon Mononke sous l'Occupation, 1976
Mon Mononke et la Libération, 1978
Les 18 jours de mon Mononke, 1980
Mon Mononke et le Jour V, 1983
Mon Mononke après la tempête, 1985
Mon Mononke avant la prochaine, 1988
Mon Mononke, Colas Pîrlôtche et Cie, 1981, en coll. avec Louis Chalon et Léon Warnant
Tout a changé, Mononke, 1990, en coll. avec Louis Chalon