Boch Victor

Socio-économique, Entreprise

Mettlach ( ? ) 1817, Saint-Vaast 1920

Représentant de la quatrième génération d’une famille d’entrepreneurs actifs dans la faïencerie, Victor Boch est chargé par son père, Jean-François, de construire, d’organiser et de diriger la nouvelle usine qu’il a décidé d’implanter en Belgique, dans la région du Centre, à Saint-Vaast très précisément, choix déterminé par la présence à proximité de gisements de terre, de puits de mines, du canal de Charleroi et d’un accès au chemin de fer. Les terrains sont achetés en mars 1841 et le chantier démarre en septembre. Dès le 30 septembre 1844, avec effet rétroactif au 1er août 1841, la manufacture Keramis voit le jour : les premiers fours sont allumés pour plusieurs décennies. Equipée de machines à vapeur et de fours au charbon, Boch Keramis produit une faïence fine feldspathique. En 1860-1870, on y introduit les premiers fours à flamme renversée, en 1904 le premier four tunnel chauffé au gaz (Halleux).

À partir du milieu des années 1860, se constitue un atelier de décoration à la main où excellent de nombreux peintres venant des Pays-Bas. Le style Delft revient à la mode, comme d’autres inspirés du passé. À côté d’une vaisselle produite de manière mécanique, Boch Keramis offre ainsi une grande variété d’articles de fantaisie et artistiques de grand luxe. La clientèle se rencontre aux quatre coins du monde où la société dispose de ses propres points de vente.

Durant une existence exceptionnellement longue – il vivra 103 ans – Victor Boch fait naître une entreprise particulièrement prospère et émerger une commune autonome : en effet, les premiers ouvriers proviennent du Luxembourg (l’usine d’Echternach ferme en 1843) et logent dans un quartier d’habitations érigées sous les ordres des Boch. Implanté au milieu de cinq fermes et de deux ateliers, ce quartier allait s’agrandir au point de faire naître la commune de La Louvière, devenue autonome de Saint-Vaast (10 avril 1869). En parallèle, la cité et l’usine devaient s’agrandir et élargir leurs activités.

Après avoir racheté la manufacture de porcelaine de Tournai (1851-1890), l’entreprise de Victor Boch ajoutera à la vaisselle traditionnelle un département de fabrication de carreaux muraux (1897), avant de se lancer plus tard, en 1949, dans la production d’appareils sanitaires en porcelaine vitrifiée (la marque Vitribo). Mais il y a longtemps que Victor Boch a passé la main. Directeur de 1841/4 à 1881, il avait laissé à un ingénieur, Charles Tock, la conduite journalière de l’usine Boch Keramis. Patron industriel du Centre qui a laissé son nom à une rue de La Louvière, il était le père des peintres Anna et Eugène Boch.

Sources

Vanessa BEBRONE, Collection Boch. Le souffle de Prométhée. Guide du visiteur, Musée de Mariemont, 2010
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 59-60
Robert HALLEUX, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
La Manufacture. 150 ans de création et de tradition faïencière. Boch Keramis, La Louvière, 1841-1991, La Louvière, 1991
Revue du Conseil économique wallon, n°79, août 1966, p. 37-38