Camus Jules Joseph

Politique

Andenne 20/10/1849, Andenne 20/08/1914

Lors de l’invasion allemande d’août 1914, l’envahisseur commet un certain nombre d’exactions à l’encontre des civils dans des villes et villages de Wallonie : incendies, pillages, exécutions sommaires, etc. Des autorités prises en otages sont froidement exécutées. Les exemples sont nombreux. Ainsi, le 20 août 1914, Jules Camus, le bourgmestre d’Andenne, est tué par les soldats allemands.

À l’heure de l’ultimatum allemand, le maire d’Andenne avait pourtant intimé l’ordre à la population locale à la fois de garder son calme, de ne pas se rassembler et de déposer armes et moyens de diffusion au bureau de police le plus proche, obéissant ainsi à une injonction venant de Bruxelles qui souhaitait éviter des initiatives civiles malencontreuses dans le conflit militaire. Après avoir gardé le pont d’Andenne aux premiers jours de l’offensive, les troupes belges se replient, à partir du 19 août, sur les forts de Namur. Livrée à elle-même, Andenne est rapidement occupée et le bourgmestre est pris en otage et malmené à travers la cité. De nombreuses rumeurs circulent dans les rangs allemands au sujet de francs-tireurs hostiles et de la responsabilité des civils andennais dans la destruction du pont sur la Meuse. Dans la journée du 20 août, les exactions se multiplient. L’exécution du docteur Camus, en début de soirée, prélude le terrible massacre de Seilles-Andenne. Dans la nuit du 20 et dans la journée du 21 août, 262 civils sont exécutés, faisant de ce massacre « l’un des principaux épisodes de la violence allemande contre des civils au cours de l’invasion » (Horne & Kramer).

Fils d’un journalier andennais, Jules Camus avait fait des études de médecine et exerçait son art dans la cité mosane depuis les années 1870. Engagé en politique au sein du parti libéral, il avait été élu conseiller provincial dès les années 1880 et était conseiller communal d’une ville d’Andenne majoritairement à gauche. En 1890, il en devient échevin et, en 1896, alors que la majorité communale est progressiste-socialiste, il fait élire un échevin dans les rangs du POB : à l’époque, le POB ne cachant pas ses convictions républicaines et antiroyalistes, le gouvernement belge, majoritairement catholique, considérait comme totalement contradictoire la demande des socialistes d’obtenir d’un pouvoir qu’ils ne reconnaissent pas (à savoir le roi) la nomination de leurs représentants. Bien que soutenue par le conseil provincial de Liège à l’unanimité moins une voix, la désignation de Camus comme bourgmestre d’Andenne est cassée par le ministre catholique de l’Intérieur ; plusieurs autres situations similaires existent en pays wallon. Échevin d’Andenne faisant fonction de bourgmestre pendant près de vingt ans, le Dr Camus n’avait été désigné comme bourgmestre d’Andenne qu’en juillet 1912, soit encore plus de 10 mois après le dernier scrutin communal. Durant toutes ces années, il contribue au développement de l’égouttage public et à la distribution d’eau alimentaire via des bornes-fontaines.

Sources

John HORNE, Alan KRAMER, 1914, les atrocités allemandes, traduit de l’anglais par Hervé-Marie Benoît, Paris, Tallandier, 2005, p. 50-55
Jean SCHMITZ, Norbert NIEUWLAND, Documents pour servir à l’histoire de l’invasion allemande dans les provinces de Namur et de Luxembourg, 2e partie, Le siège de Namur, Bruxelles, Paris, 1920, p. 28-31, 42-45, 90-97
Dr A. MÉLIN, Une Cité Carolingienne. Histoire de la Ville et du Ban d'Andenne, Andenne, 1928, p. 346-358
Annales parlementaires, Chambre des Représentants, session du 4 février 1896