Casterman Henri

Culture, Edition

Tournai 12/10/1819, Tournai 01/01/1869

Petit-fils de Donat Casterman et fils de Josué, Henri Casterman est associé très jeune à la conduite des affaires familiales et est un maillon déterminant dans l’orientation de l’entreprise : il contribue à la modernisation de l’outil, à orienter son activité vers le secteur de l’édition et à élargir une diffusion et une distribution optimales vers l’international.

En 1849, quand son père prépare son retrait de la vie active, Henri Casterman devient partenaire de son père et de son frère Alexandre dans la nouvelle société, J. Casterman et fils. À partir de 1857, il est seul maître à bord de la société Henri Casterman éditeur. Dès l’entame des années 1850, il a fait évoluer la moyenne entreprise vers une industrie de production typographique à la pointe du progrès : Casterman devient le principal exportateur de livres en France et le premier éditeur sur le marché belge. Ses yeux sont désormais tournés vers l’international. En 1857, il est le premier éditeur du pays à s'implanter à Paris, où il ouvre, dans le quartier des éditeurs religieux, une « librairie internationale catholique ». Au total, Henri Casterman est d’ailleurs davantage tourné vers Paris que vers Bruxelles.

Maîtrisant tous les rouages du métier, bénéficiant d’un réseau régional de relations solides dans les milieux politiques et financiers pas seulement catholiques, le patron d’industrie se fait investisseur quand il installe, en 1863, au centre de Tournai, dans l’ancien couvent fondé par les Sœurs noires, des presses mécaniques modernes, mues par la vapeur. On ne parle plus de 20 ouvriers, mais de 150, généralement formés dans les écoles tournaisiennes ou venant de la concurrence, et travaillant dans de nouveaux ateliers d'impression, de reliure et de clichage, ou avec 6 presses à vapeur.

À peine touché par la nouvelle législation qui interdit la réimpression sans droit de propriété qui avait fait la fortune de ses pères, Henri Casterman poursuit l’impression des ouvrages de type religieux, tout en se transformant en un véritable éditeur. Il attire des auteurs « maison », impose une ligne éditoriale personnelle et publie beaucoup de nouveautés ; il est l’imprimeur de revues catholiques, mais surtout l’éditeur de la prestigieuse Nouvelle revue théologique (1869) ; il diversifie la littérature édifiante et connaît un succès certain avec Fabiola ou l'Église des catacombes, du cardinal Wiseman, archevêque de Westminster (1856). Ayant obtenu les droits sur sa traduction, Henri Casterman déclinera ce succès de librairie sous toutes les formes possibles. Quand il décède à la veille de ses 50 ans, Henri Casterman laisse à ses deux fils, Henri (1853-1907) et Louis (1857-1906), une entreprise – la Société H.L. Casterman – pleine d’avenir, disposant d’un catalogue contenant plus de 1500 titres.

Sources

Serge BOUFFANGE, dans Nouvelle Biographie nationale, t. 5, p. 45-47
Histoire culturelle de la Wallonie, Anvers, Mercator, 2011, p. 182
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. IV, p. 325, 391
Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000, p. 135
Serge BOUFFANGE, Pro deo et Patria : Casterman, librairie, imprimerie, édition 1776-1919, Genève, 1996
L-R. CASTERMAN (dir.), Casterman 1780-1980. Deux cents ans d’édition et d’imprimerie, Tournai, 1980
L. JOUS, Les Casterman(t) d’Ecaussines à Tournai. Essai généalogique, dans Mémoires de la Société royale d’Histoire et d’Archéologie de Tournai, t. IV, 1983-1984, p. 467- 488.