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Champagne Jean-Pierre

Socio-économique, Syndicat

Noduwez 06/05/1944

Licencié en Sciences économiques de l’Université catholique de Louvain, détenteur d’une maîtrise, assistant à la faculté d’agronomie, dans la Chaire d’économie rurale (1967-1971), Jean-Pierre Champagne a mené des études qui correspondaient au contexte socio-professionnel dans lequel il a passé l’essentiel de sa jeunesse. Ses grands-parents exploitant une ferme dans l’est du Brabant wallon et son père étant marchand de grains, il a été très vite associé aux travaux agricoles en même temps qu’il poursuivait des humanités gréco-latines au Collège Saint-Albert à Jodoigne. Marqué par la grande grève wallonne de l’hiver ’60-’61 et surtout par l’importance du rôle des syndicats, il est plongé, durant ses études à Leuven, dans l’atmosphère du Walen buiten. Ces événements influenceront durablement celui qui avait fait partie de la Jeunesse rurale catholique.

Parfait connaisseur du milieu agricole, il quitte le monde universitaire pour devenir le secrétaire général des Jeunes Alliances paysannes (1971-1973) dont il est l’animateur principal. En 1973, il est nommé secrétaire général des Unions professionnelles agricoles (1973), en tant qu’adjoint d’Émile Scoumane. Au sein du service économique du syndicat professionnel, il s’intéresse en particulier au secteur du lait et surtout des questions liées à la spéculation. Administrateur et vice-président de l’Office national du Lait, administrateur de l’Institut pour l’Encouragement de la recherche scientifique dans l’Industrie et l’Agriculture (IRSIA) et du Centre d’Économie rurale, il préside les producteurs de Lait du COPA (comité des organisations agricoles européennes). Nommé secrétaire général en 1988, il s’impose comme le principal représentant du secteur de l’agriculture wallonne par rapport aux autres interlocuteurs qu’ils soient sociaux et patronaux, ou politiques aux échelons régionaux, nationaux ou européens. Il est le défenseur d’un secteur qui doit tenir compte des directives de la Politique agricole commune, de la puissance du commerce alimentaire international (notamment lors des négociations du Gatt) et des contraintes institutionnelles belges. Sur ce dernier point, Jean-Pierre Champagne est très tôt partisan d’une régionalisation totale de l’agriculture. Il ne manque de défendre ce point de vue à de nombreuses tribunes. De premières avancées sont enregistrées en 1992/1993 et, en octobre 1994, est créé un Fonds d’investissement agricole wallon qui correspond aux desiderata de l’Union professionnelle agricole. Un Conseil supérieur wallon de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de l’alimentation voit aussi le jour : J-P. Champagne est membre de son bureau.

Au début de l’année 1992, J-P. Champagne a pris la direction conjointe des Unions Professionnelles Agricoles (UPA) et de l'Union des Exploitants Familiaux (Udef). Après avoir contribué activement au rapprochement de ces deux structures, il inaugure les nouveaux locaux que l’entente agricole a choisi d’implanter à Gembloux (et non plus à Bruxelles) dans une nouvelle « Maison de l’Agriculture et de la ruralité » proche des Facultés agronomiques. Tandis que le Boerenbond se recentre surtout sur la Flandre, l’idée de former un seul syndicat des agriculteurs wallons par la réunion des UPA et de l’Alliance Agricole belge est débattue à partir de 1997. En 2000, à la veille d’une réforme institutionnelle qui régionalise davantage encore l’agriculture, UPA et AAB fusionnent pour donner naissance à la Fédération wallonne de l’Agriculture (FAW), dont J-P. Champagne devient le premier secrétaire général (1er janvier 2001), à l’heure où les conséquences de la crise dite « de la vache folle » touchent particulièrement les agriculteurs wallons, spécialistes d’un BBB qui n’a pourtant aucun rapport avec l’ESB. Président de l’IVB (organe représentant la filière bovine) depuis le milieu des années 1990, J-P. Champagne doit encore affronter, en 2001, les répercussions de l’épizootie de fièvre aphteuse.

Nommé à la présidence de l'Institut national de Crédit Agricole (1992), presqu’au même moment que survient la faillite d’Interagri, J-P. Champagne développe les activités « de la banque des agriculteurs » qui devient le Crédit Agricole, après la privatisation de l’Inca (1996). Membre du Conseil central de l’Économie et de la Société fédérale de Participation, J-P. Champagne succède à Pino Carlino à la tête du Conseil économique et social de la Région wallonne en février 2001. De cette structure d’avis, J-P. Champagne est l’un des membres historiques puisqu’il en a fait partie dès les années 1970 et qu’il a siégé pendant de nombreuses années comme membre du bureau. Il a donc participé et contribué à sa transformation et à son positionnement comme « Parlement social de Wallonie » ; pendant deux ans, il va en exercer la présidence, avant de laisser ce mandat à Jean-Claude Vandermeeren, en 2003. Au nom de la FAW comme du CERSW, il est associé à la démarche du Contrat d’Avenir pour la Wallonie puis aux Plans Marshall.

Administrateur de l’Intercommunale du Brabant wallon, président de la Fondation économique et sociale du Brabant wallon (2008), ce Brabançon wallon est l’un des 18 représentants de la société civile lors des travaux du Groupe Wallonie-Bruxelles (2007-2008). Admis à la retraite en 2008, il renonce à tous ses mandats.

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Rik DECAN, Qui est qui en Belgique francophone 1985-1989, Encyclopédie biographique, Bruxelles, Lannoo, 1984, p. 141
Dialogue sur un avenir incertain, dans La Révolution alimentaire à l'aube du marché européen, Mont-sur-Marchienne, Musée de la photographie, Archives de Wallonie, 1991