de Heinsberg Jean

Politique

Liège 1397, Curenge 18/10/1459


Fils du comte de Heinsberg, seigneur de Lewenbergen, et de Marguerite de Jeneppe, Jean de Heinsberg est archidiacre de Hesbaye, quand le chapitre de Saint-Lambert l’élit prince-évêque de Liège, en 1419, alors qu’il n’est âgé que de 23 ans. 

Son règne, pourtant démarré sous les meilleurs auspices, est parsemé d’embûches. Au mois de décembre 1419, il reçoit l’investiture spirituelle. Le pouvoir temporel ne lui est accordé que l’année suivante, le 21 juin 1420. 
Désirant compléter l’œuvre de son prédécesseur, Jean de Walenrode, qui avait rendu à la cité ses privilèges et ses métiers, sa première action en tant que nouveau prince-évêque est de rétablir le Tribunal des XXII. La modération, qu’il ajoute – les journaliers vivant du travail de leurs mains ne pourraient plus en faire partie et que les XXII ne seraient plus choisis par les métiers, mais par les maitres et jurés – déplait particulièrement au peuple et aux bourgeois, apportant bientôt troubles et querelles dans la cité, réprouvés sévèrement par Jean de Heinsberg. 

De retour de la croisade de Bohême – une expédition qui n’aboutira pas – menée contre les Hussites, en 1422, il revient à Liège, où il est amené à trancher la question électorale : dans un acte connu sous le nom de Régiments (ou Règlements) de Heinsberg, promulgués le 16 juin 1424, Jean de Heinsberg restaure les institutions communales, mais modifie le système électoral municipal, en s’octroyant la liberté d’intervenir légalement dans le processus. Malgré la tendance oligarchique dont s’inspire cette nouvelle constitution, elle reçoit son exécution. S’ensuite une période d’accalmie jusqu’en 1429, date de l’achat du comté de Namur, par Philippe le Bon.

Le rapprochement et les sympathies de Jean de Heinsberg envers le duc de Bourgogne, alors même que celui-ci était détesté des Liégeois, signe le début de sa perte. Maintes fois amené à arbitrer les conflits entre les deux parties, le prince-évêque ne pourra jamais vraiment se positionner et sera perdant dans la plupart des négociations avec la maison de Bourgogne, ce qui ravivera sans cesse l’irritation des Liégeois. 

De moins en moins intéressé par les affaires du pays, trop faible pour résister aux pressions de Philippe le Bon, qui accroit sans cesse ses possessions, il est contraint d’abandonner son évêché, en 1455, en faveur de Louis Bourbon, le neveu de Philippe le Bon.

 

Sources

Alphonse LE ROY, dans Biographie nationale, t. 8, col. 874-882