Defrecheux Nicolas

Culture, Lettres wallonnes

Liège 10/02/1825, Herstal 26/12/1874

C’est en dilettante que Nicolas Defrecheux propose, en 1854, la publication d’un texte dans le Journal de Liège. Sa complainte du Lèyîz-m’ plorer paraît dans l’édition du 23 juin et devient d’emblée un immense succès. Le quotidien ouvre alors ses colonnes au jeune auteur talentueux qui acquiert une célébrité immédiate. Sa complainte raconte son désespoir face à la mort de celle qu’il aimait. Popularisée grâce à un air en vogue de Monpou, la chanson se répand en feuilles volantes d’un tirage exceptionnel pour l’époque. Balayant les vieux préjugés qui perduraient à l’égard du wallon, Leyîz-m’plorer, tot mi veie est gâteie / Ji la pierdou…) bouleverse le peuple liégeois qui l’adopte séance tenante. Sa chanson est la première à exprimer en wallon une véritable poésie lyrique.

Rien ne prédisposait Nicolas Defrecheux à pareil succès. Élève certes très doué à l’école primaire, il avait entamé des humanités au collège Saint-Quirin à Huy et les avait achevées à Liège. Attiré par l’Université de Liège, il ne dépasse pas la deuxième année de l’École des Mines, suite au décès de son père. Sans fortune, il se met à exercer plusieurs métiers, avant de devenir boulanger. Après son mariage en 1851, il travaille en effet dans la boutique de son beau-père.

Loin d’être l’homme d’un seul succès, « le créateur de l’élégie wallonne » connaît, dès 1856, une autre réussite avec le cråmignon L’avez-v’vèyou passer ? qui est primé par la Société philanthropique des vrais Liégeois. Ce cråmignon inspirera de nombreux autres auteurs. Par la qualité de son écriture et du vocabulaire wallon qu’il utilise, Nicolas Defrecheux est considéré comme un des précurseurs de la littérature wallonne.

Abandonnant la boulangerie familiale pour devenir secrétaire du recteur de l’Université de Liège (1860), il obtient l’année suivante le poste d’appariteur à la faculté de Médecine. Il continue à composer et, inspiré par Remacle Maréchal, réalise de nombreuses œuvres en wallon, collabore à l’Almanach de Mathieu Laensbergh (1857-1874) et au Dictionnaire des spots et proverbes wallons publié par Joseph Dejardin. Soucieux de structurer les efforts d’écrivains en wallon de plus en plus nombreux, il contribue à l’émergence de la Société liégeoise de Littérature wallonne (1856). Intégrant la dimension sociale dans son œuvre, Defrecheux a été aussi visiteur des pauvres et secrétaire-trésorier du comité de charité de la paroisse Sainte-Foi.

Sources

Maurice PIRON, Anthologie de la littérature wallonne, Liège, Mardaga, 1979, p. 189-19
Alain COLIGNON, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 416
Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 403
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. 2, p. 114, 468-469 ; t. III, p. 243
Charles et Joseph DEFRECHEUX, Anthologie des poètes wallons, Liège, 1895