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Delcour René

Culture, Gravure

Forêt 28/02/1930, Chênée 14/01/2012

La principauté de Liège possède une longue tradition dans la fabrication d’armes. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, rien ne motivait les armuriers à se montrer solidaires l’un de l’autre ; quand d’importantes commandes se présentent, plusieurs familles décident de se réunir et de former une société appelée à une longue existence : la Fabrique nationale d’Armes de Guerre (1888). Parallèlement, le besoin en main d’œuvre qualifiée se fait de plus en plus sentir et le même esprit d’efficacité pousse l’Union des Fabricants d’Armes à réclamer des autorités publiques la création d’un établissement secondaire professionnel spécialisé : en 1897 voit le jour l’École d’armurerie Léon Mignon, installée à quelques dizaines de mètres de la place Saint-Lambert. C’est là que René Delcour entame sa formation en 1943.

Au lendemain de la Libération, il entre à la Fabrique nationale où, depuis 1926, existe un atelier de gravure placé sous la direction de Félix Funken. Héritant du savoir-faire de ses augustes ancêtres, René Delcour témoigne d’un talent particulier qui s’exprime à la FN de 1946 à 1956, où il a été engagé comme apprenti graveur. En dix ans, Delcour a fait du chemin : en 1956, il part deux ans à San Francisco sous contrat auprès des joailliers Shreve & Co. Homme simple que le rayonnement de son talent ne perturbait pas, il revient en 1958 à la FN où son épouse, Georgette Paquay est également graveuse de formation. À partir de 1963, il retrouve l’École Léon Mignon. Jusqu’en 1992, il va y partager son savoir-faire auprès d’une jeune génération qui voit éclore les Philippe Grifnée, Alain Lovenberg et autre Pascal Jacoby ; des graveurs de nombreuses nationalités bénéficièrent aussi des conseils généreux du maître. Ayant pris sa retraite, René Delcour continuera la gravure sur arme jusqu’en 2000. Maîtrisant quasiment toutes les techniques de son métier (taille-douce, fond creux, incrustation, etc.), il laisse une œuvre riche et diversifiée, notamment auprès de nombreux collectionneurs américains qui n’hésitaient pas à l’inviter à travailler chez eux.

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Roger BLEILE, http://www.engravingglossary.com/index.htm et http://www.doublegunshop.com/forums/ubbthreads.php?ubb=showflat&Number=261214
Claude GAIER, René Delcour. Un graveur sur armes une carrière d’exception, dans Le Musée d’armes, Liège, juillet 2012, n°124, p. 14-15