Destrée Urbain

Socio-économique, Syndicat

Cerfontaine 09/07/1937, Liège 07/03/2003

Docteur en Droit et licencié en Sciences politiques de l’Université de Liège (1961), aspirant FNRS jusqu’au milieu des années soixante, Urbain Destrée a déjà une forte expérience syndicale lorsqu’il entre à la FGTB comme permanent, plus précisément au secrétariat national du SETCa (1966). Juriste, il contribue notamment à la rédaction de la grille dite Major, utilisée pour le calcul du préavis des appointés, et de manière générale à la défense du statut des cadres. En 1971, il devient le président de l’aile wallonne du SETCa et secrétaire général du SETCa de Liège-Huy-Waremme, où il succède à Maurice Massay. En 1981, il devient vice-président de l’Interrégionale wallonne de la FGTB, dont il assume la présidence de septembre 1983 à mai 2002, tout en étant le président de la fédération Liège-Huy-Waremme de la FGTB (1989-2002).

Plongé dans la grève wallonne contre la Loi unique, lorsqu’il est étudiant à l’Université de Liège, Urbain Destrée reste durablement marqué par le discours d’André Renard et par le programme du Mouvement populaire wallon que l’on peut résumer par son programme revendicatif : fédéralisme et réformes de structures. Membre des Étudiants socialistes, il côtoie régulièrement les Jean-Maurice Dehousse, Jean Gol et Guy Mathot dont les routes se croisent tout au long de leur formation, et finalement tout au long de leur existence. Collaborateur à Combat, actif au sein de la Fondation André Renard, Urbain Destrée a une conscience très nette des problèmes wallons et des solutions qui devraient être apportées pour lutter contre le déclin économique de la Wallonie. Théoricien et technicien, il montre aussi qu’il est capable de prendre des responsabilités, notamment dans le pilotage intérimaire d’un Val Saint-Lambert menacé de faillite. Partisan d’une forte décentralisation économique et de l’initiative industrielle publique, défiant dans le néo-libéralisme et opposé au principe de la cogestion, il plaide pendant de nombreuses années en faveur de la mise en application urgente des dispositions d’application des principes inscrits dans la Constitution, lors de sa réforme en 1970, ainsi que dans la loi Terwagne de décentralisation.

Au sein de sa propre organisation syndicale, Urbain Destrée lutte en permanence pour que la revendication fédéraliste demeure l’une de ses priorités. Partisan d’un rassemblement des progressistes, il utilise tous les relais démocratiques possibles pour faire également pression sur les partis politiques ; fidèle aux idées de Renard, il est un ferme défenseur de l’indépendance des syndicats à l’égard des partis. Partisan du transfert de toutes les compétences communautaires vers les Régions, il a été le porte-parole permanent de la FGTB wallonne dans le dossier délicat de la sidérurgie, et un défenseur acharné du passage du TGV sur la dorsale wallonne, tout en luttant contre la privatisation des services publics. Critiquant l’indifférence manifestée par le capitalisme financier à l’égard de l’avenir de la Wallonie, il n’aura de cesse de regretter la lenteur avec laquelle les réformes de l’État (1980, 1988, 1993) accordent compétences et autonomie aux régions, mais refuse d’envisager une scission de la Sécurité sociale. Internationaliste, défenseur affirmé de l’union des travailleurs et socialiste radical, il rejetait toute forme de nationalisme et affirmait une identité wallonne forte et ouverte sur le monde.

Atteint par une longue maladie, il devait décéder quelques mois après avoir cédé la présidence de l’Interrégionale wallonne de la FGTB à André Mordant. En septembre 2012, à titre posthume, le gouvernement wallon lui a décerné le titre d’officier du Mérite wallon.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 490-491