Gobbe Emile

Conception-Invention

Auberchicourt 27/12/1849, Jumet 19/05/1915

Le pays de Charleroi a une longue tradition de savoir-faire dans le domaine du verre. Pourtant, une révolution se produit quand est déposé un brevet pour la « Fabrication mécanique du verre par étirage » le 28 octobre 1901 au nom d’Émile Fourcault. Jusque-là, pour obtenir du verre à vitre, le maître verrier soufflait à la bouche un ballon qui était ouvert et recuit. À partir de la dite invention le verre sera désormais étiré mécaniquement. Si le mérite du nouveau procédé en revient officiellement à Fourcault, il n’a pas été seul ; Émile Gobbe l’a aidé à un point tel que la veille du dépôt du brevet, par un acte sous seing privé, Fourcault a reconnu que ce brevet est l’entière propriété d’Émile Gobbe qui préfère cependant conserver l’anonymat. Son invention était à ce point révolutionnaire qu’elle allait ruiner complètement la plus ancienne des corporations de verriers et Gobbe ne voulait pas s’exposer à des représailles. Douze ans s’écoulèrent entre le premier brevet et l’inauguration, en 1912, de la SA des Verreries de Dampremy. En dépit des difficultés nées de la Grande Guerre, la découverte du duo Fourcault-Gobbe et surtout la mise au point de « l’étireuse Fourcault » permettront à la verrerie wallonne de continuer à soutenir la concurrence des États-Unis et de leur procédé Libbey-Owens.

Ingénieur diplômé de l’École centrale des Arts et Manufacture de Paris (1873), Émile Gobbe est né dans le nord de la France de parents originaires du bassin de… Charleroi. Son père, Victor, est lui-même verrier et possède une usine à Aniche où le fils peut mener ses premières expériences. En 1879, le jeune diplômé dépose d’ailleurs le premier d’une série de brevets destinés à améliorer le système des fours et à mettre au point le système de four à bassin. En 1885, la Société Anonyme des Verreries et Glaces d’Aniche fait construire par des « fournalistes » wallons le premier four à bassin de France. En 1889, Émile Gobbe installe à Jumet un bureau d’études destiné à valoriser ses brevets. Après un séjour dans le sud de la France, il revient ainsi dans le bassin de Charleroi où sa famille directe a retrouvé des oncles et cousins eux aussi très actifs dans le secteur du verre.

S’il parvient à couler le verre en continu, Émile Gobbe doit encore trouver le moyen d’améliorer l’étape suivante : étirer mécaniquement le verre en continu. Il s’associe d’abord à Eugène Baudoux, ensuite il trouve en Émile Fourcault le partenaire idéal. C’est en laboratoire que Gobbe trouve le procédé. C’est avec l’aide à la fois intellectuelle et financière de Fourcault qu’une méthode industrielle révolutionnaire est mise au point. Tout au long de son existence de chercheur, Émile Gobbe déposera une soixantaine de brevets, en très grande majorité destinés à l’industrie du verre.

Sources

Daniel DEVRED, Émile Gobbe verrier à Aniche, Société d’histoire locale d’Emerchicourt, mars 2012, (s.v. octobre 2013)
Jean-Louis DELAET, La mécanisation de la verrerie à vitres à Charleroi dans la première moitié du XXe siècle dans L’innovation technologique. Facteur de changement (XIXe - XXe siècle), éd. de l’Université libre de Bruxelles, 1986, p. 113-152
ID., Fourcault, dans KURGAN Ginette, JAUMAIN Serge, MONTENS Valérie, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 284-288
Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000, p. 211
Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. II, p. 113