Grard Georges

Culture, Sculpture

Tournai 26/11/1901, Coxyde 26/09/1984


« Sculpteur de la femme dont il exalte la plénitude des formes avec un sens du synthétique et du monumental qui engendre l'arabesque et amplifie la vibration », le Tournaisien Georges Grard a aussi exploré la nature et, en jetant un regard neuf sur le monde, s’est forgé une place importante dans l’art en Wallonie du XXe siècle. Le scandale tournaisien qui entoura l’installation de sa Naïade, en 1950, ne doit pas… voiler une œuvre abondante et diversifiée.

Inscrit à l’Académie des Beaux-Arts de Tournai, au moment de l’occupation allemande de la Grande Guerre, l’adolescent issu d’un milieu modeste s’intéresse tour à tour à l’ornement architectural, à la décoration et à la sculpture. Vers 1922, le professeur Maurice Dekorte le guide sur cette dernière voie qu’il ne quittera plus. Déjà à l’époque, ces nus sont considérés comme osés, et critiqués ; la thématique des sportifs qu’il développe alors est plus consensuel, mais ne lui permet pas de vivre. Il exerce différents métiers, dont l’un, dans une fonderie bruxelloise, lui permet de s’initier au bronze. Il se constitue aussi un petit cercle d’amis dans les milieux artistiques quand la ville de Tournai lui octroie une bourse, il part pour Paris où il découvre Maillol et Renoir, et fait la rencontre de Despiau. En 1931, il ne rentre pas à Tournai, mais transfère son atelier sur la côte flamande, du côté de Saint-Idesbald ; là, il côtoie d’autres Wallons comme Taf Wallet, Pierre Caille, Paul Delvaux, et il se libère des préjugés provinciaux pour s’adonner à la sculpture de « beautés féminines » aux courbes expressives, et très souvent ses œuvres sont de grande taille. Abandonnant une forme d’art déco et de cubisme, il fait évoluer son style sur le modèle des Français rencontrés à Paris. En 1945, avec La Caille (une femme prosternée), il réalise une de ses œuvres les plus remarquables.

Plusieurs expositions valorisent la création de Georges Grard qui est récompensé tour à tour du prix de la Roseraie (1935), du prix Rubens (1938), du prix de la province du Hainaut (1944) et du prix Picard de la libre académie de Belgique (1948). En 1970, le prix quinquennal sera le couronnement d’une carrière jalonnée de plusieurs commandes privées (Banque nationale) ou publiques, à Ostende (devant le Kursaal, début années 1950), à Liège (pont Albert Ier, années 1960), à mais surtout à Tournai (Naïade, 1950, Femme regardant le soleil, 1978). Dans l’église Saint-Brice, il signe aussi des Fonts baptismaux, où Adam et Eve sont particulièrement remarquables (fin des années 1960). Pour l’Expo 58, il est parti trouver l’inspiration en Afrique pour réaliser « une danseuse » destinée au pavillon du Congo. Ce séjour africain influencera la suite de sa production.

Il fallut l’exposition rétrospective de 1981, où plusieurs dizaines d’œuvres furent rassemblées à la Maison de la Culture, pour que la controversée Naïade quitte son purgatoire et retrouve une place en vue dans l’espace public de Tournai.

 

Sources

Gaston LEFEBVRE, Biographies tournaisiennes des XIXe et XXe siècles, Tournai, Archéologie industrielle de Tournai, 1990, p. 133-134
Eugénie DE KEYSER, dans Nouvelle Biographie nationale, t. IV, p. 194-197
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 468
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 358