Grooteclaes Hubert

Culture, Photographie

Aubel 6/11/1927, Embourg 24/10/1994

Un style, une technique, un univers particulier, telles sont les spécificités qui caractérisent l’œuvre d’Hubert Grooteclaes qui parvint à sublimer les progrès techniques des appareils photographiques pour transformer les clichés en art.

Orphelin à six ans, touché par la Seconde Guerre mondiale au début de ses humanités au Collège Saint-Hadelin à Visé, il ne termine pas ses études pour aider sa mère dans la fabrication de fromages (1945-1954). Rêvant à une carrière artistique, il se passionne pour la photographie qui, de hobby, va se transformer en profession. Multipliant les expériences et les manipulations techniques, il est attiré par le portrait depuis le moment où il croise la route de l’équipe d’Henri Storck venue tourner « Le banquet des fraudeurs » du côté d’Aubel . 

En l’absence d’un enseignement de la photographie, Grooteclaes pense apprendre le métier en tant que stagiaire chez Werres, un des grands portraitistes liégeois de l’époque. De courte durée, l’expérience n’est pas convaincante et Grooteclaes ouvre son propre studio-atelier en plein cœur de Liège (Galerie Cathédrale). Pendant plusieurs années, sa clientèle lui procure un terrain expérimental de premier choix. Spécialiste du portrait (il confie en avoir réalisé 70.000), il fréquente les milieux du spectacle, surtout les couloirs du théâtre du Gymnase, y noue des amitiés solides, en particulier avec Léo Ferré, et s’ouvre un créneau dans la réalisation des couvertures de disques (notamment pour Brel, Aznavour, Françoise Hardy, Sammy Davis junior), et de livres (comme Georges Simenon). En fait, Grooteclaes est attiré par les visages photogéniques et veut en tirer un maximum d’expressions.

Son studio de portrait n’est guère florissant et lui laisse le temps de poursuivre ses expérimentations. Ses premiers « photographismes » remontent aux années ‘60. Se construisant un univers propre, Grooteclaes met au point diverses techniques qui transforment le photographe en peintre. Ses images s’imposent dans des revues et entrent dans des galeries. Le succès est au rendez-vous. Ainsi, par exemple, la revue hollandaise Avenue remporte, grâce à ses photographies, le qualificatif de plus belle revue du monde (1973). Membre fondateur du groupe Photo-Graphie (1965-1970) destiné à donner un autre statut à la photo, il ferme son studio pour devenir professeur à l’Institut Saint-Luc à Liège : pendant vingt ans (1971-1992), le non-conformiste va… former une génération de professionnels engagés chacun dans leur propre voie ; on parle même d’école liégeoise de la photographie.

Passant de l’image-trait à l’image floue, Grooteclaes entre dans la période la mieux connue du grand public. À partir de 1973, il met au point une technique toute particulière, dont l’originalité provient de l’utilisation d’un flou, ainsi que d’une colorisation qui lui sont tout à fait personnels. « J’aime le flou, je suis myope. Quand je regarde en arrière, tout est flou. Mes photos aussi. Je leur donne ainsi une certaine nostalgie. Je ne supporte pas de faire comme les autres ! C’est pourquoi, je ne tire qu’en noir et blanc. Les couleurs que j’apporte parfois sont des couleurs à moi, ce sont celles qui sont restées dans ma mémoire », explique Hubert Grooteclaes.

Invité un peu partout dans le monde, le photographe dirige des stages de reportage et de photographie, participe à des festivals, répond à des « commandes », comme celle de la Communauté française La pierre wallonne dans la Belgique romane (1980) ; en 1991, il accepte aussi, avec 19 autres photographes de Wallonie et de Bruxelles de participer au projet « Regard Croisés sur Bruxelles, la Wallonie et leurs habitants ». Il publie de nombreux portfolios (comme L’Éternité de l’Instant, avec des textes inédits de Léo Ferré) et réalise des sérigraphies, des cartes postales, des posters. Dans les années 1980, il utilise plus systématiquement le miroir et est aussi contraint à moins de flou en raison de la disparition du papier hongrois Forte (1990). Peu de temps avant sa disparition, alors que ses amis lui ont déjà consacré une exposition-rétrospective (Périscope&Les Chiroux, 1987), il reçoit le premier Prix SABAM consacré à la photographie pour l’ensemble de son œuvre (1993).

Sources

GROOTECLAES Hubert    VERCHEVAL Georges, Nouvelle Biographie Nationale, t. VII, p. 176-179
VAUSORT Marc, Hubert Grooteclaes. Un rêve prémédité, Charleroi, Musée de la Photographie, 1995, p. 127-135
http://beluxphoto.forumpro.fr/t6681-hubert-grooteclaes   
GROOTECLAES Hubert    G57C    Hubert Grooteclaes  (s.d.) – Photo Hubert Grooteclaes.