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Jacques de Hemricourt

Académique, Histoire

Remicourt 1333, Liège, 18/12/1403

En trois ouvrages publiés entre 1378 et 1399, mais dont il avait engagé l’écriture de fort longue date, Jacques de Hemricourt décrit les institutions de son temps et rend compte des mœurs de la société dans laquelle il évolue.

 Proche de Jehan Le Bel, contemporain de Jean d’Outremeuse, le chroniqueur présente, dans une langue sans préciosité, des récits destinés à l’instruction juridique, sociale, voire civique de la classe noble de son temps et qui s’avèreront une véritable mine de renseignements pour les historiens, biographes et généalogistes qui s’intéressent à cette époque proche de la fin du Moyen Âge. Au XIXe siècle, tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la principauté de Liège et de ses grandes familles se sont en effet précipités sur les précieux écrits de Jacques de Hemricourt, qui connaissent des rééditions aux qualités variables et discutables.

Seigneur hesbignon, il a occupé pendant trente ans la fonction de clerc auprès du tribunal des échevins de Liège, accédant au rang de secrétaire au moment du décès de son père vers 1360. Pour sa part, il donne sa démission en 1383 ; secrétaire du tribunal des Douze depuis 1372, mayeur en féauté pour Raes de Waroux, il est élu bourgmestre de Liège en 1389. C’est à cette époque de son existence qu’il prend le temps d’achever ses écrits.
Son Miroir des Nobles de la Hesbaye établit la généalogie de l’ancienne noblesse liégeoise du début du XIIe siècle jusqu’à la fin du XIVe siècle ; toutes les grandes familles nobles liégeoises appartiendraient à un tronc commun, remontant à un ancêtre unique, originaire de France. Glorifiant les qualités de la noblesse du passé, son Traité des Guerres des Awans et des Waroux synthétise cet épisode « animé » de l’histoire de la principauté de Liège (1297-1335). Quant au Patron de la Temporalité des Evêques de Liege, il dépeint clairement les institutions de son temps et devait constituer un « guide » précieux pour ses contemporains. Caractérisées par une méthode stricte et rigoureuse, où la critique des sources doit servir son propos, les études de Jacques de Hemricourt ne relèvent pas d’une démarche dilettante. Au contraire. Elles sont celles d’un érudit nostalgique qui déplore la disparition d’une époque où la noblesse disposait de l’autorité, et qui rêve de restaurer un pouvoir débarrassé des privilèges et autres concessions faites aux bourgeois et surtout aux classes populaires.

Veuf pour la seconde fois en 1397, Jacques de Hemricourt sollicite son introduction au sein de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem et en respecte les règles jusqu’à son décès, en 1403. Selon son vœu, il a été enterré dans une chapelle de la cathédrale de Liège, celle des Clercs élevée en expiation des guerres d’Awans et de Waroux. Le tombeau où avait été gravée son effigie fut préservé au début du XIXe siècle et une reproduction paraît dans une édition du Miroir des Nobles réalisée par De Salbray.

Sources

Alfred JOURNEZ, dans Biographie nationale, t. 9, col. 35-43
Léopold GENICOT, Histoire de la Wallonie (dir.), Toulouse, 1973, p. 180
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), t. I, p. 184-185
Œuvres de Jacques de Hemricourt, Ed. C. de Borman, A. Bayot et E. Poncelet, Bruxelles, 1910-1931, 3 vol.