Kock Marcus Danielson

Socio-économique, Entreprise

(né Remacle KOCK)

Liège (Chênée) 14/02/1585, Avesta (Suède) 20/11/1657

Petit-fils de Remacle Kock dit le Serwyr, Remacle dit Marc Kock est l’un des neuf enfants de Daniel Kock, illustre représentant d’une famille spécialisée dans la fabrication d’instruments de pesage, mais surtout considéré comme l’inventeur de la fenderie. Tandis que ses frères perpétuent les activités familiales en bord de Meuse, Remacle entreprend un « voyage » qui l’amène en France, en « Autriche », en Hongrie, puis dans l’Empire romain de la Nation germanique, vraisemblablement dans les toutes premières années du XVIIe siècle. Autodidacte, il se forme à de nombreuses techniques au cours de son périple, qu’il s’agisse de l’exploitation minière ou la frappe des monnaies.

En Prusse orientale, il retrouve son oncle, Abel Kock, qui est maître des monnaies de la ville de Dantzig. Durant son séjour dans cette ville, il fait la rencontre de la fille d’un marchand brabançon spécialisé lui aussi dans la frappe de monnaie, qui avait fait souche en terres prussiennes. Ensuite, le couple Kock-van Eyck (marié en 1614) s’installe à Bromberg (Pologne), où il est nommé maître des ateliers monétaires (1613-1622), avant d’exercer la même fonction à Königsberg, près de l’électeur de Brandebourg, pendant quelques mois (1622-1624).

Vers 1624, Remacle Kock est à Berlin, où il devient aussi directeur des monnaies. C’est là qu’il rencontre vraisemblablement le roi Gustave-Adolphe de Suède qui, à la tête de son armée, va mener une première guerre en Pologne (1626), avant de s’engager dans la Guerre de Trente Ans (1630), et d’affronter la Ligue catholique conduite par un général wallon, le comte de Tilly. Mais ces événements ne concernent pas directement Kock : confronté à de sérieux problèmes avec un propriétaire polonais, il choisit de partir pour Stockholm en 1626, devient « maître des monnaies du royaume de Suède » et, à ce titre, réorganise profondément l’établissement suédois de Nyköping en y apportant des innovations « familiales ». Dès 1627, sur les pièces à l’effigie de Gustave-Adolphe, on retrouve les initiales « M.K. » de celui que l’on appelle désormais Marcus Kock. Maître des monnaies, Kock le sera à Nyköping de 1627 à 1629, à Sater de 1632 à 1636, à Arboga en 1628, à Stockholm de 1633 à 1639, à Sala de 1639 à 1641 et enfin à Avesta.

À l’instar des De Bèche et de Louis de Geer, l’entrepreneur wallon – dont le père est considéré comme l’inventeur de la fenderie – obtient du roi scandinave le droit exclusif d’établir, pour une durée de douze ans, le long des cours d’eau suédois, des fenderies exemptes de tout impôt. Les fenderies selon les méthodes wallonnes devaient rapidement prospérer, attirant des investisseurs locaux ou « étrangers », comme le wallon Louis de Geer. Tout en important en Suède le savoir-faire wallon, Marcus Kock paraît avoir inventé sur place « la technique du revêtement des cylindres en acier doux, à l’aide d’acier trempé d’une très grande dureté ». Cette innovation est appliquée à partir de 1644 à Avesta, où est transféré le siège de la frappe des monnaies de cuivre, dont chacun s’accorde à reconnaître qu’elles sont parmi les belles d’Europe. 

À Avesta voit le jour un complexe industriel quasiment indépendant, hormis pour ses besoins en minerai et charbon de bois. Au total, ce sont plusieurs usines et machines que Kock installe en Suède et qui resteront actives pendant près d’un siècle : four d’affinage, martinet à cuivre et son four, atelier de vérification des pièces de monnaie, martinet pour le poinçonnage, four de fenderie, atelier de cisaillement des flans, atelier de frappe, atelier de bocardage, etc. La qualité de frappe des monnaies suédoises fut telle que plusieurs pays européens y firent battre leurs propres pièces.

Les quatre fils et la fille du couple Marcus Kock/Elisabeth van Eyck grandiront en Suède et eux comme leur descendance y jouiront d’une large reconnaissance : à partir de 1666, ils seront anoblis et le titre de baron sera accordé à ceux qui porteront désormais le nom de Cronström, à consonance davantage suédoise.

 

Sources

Jean YERNAUX et M. MATHY, Une famille de pionniers industriels wallons au XVIIe siècle : les Kock, de Limbourg, dans Bulletin de l’Académie royale de Belgique, classe des Lettres, 5e série, t. 46, p. 66-124
Jean YERNAUX, dans Biographie nationale, t. XXXI, col. 515-528
Georges HANSOTTE, La métallurgie wallonne au XVIe et dans la première moitié du XVIIe siècle, Essai de synthèse, dans Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, Liège, 1972, t. LXXXIV, p. 37
Jean YERNAUX, dans Biographie nationale, t. 31, 3e supplément, col. 515-517
Revue du Conseil économique wallon, n° 64, septembre 1963, p. 69