Laloux Georges

Socio-économique, Entreprise

Liège 23/02/1866, Liège 30/01/1955

Pendant plusieurs siècles, les armuriers ont fait la prospérité de Liège et sa renommée. Le nom de famille Laloux est étroitement associé à ce secteur : au XIXe siècle, les Laloux sont armuriers, entrepreneurs, patrons de sociétés toutes vouées à la fabrication d’armes. À la fin du XIXe siècle, avec d’autres armuriers liégeois, Adolphe Laloux va donner naissance à la Fabrique nationale d’Armes de Guerre et son fils, Georges, va lui succéder. Docteur en Droit comme son père, Georges Laloux sera administrateur de la Fabrique nationale d’Armes de guerre pendant plus d’un demi-siècle.

Entré dans la société en 1896 et au Conseil d’administration en 1899, Georges Laloux prend une part active dans le déploiement de la société alors aux mains de la société allemande Ludwig Loewe & Cie, actionnaire majoritaire. En 1904, il repère un jeune ingénieur civil promis à un bel avenir d’après ses résultats universitaires et Laloux engage Alexandre Galopin pour diriger un laboratoire d’essai des métaux et de réception des matières premières. Décidé en 1904, ce « centre de recherche scientifique » au sein d’une entreprise était une première. Moins de dix ans plus tard, Galopin deviendra le directeur de la FN (1913).
En plus des armes de guerre, des fusils de chasse et d’un contrat avec l’Américain John Moses Browning qui trouvera dans l’usine wallonne son principal fabriquant en Europe, la FN va se lancer dans la production des bicyclettes et des automobiles avant la Grande Guerre. Attentif au potentiel de développement du bassin industriel liégeois, Georges Laloux appose sa signature au bas d’une brochure qui, en 1907, réclame le passage et l’arrêt à Liège des grandes lignes ferroviaires internationales. Durant la Grande Guerre, les administrateurs décident de la fermeture de l’usine. Bien que minoritaire, G. Laloux tente de faire obstacle aux intentions allemandes ; il est arrêté après avoir été surpris à passer clandestinement du courrier du côté de Maastricht : condamné, il passe l’hiver 1915-1916 dans une prison allemande. Finalement, l’usine est placée sous séquestre à partir de 1917.

Après l’Armistice, la FN cherche des débouchés dans le domaine civil, mais en raison de la crise de 1929, en revient à ses fondamentaux. En mai 1940, Georges Laloux comme tous les dirigeants et ouvriers de la Fabrique d’Armes de guerre refuse de se mettre au service des Allemands.

En février 1944, suite à l’assassinat d’Alexandre Galopin, il accepte, pour préserver autant que possible les intérêts de l’entreprise, la présidence du Conseil d’administration de la FN qu’il exerce jusqu’en 1951, année où il est remplacé par Paul Gillet. À 83 ans, le « patriarche » a été « invité » par la Société générale à quitter sa fonction : pourtant, au lendemain de la Première Guerre mondiale, Georges Laloux était parmi ceux qui avaient convaincu la Société générale d’entrer dans le capital de la FN afin d’y remplacer l’Allemand Ludwig Loewe… À l’époque, avait été créée la SA Union Financière et industrielle de Liège, pour permettre à la Société générale d’être l’actionnaire majoritaire de la FN.

Fondateur de la Société G. Laloux et de plusieurs entreprises au Congo, Georges Laloux a aussi été régent de la Banque nationale pendant 45 ans, membre délégué de la Société Générale au siège de Liège et administrateur de nombreuses sociétés, comme les Pieux Franki, Cuivre et Zinc, voire La Gazette de Liège. Marié à Juliette Vanderheyden a Hauzeur, Georges Laloux aura neuf enfants, dont André et René qui seront impliqués dans la marche de la FN.

Sources

Pascal DELOGE, Une histoire de la Fabrique nationale de Herstal, Liège, Céfal, 2012, p. 37-38, 60, 62
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 524
Marie-Thérèse BITSCH, La Belgique entre la France et l’Allemagne 1905-1914, Paris, 1994, p. 349
Auguste FRANCOTTE, René LALOUX (préface), Fabrique nationale d'armes de guerre. 1889-1964, Liège, Desoer, 1965, dont p. 106