Lannoye Auguste

Socio-économique, Entreprise

Corroy-le-Grand 19/09/1874, Genval 28/05/1938


Au tournant des XIXe et XXe siècle, un self-made-man marque l’histoire industrielle du Brabant wallon. En dépit de circonstances de vie difficiles dans sa jeunesse, Auguste Lannoye s’impose comme un important patron d’industrie, « inventeur » du balatum, marque déposée qui va s’imposer dans le monde entier.

Très jeune, Auguste Lannoye s’est retrouvé orphelin, perdant son père, Charles Lannoye – un ouvrier meunier qui avait entrepris de lancer un moulin à sable à Ottignies et qui meurt accidentellement en 1877 –, puis sa mère en 1887. Mis en pension au Collège des Frères de Malonne, il se révèle un élève doué et achève brillamment, en 1897, une formation d’ingénieur à l’Université catholique de Louvain. En France d’abord, il fait ses armes dans le monde de la papeterie, avant de diriger des usines à Mont-saint-Guibert, puis à La Hulpe.

Bénéficiant du soutien financier de son beau-père, notaire à La Hulpe, il crée sa propre fabrique de papier à Genval (1904). Située à proximité d’une gare, son activité prend rapidement son envol, grâce, notamment, à la mise au point, en 1907, d’un broyeur traitant les vieux papiers : le « triturateur Lannoye ». En 1911, « les Établissements Lannoye-Stevenart » se transforment en SA Papeteries de Genval ; l’entrepreneur se lance dans l’impression de papier peint. À la veille de la Grande Guerre, un deuxième site est ouvert à Mont-Saint-Guibert. Après l’Armistice, Auguste Lannoye achète le brevet et met au point le système de production d’un nouveau produit, auquel il donne le nom de balatum. Le revêtement de sol établi à base de pâtes cartonneuses, vendu à un prix de revient très peu élevé et d’une solidité à toute épreuve est un produit créé à Genval. Il rencontrera un succès planétaire surtout dans les années 1950. Après les difficultés inhérentes à son lancement et l’incendie de l’unité de production de Genval en 1936, Auguste Lannoye est parti résolument à la conquête de nouveaux marchés ; dès les années 1920, il dispose d’implantations industrielles dans les pays limitrophes.

Père de sept enfants, Auguste Lannoye soutient notamment l’initiative de son fils aîné, Jean, lorsqu’il transforme un journal catholique local, L’ouvrier, en un hebdomadaire paroissial, Dimanche, qui va tirer à plus de 100.000 exemplaires avant 1940. Lui-même très engagé dans le mouvement catholique, Auguste Lannoye fait construire en 1923 une église, pour la nouvelle paroisse Saint-Pierre qui dessert le lieu-dit Maubroux, cœur des papeteries : à côté de l’usine et du café du coin, l’édifice religieux présente une architecture tout à fait originale. Première église du pays dont la structure est en béton armé, elle dispose de façades en briques rouges et, de surcroît, d’un campanile qui évoque davantage une tour industrielle qu’un clocher. Après l’usine, quelques maisons ouvrières et l’église, il ne restait plus que l’hôtel de ville qui n’appartienne pas au patron papetier. Dès 1926 et jusqu’à son décès en 1938, le vide est comblé, puisqu’Auguste Lannoye devient le bourgmestre de Genval. Mécène social (outre l’église, il fait naître des maisons ouvrières, une clinique maritime à Coq-sur-Mer et des écoles : à Wavre, un établissement portait le nom « École Lannoye »), le maïeur ne puise pas dans les impôts les recettes de ses investissements. On rapporte à l’époque que Genval avait le taux d’imposition le plus bas du pays…

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
http://www.uwe.be/uwe-1/historique
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 416-417
François DE TROYER, Les papeteries de Genval, dans Les feuillets historiques, n° 10, Rixensart, 1998
Éric MEUWISSEN, Auguste Lannoye, dans Nouvelle Biographie nationale, t. X, p. 256-258
Éric MEUWISSEN, Auguste Lannoye, dans Valmy FÉAUX (dir.), 100 Brabançons wallons au XXe siècle, Wavre, 1999, p. 120