Libert Marie-Anne

Culture, Botanique

Malmedy 07/04/1782 (baptême), Malmedy 13/01/1865

À une époque où l’émancipation de la femme n’en était encore qu’à ses balbutiements, Marie-Anne Libert a été une botaniste éminente, que ses travaux et ses découvertes ont fait sortir de l’ombre de son mari, le médecin verviétois Simon Lejeune. En 1862, cette Malmédienne était admise comme membre honoraire de la toute jeune Société royale de Botanique de Belgique.

Marchand tanneur à Malmedy, bourgmestre en 1786, Henri-Joseph Libert (1731-1808) voulait pour sa fille, avant-dernière de douze enfants, une parfaite éducation. Des cours d’allemand et de musique lui sont prodigués à Prüm où elle séjourne en pensionnat et où elle découvre surtout les mathématiques et la géométrie. Dès son retour à Malmedy, sa ville natale, alors municipalité française, la jeune fille se passionne de surcroît pour la botanique. 

Autodidacte, elle compare la flore de son environnement immédiat avec des livres anciens. Se familiarisant avec la langue latine, conseillée par un jeune médecin de Verviers, le docteur Simon Lejeune qui deviendra son mari, elle acquiert rapidement une très grande connaissance de la végétation variée des Hautes Fagnes. Elle apporte ainsi une aide majeure à Simon Lejeune qui, en 1806, a été chargé, par le préfet du département de l’Ourthe, d’établir le descriptif complet du règne végétal de la circonscription. Publié en 1811-1813, La Flore des environs de Spa de Lejeune contient de nombreuses informations collectées par Marie-Anne Libert.

À l’époque, les botanistes classent les espèces végétales selon deux grandes catégories : celles dont les organes reproducteurs sont visibles (les phanérogames) et celles où ils sont cachés. Ayant fait le tour de la première catégorie, la jeune femme entreprend d’identifier les plantes cryptogames, abondantes dans sa région. Ses importantes découvertes alimentent les quatre fascicules de la collection de Plantae Cryptogamicae quas in Arduenna collegit M-A Libert où apparaît son patronyme. D’autres études paraissent, dans le même temps, auprès de plusieurs sociétés savantes de l’époque, et assoient une réputation qui déborde largement les frontières de la Prusse. Sa description détaillée du champignon responsable de la maladie de la pomme de terre retient particulièrement l’attention. Elle est en effet l’une des premières à identifier la responsabilité du mildiou, dans un mémoire publié en 1845 ; en 1876, le mycologue allemand Anton de Bary en fera la démonstration, tout en renommant le champignon Phytophthora infestans. Pionnière des végétaux cryptogamiques en pays wallon, entretenant une correspondance avec de nombreux savants de son temps, Marie-Anne Libert s’intéresse aussi au règne animal et à l’histoire.

Née dans un village faisant encore partie de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy et devenue citoyenne de Prusse, Marie-Anne Libert se penchera sur le passé de la principauté de Liège, sur celui de la Wallonie malmédienne, et écrira quelques articles d’histoire et d’archéologie, avec moins de réussite cependant qu’en botanique.

Sources

La Vie wallonne, IV, 1964, n°308, p. 263-264 ; III, 1965, n°311, p. 203-206
André LAWALRÉE, J. LAMBINON, F. DEMARET et consorts, Marie-Anne Libert (1782-1865). Biographie, généalogie, bibliographie, (préface de R. BOUILLENNE), Liège, 1965
Catherine JACQUES, dans Dictionnaire des femmes belges, Bruxelles, Racine, 2006, p. 375-376
François CRÉPIN, dans Biographie nationale, t. 12, col. 91-94
Robert CHRISTOPHE, Malmedy, ses rues, ses lieux-dits, dans Folklore. Stavelot – Malmedy – Saint-Vith, Malmedy, 1980, t. 44, p. 80-81
Maurice LANG, Libertiana. Des Libert liégeois à Malmedy. Mélanges offerts à l’occasion du centenaire Marie-Anne Libert aux membres de Malmedy-Folklore et aux souscripteurs des Tablettes d’Ardenne et Eifel, Malmedy, Famille et Terroir, 1985