© Portrait de René Lyr par James Ensor

Lyr, né René Vanderhaegen René

Culture, Poésie, Militantisme wallon

Couvin 15/11/1887, Uccle 8/10/1957

Originaire, par sa famille, de la région de Valenciennes via la commune de Hastière où son trisaïeul trouva refuge en 1789, René Vanderhaegen fait ses humanités à Chimay. Son père, instituteur en chef à Couvin, n’apprécie pas sa vocation littéraire ni d’ailleurs ses idées socialistes voire anarchistes. En dépit des espérances familiales, l’adolescent s’émancipe. Installé à Bruxelles, dès 1905, il dispense des cours de français aux étudiants étrangers qui fréquentent l’Université libre de Bruxelles, il taquine la muse et, au contact des écrivains de son temps – il côtoie notamment Destrée, Mockel et Desombiaux –, s’adonne à la poésie. Pour ne pas causer trop de déplaisir à ses parents, il signe ses premiers écrits de divers pseudonymes ; lorsque ses textes sont réunis en un même recueil de vers, Chant du rêve (1908), Paul Bay, par plaisanterie, propose comme signature La Lyre. Avant l’édition, La Lyre se transforme en René Lyr, signature de tous ses recueils, parus surtout après la Seconde Guerre mondiale, dont Le livre enfin le tien (1949), Fleurs de mon jardin (1957), Provence (1957), Mythologie (1957), etc.

Intéressé par l’activité des artistes wallons, en particulier des musiciens, il se penche sur leur histoire et contribue à leur promotion, écrivant des articles et des livres, tout en étant actif au sein de la Société des Amis de l’Art wallon, ainsi qu’à la Fédération des Artistes wallons. En 1911, René Lyr écrit les paroles et la musique d’un Chant des Wallons, orchestré par Jean Noté et Paul Gilson ; il est primé au concours du Cercle verviétois de Bruxelles, mais ne sera pas retenu par la postérité, même si l’Assemblée wallonne promeut cette œuvre au début des années 1920.

Enseignant avant la Grande Guerre, il exerce cette activité lorsqu’il est réfugié en Gironde de 1914 à 1918. Après l’Armistice, il est à la fois musicologue, critique d’art, journaliste, puis directeur des services d’information et de propagande des Expositions universelles de Bruxelles (1935), Paris (1937) et New York (1939, pavillon belge). En 1939, il est encore directeur des services de presse et de propagande, ainsi que conseiller technique des Fêtes et de la Musique, lors de l’Exposition internationale de l’Eau, qui se tient à Liège. Après la Libération, ce Wallon de Bruxelles est nommé à la tête du Musée instrumental du Conservatoire de Bruxelles (1946-1957). Compositeur de ballets et d’opéras, il est aussi conseiller artistique auprès de l’Office national du Tourisme.

Représentant de l’arrondissement de Bruxelles à l’Assemblée wallonne de 1919 à 1940, secrétaire général des Amitiés françaises (1921), René Lyr milite en faveur d’une Grande Belgique au lendemain de la Grande Guerre. Celui qui avait contribué à l’aide aux prisonniers entre 1914 et 1918 entre en résistance quand éclate la Seconde Guerre mondiale. Secrétaire national du Front de l’Indépendance pendant quatre années, résistant par la presse clandestine, il préside aussi Wallonie indépendante, mouvement créé en 1944. Défenseur de la thèse fédéraliste lors du Congrès national wallon de Liège (20 et 21 octobre 1945), il est membre du Comité permanent du Congrès national wallon de 1947 à 1957, année de sa disparition. Co-fondateur de L’Alliance française en Belgique, dont il est élu président en 1945, il siège à son Conseil général à Paris.

Si l’on cherche davantage d’informations biographiques au sujet de René Lyr, il convient de lire attentivement ses très nombreux écrits ; il y laisse régulièrement filtrer des informations autobiographiques, même si une part importante de son œuvre est constituée de biographies consacrées à ses amis artistes. Entre 1949 et 1957, il publie annuellement des recueils de poèmes dont la qualité est reconnue. L’Académie française lui décerne le Prix Verlaine, pour La Présence intérieure, en 1957, quelque temps avant son dernier voyage.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 1051-1052
La Vie wallonne, 15 février 1939, CCXXII, p. 133-139 ; 1958, n°281, p. 73-74
https://maisondelapoesie.be/poetes-list/lyr-rene/