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Mali Jules

Socio-économique, Entreprise

Verviers 22/03/1817, Verviers 15/05/1882

Agent commercial au service des familles Simonis et de Biolley, l’Amstellodamois Henri Mali a repéré William Cockerill dans le Nord de l’Allemagne en 1797 et a fini par le convaincre de mettre ses géniales inventions au service de ses patrons, des industriels du textile verviétois. À la suite de ce coup de maître, Henri Mali est resté toute sa vie au service des Simonis et des Biolley, et s’est installé à Verviers en transmettant à ses fils son esprit d’entreprise et d’exploration de nouveaux marchés.

Dès 1826, Henri Willem Mali (Verviers ?, New York 1867) est envoyé aux États-Unis pour prospecter les marchés. Fondateur de la Henry WT Mali & Co. Inc. à Manhattan, il s’installe à New York comme agent commercial international et y fait carrière. À la fin des années 1830, Charles Mali (Verviers 1818, Brooklyn 10/07/1899) rejoint son frère aux États-Unis et l’accompagne dans le développement des activités de la société spécialisée et réputée pour tous ses produits de billard haut de gamme. Quant à Jules Mali, le troisième frère, il fait carrière dans sa ville natale, où il joue un rôle important, non sans avoir lui aussi séjourné aux Amériques.

Après ses études au Collège de Dolhain, le jeune Jules Mali a été directement engagé auprès de son père, chez « Iwan Simonis » (1831). Un séjour de cinq années aux États-Unis l’a convaincu des vertus du libre-échange et il s’en fait le porte-parole enthousiaste lorsqu’il revient en bord de Vesdre. Dans ses écrits, lors de conférences, dans les cercles nombreux qu’il fréquente, Jules Mali se montre un partisan convaincu du libéralisme, dont il défend aussi le programme au sein du conseil communal de Verviers pendant de très nombreuses années. Co-fondateur de l’Association libérale de l’arrondissement de Verviers, il était le vice-président de son comité.

Au sein de la Maison Simonis, Jules Mali gravit rapidement les échelons ; dès 1845, il dispose d’une procuration générale pour la gestion des affaires et, en 1870, il est admis comme associé. Les prix remportés lors des grandes Expositions de l’époque (Londres 1862 et Paris 1878 par exemple) témoignent de la prospérité de l’entreprise Simonis tout au long du XIXe siècle, en particulier durant les années où Mali en partage les responsabilités.

Membre fondateur de la Société industrielle et commerciale de Verviers (1863-1882), l’industriel avait désiré créer cette association pour améliorer les relations entre les patrons verviétois : à ses yeux, la concurrence qu’ils menaient entre eux s’avérait stérile face à la vitalité de leurs concurrents. Administrateur de la Société des mines et fonderies de zinc et de plomb de la Nouvelle Montagne à Engis (1873-1882), il préside la nouvelle Chambre de Commerce de Verviers (1876-1882). Membre puis président de la Commission administrative de l’École professionnelle (1861-1882), il plaide en faveur de la création d’établissements scolaires formant les jeunes aux métiers de la mécanique et du tissage. Créée, en 1861, de la fusion de l’École du soir et de l’École de tissage et de dessin industriel, l’École professionnelle ne devait être qu’une étape. Jules Mali plaidait en faveur d’une « École manufacturière ». Ce n’est qu’en 1894 que s’ouvrira l’École supérieure des textiles tant réclamée par Mali.

S’il ne s’est pas établi de l’autre côté de l’Atlantique pour travailler avec ses frères, Jules Mali est néanmoins resté en constantes relations avec eux ; la production verviétoise de tissu haute gamme destiné au billard y rencontre un succès croissant grâce à la société installée là-bas par les Mali. Le fils aîné de Jules, Pierre Mali (Verviers 18/08/1856, Plainfield 04/10/1923), reprendra la direction de la société de ses oncles. Les deux fils de Pierre, John Taylor Johnston Mali (1893-) et Henry Julian Mali (1899-), prendront sa succession, en tant qu’importateur exclusif des tissus de la société Simonis : la société Mali est le plus ancien fournisseur de matériels de billard haute gamme en Amérique et aussi la plus ancienne entreprise familiale établie à New York City. 

Sources

L’Indépendance belge, La Meuse 1840-1914 ; La Meuse, 16 mai 1882 ; Gazette van Moline, 1er novembre 1917
Remember, Nos Anciens. Biographies verviétoises 1800-1900, parues dans le journal verviétois L’Information de 1901 à 1905, Michel BEDEUR (préf.), Verviers, éd. Vieux Temps, 2009, coll. Renaissance, p. 79-80
Anne VAN NECK, Les débuts de la machine à vapeur dans l’industrie belge, 1800-1850, Bruxelles, Académie, 1979, coll. Histoire quantitative et développement de la Belgique au XIXe siècle, p. 121