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Maubeuge Lucien

Culture, Lettres wallonnes

Avernas-le-Bauduin 08/04/1878, Seraing 31/08/1968

Bien que ses premiers écrits datent du début du siècle, c’est tardivement que Lucien Maubeuge signe sa meilleure œuvre, avec Lès djins dèl basse classe (1939). Fort apprécié par ses contemporains, le dramaturge donne ainsi au théâtre wallon de Liège une de ses meilleures pièces de l’Entre-deux-Guerres. S’il était aussi poète, Lucien Maubeuge ne consacrait que ses loisirs à l’écriture, même si son activité de machiniste dans un charbonnage lui permettait de donner libre cours à son imagination.

Toute son existence, Lucien Maubeuge restera partagé entre sa Hesbaye natale, patrie maternelle, et la ville industrielle de Seraing où son père, un Ardennais, installa la famille : ayant abandonné la gendarmerie, ce dernier y exerce comme cordonnier. Au terme de l’école primaire, Lucien Maubeuge est rapidement plongé dans le monde du travail : les cristalleries du Val Saint-Lambert d’abord comme apprenti tailleur de cristaux (1891-1894), la mine de Marihaye et le charbonnage du Thier Polet ensuite, à Seraing ; hiercheur, il exercera ensuite toute sa vie la fonction de machiniste.

Trouvant à s’évader dans l’écriture, il compose des chansons poétiques en wallon qui sont remarquées dès les premières années du XXe siècle. Encouragé par Théophile Bovy et Édouard Plenus, Maubeuge connaît un succès certain avec plusieurs recueils en wallon publiés avant la Grande Guerre, et inspirés à la fois par le travail de la mine et les paysages de Hesbaye. Plusieurs revues et gazettes se disputent la publication de ses textes, dont son sonnet Li Mouhagne (La Mehaigne), ainsi que la très appréciée chanson Li Niyêye (La nichée).

D’autre part, le discret Maubeuge rencontre une réelle reconnaissance populaire quand il se met à l’écriture de pièces de théâtre, elles aussi en wallon. Mêlant drôlerie et observations psychologiques des travers de ses contemporains, parfois anonymes, parfois clairement identifiés, les pièces de Maubeuge sont des tableaux des mœurs populaires ou de plaisants croquis villageois qui sont fort attendus depuis Li musique d’à Dj’han-Noyé (1910) ; régulièrement, elles sont à l’affiche du Théâtre communal wallon de Liège. Mais Maubeuge se fait plus rare après la Grande Guerre. Peut-être pour concentrer dans une seule pièce le meilleur de son talent : Lès djins dèl basse classe, créée au Trianon en 1939, est saluée de toutes parts. Récompensée par le prix biennal de Littérature wallonne de la ville de Liège (décembre 1939), cette pièce consacre le retour du théâtre wallon à la tradition de la seule évocation de la vie du terroir. En 1924, le prix Jean Lamoureux lui avait déjà été décerné et en 1930, la section liégeoise de la Société des Arts wallons lui avait consacré une séance d’hommage spéciale, à l’hôtel de ville de Seraing, sous les auspices de Joseph Merlot.

Sources

Oscar PECQUEUR, dans La Vie wallonne, LXI, 15 juillet 1925, p. 443-445
La Vie wallonne CXV, mars 1930, p. 253-254 ; CCXXXII, 15 janvier 1940, p. 149-154

Œuvres principales

Violètes èt Pinsêyes, 1904 (poésie)
So Tchamps so Vôyes... Poésèyes wallones, 1906 (poésie)
Béguinette è Sizet, 1908
Feumes al pompe (Femmes au puits), 1908
Tchansons di m’vyèdje, 1909 (poésie)
Li Discandje
Li musique d’à Dj’han-Noyé, 1910
Moncheû Grignac, 1911
Lès feumes de cazêre, 1912
Bèguinète èt Sizèt
Li Marchâ dè Trô-Botin
Li Discandje, 1924
Lon dé pays, 1924
Pasquêyes èt rîmès, 1924 (poésie)
Les Coqs, 1926
Li Pansa, 1928
Lès djins dèl basse classe, 1939