Henri-Jacques Proumen

Dison 23/05/1879, Bruxelles 1/10/1962

Cherchant à cerner l’œuvre littéraire de Henri-Jacques Proumen, son meilleur biographe évoque l’abondance dans la diversité : « Roman, conte, nouvelle, poème, fable, étude psychologique, étude de mœurs, récits de science-fiction, récits des temps préhistoriques, récits fantastiques, comédie, satire, farce, critique littéraire voisinent chez cet écrivain polygraphe avec des œuvres qui traitent de chimie ou de physique » (Lacroix).

Ayant grandi dans les milieux de l’opulente bourgeoisie verviétoise, H-J. Proumen accomplit ses humanités de l’Athénée de Verviers, tout en cherchant sa voie à l’Académie des Beaux-Arts de Liège (1895). Attiré par la peinture et le chant, ce lecteur assidu se passionne pour les sciences ; ingénieur civil des Mines de l’Université de Liège (1902), il se spécialise dans le domaine de la radioactivité, et est rapidement reconnu par les experts du moment, comme Marie Curie, sans parvenir à décrocher un poste à l’Université de Paris. Professeur de Sciences aux Athénées de Verviers, Bruxelles, puis Hal, le chercheur poursuit ses activités et publie des traités pointus de physique et de chimie, ainsi que des ouvrages pédagogiques. Appelé comme collaborateur scientifique à l’Institut Solvay, il dispense la Physique aux cours publics de la ville de Bruxelles peu avant la Grande Guerre ; il restera le titulaire de ce cours jusqu’en 1954. Au moment de l’invasion allemande d’août 1914, H-J. Proumen parvient à trouver refuge en Grande-Bretagne : professeur à Eton et à Londres, il devient ensuite proviseur au Lycée français de Londres (1915-1919) ; après six mois d’enseignement à Paris, il reprend son poste à Bruxelles. Son activité scientifique est reconnue quand il est nommé à la direction du nouvel Institut des Arts et Métiers de Bruxelles (1930-1938) ; mais le scientifique, qui continuera à publier des traités jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, a déjà amorcé une autre activité où son talent est aussi reconnu.

Chroniqueur artistique du journal Le Jour (1902-1905), H-J. Proumen publie son premier roman à Paris au printemps 1914, et deux autres suivent, à Londres, en 1918, qui sont favorablement accueillis par la critique. Membre de la Société des Gens de Lettres de France (1924), il s’avère un auteur éclectique et fécond : plusieurs centaines de contes et de nouvelles paraissent dans des journaux et revues, en Belgique comme à l’étranger. Certains de ses textes sont rassemblés dans des recueils ; et chaque année au moins, l’écrivain sort un ouvrage sans se laisser enfermer dans un genre précis. Maniant aisément l’ironie et la satire, il se ferme quelques portes en critiquant, avec Léon Debatty, L’Académie des Lettres belges (1922). Néanmoins, le Prix du gouvernement belge qui récompense Totor et moi (1924) consacre un talent neuf, qui atteint sa pleine maturité dès 1928, quand il publie Le chemin des dieux ; dédié à Maurice Renard, ce premier roman fantastique est généralement reconnu comme sa meilleure œuvre. En 1930, c’est Le Sceptre volé aux hommes qui attire sur lui le Prix international de Littérature de Genève et le Prix Maurice Renard de la Société des gens de lettres de France. Explorant des thèmes neufs (la préhistoire et la condition de la femme, par exemple), s’inscrivant dans la tradition de Jules Vernes et de J-H. Rosny ainé, Henri-Jacques Proumen est un précurseur dans le roman de l’anticipation/science-fiction. Avec la naissance de sa fille, il s’adonne aussi à l’écriture de contes et de récits pour enfants : Panache d’or et couette d’argent (1937) est un succès de librairie. Ayant ralenti considérablement ses activités durant la Seconde Guerre mondiale, il les relance en 1945, en créant notamment l’Académie internationale de Culture française, dont l’objectif vise à proclamer et propager l’universalité de la culture française (1945-1973). En 1949, un an après Maeterlinck, l’Académie française lui décerne la médaille de la langue française pour l’ensemble de son œuvre, en particulier pour ses Fables choisies.

Situant généralement en France le lieu de ses récits, l’écrivain a jusqu’alors peu évoqué sa région natale ; quelques endroits surgissent un peu par hasard et s’il n’a pas la fibre régionaliste, il écrit, vers 1923-1924, un hymne chaleureux à la Wallonie dans la préface aux Contes et nouvelles de Wallonie, extraits de l’Almanach wallon. Prix 1953 de consécration littéraire de langue française décerné par le conseil provincial de Liège, l’écrivain a ralenti le rythme de ses publications quand, en 1956, il sort son dernier roman, Mon clair matin, où il évoque son enfance heureuse à Andrimont et à Dison, localité qui honore son citoyen cette année-là. Alors que de nombreux projets et manuscrits sont en chantier ou achevés, une thrombose (1959) handicape définitivement les derniers jours de l’écrivain.

Dans les années 1950, un Prix littéraire H-J. Proumen est décerné par l’Académie internationale de culture française pour couronner un ouvrage, en français, destinés aux 14-18 ans. En 1958, au moment de l’Exposition universelle de Bruxelles et de l’inauguration de l’Atomium, la presse rappela qu’en 1920 H-J. Proumen avait présenté une maquette de sa fabrication, avec des boules de couleur soutenues par des ranches de métal, pour illustrer la composition d’une molécule lors d’une conférence de physique nucléaire.

 

Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse & https://www.belgicapress.be/

Jean Lacroix, Henri-Jacques Proumen. À la découverte d’une œuvre, dans La Vie wallonne, 1988, n°401-402, p. 18-28 ; 1988, n°403-404, p. 152-159

 http://ecrivains-vervietois.blog4ever.com/proumen-henry-jacques (s.v. février 2021)

 

Bibliographie (principaux titres)

Ouvrages scientifiques

Les rayons X, le Radium, les Rayons N, 1905

La Matière, l’Ether, l’Électricité, 1909

 

Œuvre littéraire

La Pétaudière, Paris, 1914

Petites Âmes, Londres, 1918

Le Petit Lapin de Maman, Londres, 1918

Transplantés chez Albion, 1921 (préf. Henri Barbusse)

Totor et moi, 1924

Le ver dans le fruit, 1925

La Suprême flambée, 1927

Sur le chemin des dieux, 1928

Le sceptre volé aux hommes, 1930

La boîte aux marionnettes, 1930 (recueil)

L’Homme neuf, 1931

Le nez de mon oncle, 1932 (recueil)

Il pleut bergère…, 1932 (recueil)

Cupidon sans fard, 1933 (recueil)

Gens de la plèbe, 1933 (recueil)

Eve proie des hommes (roman de la femme préhistorique), 1934

Kiss aux yeux d’or, 1934 (recueil)

Fable sur tout et sur rien, 1936

Panache d’or et couette d’argent, 1937 (pour enfants)

Le roi Berlingot, 1938 (recueil)

Chrysos aux ailes de flamme, 1939 (pour enfants)

Aubes cruelles, 1942

Annette, fille des champs, 1943

Bellis et les quatre génies, 1943

Guitte, 1944

La brèche d’enfer, 1946

La couronne d’émeraudes, 1946 (pour adolescents)

Vieil-Ami, 1947

Fables choisies, 1948

La tabatière d’or, 1948

Monsieur Coq en pâte, 1948

Mitsou, 1950

L'homme qui a été mangé et autres récits d'anticipation, 1950

Armes nouvelles dans une guerre future, 1950

Annick et Poutinet, 1952 (recueil)

Mon clair matin, 1956

 

 

 

 

Paul Delforge, décembre 2021