Renard Bruno

Culture, Architecture

Tournai 30/12/1781, Saint-Josse-ten-Noode 17/06/1861


Le nom de Bruno Renard est définitivement associé à celui de l’industriel Henri De Gorge et du site du Grand Hornu, dont il est l’architecte, mais seulement, tant il œuvra à Tournai dans la première moitié du XIXe siècle.

Ce métier d’architecte était déjà exercé par son oncle maternel (Dominique Bourla), tandis que son père, maître maçon et entrepreneur en travaux publics à Douai, recevra notamment des commandes à Tournai dans les années 1820. À Paris, où réside son oncle, Renard effectue sa formation sous la direction de Charles Percier et de Pierre-François-Léonard Fontaine, les principaux représentants du style Empire (début du XIXe siècle). À Tournai, en 1808, le jeune Renard est nommé architecte « municipal » et professeur à l’Académie de dessin (il introduira un cours de dessin industriel). D’emblée, il est chargé de la construction de la monumentale Manufacture impériale de Tapis, sur l’emplacement de l’ancien couvent des Clarisses (1811).

Résistant aux transformations politiques de son temps, l’architecte communal conserve sa fonction sous les régimes français, hollandais et belge, et contribuent au développement urbanistique de la cité aux cinq clochers, laissant poindre son goût pour un romantisme s’inspirant du Moyen Âge. Entre 1822 et 1824, il fait naître la Salle des Concerts ; viendront aussi les Abattoirs. Inaugurées en 1839 dans la cour d’honneur de l’Hôtel de ville, la galerie et la salle carrée du Musée d’histoire naturelle sont d’autres œuvres marquantes, avec la restauration du beffroi (1844 et sv.) de ce maître du néoclassicisme. Ses projets de restauration de la cathédrale de Tournai ne se réaliseront pas. Dans la volonté de modernisation affichée à l’époque, il n’évitera pas la démolition de la Halle aux Consaux et du Pont de l’Arche, mais ses relevés permettent d’en conserver un souvenir précis. Son don pour le dessin est remarquable, comme le montrent les planches parues dans Monographie de Notre-Dame de Tournai, et celles d’un best-seller de la jeune maison d’édition Casterman, l’ouvrage de Lecoq intitulé : Coup d’ail sur la statistique commerciale de la ville de Tournai (1817).

En tant qu’architecte indépendant, Bruno Renard contribue encore à l’élévation de la Maison du Jeu de Paume à la rue Perdue, de l’hôtel Peeters, du Château de la Chartreuse à Chercq et, enfin, au projet de l’industriel Henri de Gorge : au Grand Hornu les bâtiments administratifs, les magasins, les ateliers, la cité ouvrière et ses dizaines d’habitations, son établissement de bains, son école et sa bibliothèque,  portent la signature de Bruno Renard. Ce véritable projet de ville est un exemple unique d’urbanisation fonctionnelle sur le continent européen.

Membre de la Commission des Monuments (1837), membre fondateur de la Société historique et littéraire de Tournai (1846), membre effectif de la classe des Beaux-Arts de l’Académie de Belgique (1852), Bruno Renard est honoré de son vivant par la ville de Tournai, en 1858, pour ses cinquante années passées comme architecte communal et comme professeur à l’Académie.

 

Sources

Anne-Françoise GOFFAUX, Bernard WODON, Répertoire des architectes wallons du XIIIe au XXe siècle, Namur, 1999, Études et documents, série Aménagement et Urbanisme n°4, p. 123
E-J. SOIL DE MORIALMÉ, dans Biographie nationale, t. XIX, col. 42-45
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p., p. 255, 391
Marie-Laure ROGGEMANS, Jean-Marie DUVOSQUEL, Autour du Grand-Hornu, Bruxelles, Crédit communal & Fondation roi Baudouin, 1989, p. 12