Ruwet André-Joseph

Politique

Dalhem 01/01/1860, Blegny 16/08/1914


Lors de l’attaque allemande du 4 août 1914, le pays de Herve est l’un des tout premiers théâtres des opérations militaires. En quelques heures, les villes de Visé, de Battice et de Herve notamment sont envahies. Des soldats belges résistent du côté de Visé et la nervosité des soldats allemands ne va cesser de s’accroître. Alors qu’ils s’entretuent maladroitement, les Allemands accusent les populations civiles d’en être responsables et s’en prennent à elles.

Dans le petit village de Blegny, trois régiments allemands arrivent en ordre dispersé dès le 5 août. L’exécution d’un civil marque le début d’une série de brutalités et d’atrocités commises contre les habitants du lieu sans motivation. Prises d’otages, évacuations de maisons, exécutions se succèdent. Le désordre règne dans la cité de Blegny dont le bourgmestre s’occupe depuis plusieurs années. Il a en effet été désigné en 1897. Agriculteur, André-Joseph Ruwet est bien connu de tous les Blégnytois et apprécié pour les travaux d’embellissement qu’il y a entrepris. En 1899, la ligne vicinale entre Liège-Barchon a été inaugurée, avant d’être étendue à Dalhem (1907), puis à Fouron-le-Comte (1908). Elle assure le transport de marchandises (mines de Blegny et produits agricoles) et permet aux ruraux de se rendre à Liège, jusqu’au terminus de la Place Saint-Lambert. C’est à cette vie paisible que s’en prennent les envahisseurs les 5, 6 et 7 août 1914.

En fait, la résistance inattendue des forts liégeois, en particulier ici ceux de Fléron de de Barchon, semble avoir « irrité » la soldatesque allemande pressée d’arriver à la frontière française, si bien que les populations en paient le prix fort. Dans la région, 850 civils sont tués, près de 1.500 habitations sont incendiées ou détruites. À Blegny, le calme semble revenir à partir du 8 août et le maïeur tente de réconforter ses concitoyens tant bien que mal, alors que des alentours parviennent les échos des combats et surtout de la résistance inattendue des forts liégeois. Il s’occupe déjà de l’approvisionnement, tentant de trouver de la farine au moulin d’Argenteau. Malheureusement, le 15 août arrive à Blegny un nouveau régiment. Quelques notables, dont le bourgmestre, sont alors pris en otage.
Pendant la nuit, des coups de feu retentissent. En représailles, les Allemands annoncent que des otages seront conduits à Liège ; en fait, les frères Gaspard et Léopold Hakin (choisis au hasard), l’abbé Remy Labeye et le bourgmestre André-Joseph Ruwet sont conduits, les yeux bandés, devant l’église locale. Alignés devant un mur, ils sont froidement fusillés. L’église est ensuite incendiée. Au total une cinquantaine de maisons de Blegny seront détruites et d’autres n’échapperont pas au pillage ; la localité perdra 19 de ses habitants. Si les Allemands avaient une stratégie de la terreur, elle visait les notables, prêtres et bourgmestres. André-Joseph Ruwet n’est pas le seul maire de Wallonie a payé de sa vie ce comportement d’un autre âge.

C’est Émile Andernack qui sera désigné pour remplacer A-J. Ruwet durant la période d’occupation, avant le long maïorat de Julien Ghuysen (de 1921 à 1964).
 


Sources
 

http://www.bel-memorial.org/names_on_memorials/display_names_on_mon.php?MON_ID=1865
Gustave SOMVILLE, Vers Liège, le chemin du crime, août 1914, Paris, 1915, p. 182-194 (http://dgtl.kbr.be:8881//exlibris/dtl/d3_1/apache_media/L2V4bGlicmlzL2R0bC9kM18xL2FwYWNoZV9tZWRpYS8xMDk2NzM=.pdf)
http://www.blegny-initiatives.be/Archives/BI1210/LeMagArchive1210.html (s.v. octobre 2014)
John HORNE, Alan KRAMER, 1914, les atrocités allemandes, traduit de l’anglais par Hervé-Marie Benoît, Paris, Tallandier, 2005, p. 33 et 477