Simonis Marie-Anne

Socio-économique, Entreprise

épouse BIOLLEY

Verviers 17/01/1758, château de Hodbomont (Theux) 21/11/1831

Originaires de la région de Polleur où leur présence est attestée dès le XVe siècle, les Simonis se sont installés comme marchands sur la place du Marché, à Verviers, à la fin du XVIe siècle. Au XVIIIe siècle, ils fournissent des bourgmestres à la « Bonne ville » de la principauté de Liège ; c’est notamment le cas de Jacques Joseph Simonis (1717-1789), également seigneur de Barbençon et de Senzeille. De son mariage en 1745 avec Marie-Agnès Dieudonné de Franquinet (1726-1799) sont nés une dizaine d’enfants, parmi lesquels Marie-Anne (la sixième) et Jean-François Dieudonné, le cadet de la famille, dit Iwan Simonis (1769-1829), qui sera considéré, sous le régime français, comme l’homme le plus riche du pays wallon. Par les liens du mariage, les Simonis se sont unis à plusieurs familles actives dans le travail et le commerce de la laine. C’est le cas de Marie-Anne qui, en décembre 1777, épouse Jean François Biolley, seigneur de Champlon. Cousine de sa belle-mère, Marie-Anne Simonis unit ainsi sa destinée à celui qui aura à diriger la « Maison François Biolley et fils », à partir de 1790 ; de ce mariage, il n’y aura pas de descendant.

Pendant plusieurs années, Marie-Anne Simonis fréquente régulièrement les milieux mondains qui se retrouvent à Spa, la cité thermale internationale. Par son érudition, elle se tisse un réseau de relations à travers l’Europe. Elle en bénéficie lorsque les troubles révolutionnaires surviennent en principauté de Liège à partir de l’été 1789 ; lorsque la crise se prolonge, elle trouve refuge du côté de Hambourg et de Brunswick (vers l’hiver 1794-1795), avant de rentrer à Verviers (vers 1797) alors devenue cité de la République française. Le climat redevient plus propice au développement de la fabrication drapière ; de France viennent à Verviers de jeunes entrepreneurs soucieux d’apprendre le métier auprès d’une entreprise de pointe ; Marie-Anne Simonis les accueille, comme elle le fait d’ailleurs avec un mécanicien anglais recruté par son frère : en 1799, William Cockerill va apporter aux Biolley et aux Simonis les perfectionnements techniques qui placeront leurs industries loin devant toute la concurrence.

Palliant les importants problèmes de santé de son mari, Marie-Anne Biolley-Simonis parvient à s’entourer de conseillers et de directeurs avisés et, déjà du vivant de J-F. Biolley, elle apparaît comme la patronne de la « Maison François Biolley et fils », fonction qu’elle assumera jusqu’à sa disparition en 1831. Sans enfant, elle avait repéré et choisi Raymond Biolley pour leur succéder. Très impliquée dans les œuvres caritatives catholiques, elle émerge comme une figure étonnante du capitalisme wallon du début du XVIIIe siècle. Après les innovations introduites par Cockerill dans le cardage et la filature, la société de M-A. Simonis est l’une des premières à introduire la mule-jenny (1818) et la tondeuse mécanique (1821). Avec Jules Grand Ry, elle est la fondatrice, en 1822, de la première filature de laine peignée du pays ; la société est équipée d’une machine à vapeur.

 

Sources

G. DEWALQUE, dans Biographie nationale, t. II, col. 432-436
Dictionnaire des femmes belges. XIXe – XXe siècles, Bruxelles, Racine, 2006, p. 504-505
Y. LONGTAIN, Histoire de la machine textile verviétoise. Dictionnaire des constructeurs et fabricants d’accessoires, Verviers, 1987
Paul LÉON, Ywan Simonis, dans Biographie nationale, t. XLIII, col. 651-660