© Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith

Steinbach Henri

Socio-économique, Entreprise

Malmedy 16/03/1796, Malmedy 17/03/1869

Jusqu’en 1795, Malmedy et Stavelot forment une principauté abbatiale, avant de se fondre dans le département de l’Ourthe. Certes voués à la vie religieuse, les moines installés au bord de la Warche ont aussi développé des activités économiques nombreuses – moulin à grain, scierie et surtout papeterie – qu’ils abandonnent précipitamment quand le régime français se met en place. Confisqués et nationalisés, les biens du clergé sont mis en vente un peu partout ; à Malmedy, la papeterie abbatiale est achetée par deux Liégeois (1797) qui s’empressent de faire un bénéfice en revendant les anciennes propriétés des Bénédictins à trois Malmédiens, dont Henri-Joseph Steinbach. Après avoir racheté leurs parts à ses associés (1806), Steinbach, seul maître à bord, est le fondateur de la dynastie familiale des industriels du papier qui se succèdent à Malmedy tout au long du XIXe siècle.

Son fils, Nicolas-Henri-Ignace Steinbach, prend seul la direction de l’entreprise en 1832 et va donner aux affaires familiales un nouvel élan. Dans un premier temps, il poursuit la fabrication de cartons destinés à l’industrie du drap, en l’occurrence du carton poli destiné à presser les étoffes fines, soieries et draperies. La production est fort importante et, après avoir été écoulée sur les marchés de proximité (Verviers, Eupen, Montjoie), est désormais exportée sur tous les marchés d’Europe (Autriche, Russie, Suède, Espagne). 

Henri Steinbach continue aussi à vendre des papiers de qualité variée, mais il est conscient de devoir moderniser ses outils de production. Aussi, dans un second temps, il abandonne ses activités traditionnelles pour se spécialiser dans des produits de qualité supérieure : en 1841, il fait l’acquisition, en Angleterre, auprès de la firme The Bryan Donkin Company Ltd, d’une toute nouvelle machine à papier à table plate. Mue par une machine à vapeur, cet outil est capable de fabriquer du papier mince ou renforcé, d’une largeur de 140 cm, en continu. Déjà très performante, la machine anglaise est améliorée dans les ateliers malmédiens et permet à la société Steinbach d’offrir une qualité équivalente aux meilleurs produits venant d’Outre-Manche. C’est à une véritable révolution à laquelle on assiste, l’ère de la fabrication manuelle avec tous ses accessoires étant abandonnée.

D’autres machines suivront et, en peu de temps, à l’intérieur du Zollverein, la papeterie malmédienne est un des leaders du marché. Reconnaissant à l’égard de l’industriel, le gouvernement prussien nomme Henri Steinbach commissaire d’État lors de la première Exposition universelle de Paris, en 1855.

Sur le plan local, s’inscrivant dans la tradition familiale, Henri Steinbach exerce diverses responsabilités importantes. Membre du Conseil de la Ville depuis 1823, bourgmestre-adjoint pendant douze ans à titre honorifique, conseiller de la Chambre consultative du Commerce, il siège à l’Assemblée du Cercle et, en 1855, il succède à son beau-frère, Ernst von Frühbuss, comme premier député des États du Cercle.

Trois filles et trois garçons naîtront du mariage de Henri Steinbach avec Eulalie Cavens. Les trois hommes, Alphonse (1830-1913), Victor-Hubert-Marie (1836-1905) et Jules (1841-1904) resteront actifs dans la papeterie, mais c’est le cadet qui reprendra principalement les activités familiales.

Sources

Philippe KRINGS, Fritz Maiter et les cent ans de notre hôtel de ville, dans Malmedy Folklore, Malmedy, 2001-2002, t. 59, p. 27-28
Robert CHRISTOPHE, Malmedy, ses rues, ses lieux-dits, dans Folklore. Stavelot - Malmedy - Saint-Vith, Malmedy, 1979, t. 43, p. 32
Wallonia, t. 12, n°1, janvier 1904, p. 267 ; L’Écho du Parlement, 17 septembre 1865 ; La Meuse, 25 mars 1869
Walter KAEFER, Histoire du papier. Sa fabrication. Les papeteries de Malmedy, Malmedy, Association des Historiens belges du Papier, 1988
Joseph BASTIN, Les origines de la papeterie-cartonnerie de Malmedy, dans Armonac Walon d’Mâm’dî, 1937, p. 97-98
Maurice LANG, Dom André Vecqueray, fondateur de la papeterie abbatiale de Malmedy, et sa famille, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1952, t. XVI, p. 51-91
Maurice LANG, Généalogies, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1965, t. XXIX, p. 59-70
Walter KAEFER, Propos d’archéologie industrielle, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1981, t. XLV, p. 5-21
Walter KAEFER, La papeterie Steinbach en 1812, dans Folklore Stavelot–Malmedy–Saint-Vith, 1995-96, t. 56, p. 33-37
Anne RENARD, L'industrie de la tannerie à Stavelot et Malmédy sous le régime français, Université de Liège, mémoire inédit en histoire, 1984