Destree Urbain

Officier (Historique)

CERFONTAINE 09.07.1937 – LIÈGE 07.03.2003

Terminant son doctorat en droit à l’Université de Liège lors de la grève de l’hiver 1960-1961, Urbain Destrée y développe sa conscience wallonne au contact de personnalités comme Jean Maurice Dehousse, Jean Gol ou Guy Mathot. Interpellé par les discours d’André Renard et la formation du Mouvement populaire wallon (MPW), cet intellectuel forge, dans ce cadre, un engagement syndical, alliant réflexion et action.

Secrétaire national du SETCa en 1966, il s’impose rapidement comme une des chevilles ouvrières du syndicat socialiste, à la fois de par son investissement dans les négociations techniques mais, aussi, en raison de sa vision des problèmes wallons.

Partisan de profondes réformes de structures pour lutter contre le déclin de sa région, Urbain Destrée n’aura de cesse de réclamer l’application de la régionalisation prévue par la loi Terwagne en 1970 et d’exiger des mesures radicales et très rapides pour sauver l’emploi. Partisan d’un rassemblement des progressistes wallons pour établir un dialogue de communauté à communauté, il dénonce les mesures que l’Etat unitaire prend en faveur de la seule Flandre, à la fin des années 1970.

Devenu président de l’Interrégionale wallonne de la FGTB en 1983, le leader syndical continue d’y dénoncer l’indifférence du capitalisme financier à l’égard de l’avenir de la Wallonie ou - ainsi qu’il l’écrit au Roi Albert II lors de sa joyeuse entrée à Liège en 1993 - les attaques flamandes contre les solidarités entre travailleurs. Ce fédéraliste radical est, en effet, un défenseur acharné d’une sécurité sociale fédérale et de l’union des travailleurs.

Se définissant comme un socialiste de stricte obédience, il n’en affiche pas moins son indépendance vis-à-vis des partis, n’hésitant pas à déclarer, en 1993, son hostilité à la rigueur du Plan global du Gouvernement Dehaene et son opposition au Contrat d’Avenir wallon, en 1999.

Parti à la retraite en 2002, un an avant son décès, Urbain Destrée est souvent considéré comme un des derniers ténors charismatiques d’une génération de défenseurs historiques des travailleurs wallons. Grand promoteur de la Wallonie, à l’instar de son célèbre homonyme, il a toujours lutté pour l’affirmation de la conscience wallonne, selon lui trop souvent occultée par la Communauté française. Il demeure célèbre pour sa formule lancée dans une lettre à sa fille Barbara, publiée le 27 septembre 1989 dans le journal La Wallonie : Aujourd’hui, il semble indispensable de répéter que nous sommes Wallons ! Wallons, pas francophones de Wallonie. Pas Wallons de la Communauté française de Belgique. Wallons de Wallonie.

Urbain Destrée fut fait Officier du Mérite wallon en 2012.

Orientation bibliographique :

Paul DELFORGE, Destrée Urbain, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 1925.
La Wallonie, 27 septembre 1989 ; Le Soir, 25 avril 2002 ; La Libre Belgique, 25 avril 2002.