Leclercq Jacques
Officier (Historique)
BRUXELLES 03.06.1891 – BEAUFAYS 16.07.1971
Docteur en Droit puis en Philosophie de l’Université de Louvain, Jacques Leclercq est ordonné prêtre par le cardinal Mercier en 1917. Dès le début des années vingt, il développe dans sa revue bimensuelle La Cité Chrétienne une réflexion sur la société dans son ensemble et sur la société belge en particulier. Plaidant, dans ce domaine, pour une meilleure prise en compte des griefs flamands, il prône le dialogue et une meilleure compréhension mutuelle afin de sauver le pays.
A la fin des années trente, devenu professeur à l’Université de Louvain, il insiste pour la formation d’une Communauté populaire wallonne capable de maintenir le dialogue avec son équivalent flamand. Dans toutes ses interventions, Jacques Leclercq demeure prudent et s’en tient à la dimension culturelle, sans aborder les conséquences politiques. Devenu un homme célèbre, il n’en reste pas moins redouté par une bourgeoisie dont il bouscule les idées, tant sur le plan de la foi que de la conception du pays.
Sa pensée wallonne évolue pendant la guerre et, à la Libération, sollicité et interpellé, il décide de s’investir davantage dans la chose publique. Membre du comité consultatif du Groupement d’étude et d’action Rénovation wallonne, il insiste sur la priorité du culturel et l’importance de mieux faire connaître la Wallonie aux Wallons. Dans le climat de totale liberté de 1945, il écrit Y a-t-il une question wallonne ? dans laquelle il prône l’instauration du fédéralisme.
Cessant de collaborer à des revues soutenant le retour de Léopold III, il se garde de prendre position jusqu’à la conclusion de la Question royale. Lorsque la thématique wallonne revient au cœur des débats à la fin des années cinquante, Rénovation wallonne est relancée et Jacques Leclercq réaffirme sa préférence pour le fédéralisme mais s’abstient de nouveau de l’affirmer publiquement, étant donné le climat au sein de l’Eglise.
Retiré, en 1961, à l’ermitage du Caillou blanc à Beaufays, sur les hauteurs de Liège, le chanoine Leclercq demeure attentif aux débats sur le sort des Fourons. Voulant rappeler aux chrétiens leur responsabilité de citoyens, il rédige un appel à l’adresse des catholiques, Les Catholiques et la question wallonne. Insistant sur le fait que le système unitaire livre la Wallonie à la Flandre, qui dispose de la majorité au Parlement, il évoque une formule de décentralisation qu’il n’appelle pas fédéralisme, afin de ne pas heurter l’opinion catholique. Plus tard, constatant l’impossibilité de créer une seule université catholique belge, il lui paraîtra naturel de transférer l’université en terre wallonne.
S’il a toujours observé une certaine réserve publique en ce qui concerne la question wallonne, le chanoine Leclercq aura toute sa vie réfléchi à la foi et la place de l’Eglise dans la société. Il aura eu une grande influence sur les militants catholiques wallons pour qui il aura été un inspirateur et un conseiller. Il aura contribué à l’éveil de la conscience wallonne chez un certain nombre de ses contemporains, leur rendant la fierté d’être à la fois catholiques et wallons.
Jacques Leclercq fut fait Officier du Mérite wallon en 2012.
Orientation bibliographique :
Paul DELFORGE, LECLERQ Jacques, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 3754.
Pierre SAUVAGE, LECLERQ Jacques, dans Nouvelle biographie nationale, t.1, 1988, pp. 233-237.